Tennis: un Belge dompte un des gros caractères du circuit
Aidé par Simon Goffin, Alizé Cornet a mis fin à deux ans de disette
- Publié le 23-07-2018 à 08h13
- Mis à jour le 23-07-2018 à 08h48
Aidé par Simon Goffin, Alizé Cornet a mis fin à deux ans de disette Dans les tribunes, on entend souvent que John McEnroe était le dernier caractériel qu’a enfanté le circuit pro. Ces mêmes personnes se plaignent du caractère lisse et des verbes creux des plus grands génies de la raquette. Ces mêmes personnes oublient bien évidemment quelques légendes comme André Agassi, Marat Safin, Goran Ivanisevic et plus récemment Nick Kyrgios pour n’en citer que quelques-uns.
Le tennis impose surtout une gestion mentale de tous les instants sous peine de sombrer sous les coups adverses.
Avec Alizé Cornet, le circuit WTA détient la preuve que l’émotion instinctive n’est jamais loin de la balle. La Niçoise ne manque, en outre, jamais une occasion de s’exprimer sur Twitter pour offrir son avis sur des dossiers touchy que ce soit du dopage, des matches truqués ou une sélection de Fed Cup.
Sur le court, elle a aussi ses petites sautes d’humeur. Elle est capable de faire papote avec le public et puis de fondre en larmes ou de s’emporter sur son coach sans aucune discrétion.
"Ce n’est pas parce que je partage mes émotions que cela me déstabilise", chantait-elle alors qu’elle venait de remporter Roland Garros chez les juniores.
Joueuse brillante, elle a longtemps porté les espoirs de toute la France. Comment pouvait-il en être autrement ? À 19 ans, elle était première française et 13e mondiale !
Sa carrière n’a pas été un long fleuve tranquille. Entre les uppercuts envoyés par ses adversaires qui se plaignaient de son manque de fair-play - encore dimanche en finale où Minella se plaignait des cris irréguliers de la Française -, sa suspension pour ses 3 errements aux whereabout ou encore ses coups de gueule, la Niçoise a appris à encaisser.
Et puis, de temps en temps, c’est elle qui donne les coups. Son petit ami en a souvent pris pour son grade. Le pétage de plomb de février a fait plusieurs fois le tour de la toile. Michael Kuzaj cumule les fonctions de petit ami, agent et entraîneur. Ce jour-là, il s’était fait dégommer sévèrement.
"Attends, le débrief de match c’est après le match", lui répondait la joueuse, agacée par les commentaires de son entraîneur. "Tu peux me dire ce que je dois faire maintenant, le débrief on en parle après. Tu veux me mettre au fond de la mine, me mettre la tête dans le seau en me disant que je suis sortie du match ? Mais tu te rends compte de ce que tu fais, que c’est agressif ?"
À Indian Wells, elle avait même prié son staff de quitter les tribunes. Après Roland-Garros, Alizé Cornet a décidé de remettre dans l’ordre en dénichant un entraîneur indépendant afin de soulager sa vie privée.
Celui-ci n’est autre que le Belge Simon Goffin, le frère d’un certain David. Les fruits n’ont pas tardé à être cueillis. À Gstaad, la Française a remporté son premier titre depuis deux ans, soit une éternité pour une joueuse de ce calibre.
Elle a battu la Luxembourgeoise Mandy Minella au terme d’une bataille mentale de 2h02 pour seulement deux sets 6-4, 7-6. La Niçoise a sauvé deux balles de troisième manche. Elle a montré, comme à son habitude, ses émotions sans pudeur.
Simon Goffin n’est donc pas étranger à cette réussite. S’il ne frappe pas la balle sur le terrain, son nouvel entraîneur a dégainé ses autres armes : ses mots.
"Mets-en un peu plus : quand tu peux, tu y vas", lui glissait-il alors qu’elle avait un break de retard.
"Ça fait deux ans que je n’avais pas remporté un titre et c’est un sentiment de fou."
Avec Alizé, le vent tourne toujours. Parfois, dans le bon sens.