Rafael Nadal, héros de tout un peuple, est dans son jardin à Madrid
L’Espagnol joue cette semaine le tournoi de Madrid. Il n’a jamais été aussi populaire.
- Publié le 08-05-2018 à 12h13
- Mis à jour le 08-05-2018 à 12h40
L’Espagnol joue cette semaine le tournoi de Madrid. Il n’a jamais été aussi populaire. En Espagne, Rafael Nadal est un dieu vivant. Une icône absolue. Au hit-parade des plus grands sportifs de l’histoire du pays, il fait l’unanimité auprès de tous les spécialistes et devance, systématiquement, Miguel Indurain, Fernando Alonso, Pau Gasol, Alberto Contador, Severiano Ballesteros, Andres Iniesta, Iker Casillas ou Raul.
Il doit, bien sûr, cette notoriété et cette popularité à son immense talent, une raquette à la main. Depuis le début de sa carrière, Rafa écrit l’histoire du tennis avec Roger Federer et collectionne les victoires. Il compte déjà seize titres du Grand Chelem à son palmarès et il espère, à 31 ans, en ajouter.
Mais davantage que par ses exploits côté court, c’est par sa personnalité et son état d’esprit que le Majorquin a conquis les coeurs d’Espagne et de Navarre. Élevé par une famille de grands sportifs, Rafa est un champion dans le sens plein et noble du terme. Un gagneur invétéré, bien sûr. Mais respectueux de toutes les grandes valeurs. Il n’a jamais attrapé la grosse tête. Il n’a jamais fait de caprices de star. Au contraire. Dans toutes ses interviews, il met systématiquement en avant ses adversaires. Il les applaudit à la sortie du court. Jamais il ne cherche une excuse après une défaite, même lorsqu’il n’est pas à 100% physiquement. Steve Darcis, à Wimbledon, et David Goffin, au Masters, peuvent en témoigner.
C’est son oncle Toni, qui l’a coaché depuis ses débuts jusqu’à l’année passée, qui lui a inculqué cette mentalité. Aujourd’hui encore, après un entraînement, Rafa nettoie régulièrement le court avec le balais, comme lorsqu’il était gamin. Question d’éducation.
Dans les coulisses du circuit, le n°1 mondial est apprécié de tous. Des joueurs comme des organisateurs. Son amitié avec Roger Federer n’est d’ailleurs pas feinte. Les deux champions ont appris à se connaître. Ils ont énormément d’estime l’un pour l’autre.
En Espagne , le tennis a toujours vécu dans l’ombre du football, voire du cyclisme ou du basket. Même les victoires de Bruguera, de Moya ou d’Arantxa Sanchez avaient du mal à attiser les grandes passions dans les médias. Avec Nadal, c’est différent. L’homme est d’une autre dimension. Comme s’il était en mission. Tous ses faits et gestes sont suivis par tout un peuple.
Éternellement souriant, Rafa a du mal à dire non. C’est dans sa nature. Il lui arrive régulièrement de répondre à des interviews au-delà de minuit lors d’émissions radiophoniques alors qu’il a un match programmé le lendemain. Et jamais il ne déroge à ses grands principes. Il donne son point de vue en toute sincérité, sans esquiver les questions. C’est vrai pour les thèmes sportifs. Il n’a pas hésité à porter plainte auprès de la ministre française Roselyne Bachelot qui, à mots couverts, avait laissé planer le doute sur ses méthodes de préparation. C’est vrai aussi pour des sujets plus touchy. Très attaché à son pays et proche de la famille royale, il a ainsi pris clairement position contre l’indépendantisme catalan. "Je respecte toutes les idées mais il y a des lois et il faut les respecter. Je ne peux pas brûler un feu rouge même s’il me semble mal placé. J’espère donc que tout cela se terminera par une solution ", a-t-il déclaré.
L’histoire nous dira quel chemin de reconversion le héros de Manacor empuntera une fois sa carrière terminée. Via son acamédie, il aide déjà les jeunes talents à monter au filet. Parallèlement, il est également très actif au niveau caritatif. Pêle-mêle, il pourrait devenir coach de tennis, président du Real Madrid, ministre des Sports. Cette semaine, à Madrid, les aficionados du tennis n’auront, comme de coutume, d’yeux que pour lui. Et Rafa donnera tout pour répondre à l’attente. C’est dans son ADN.
Xisca, la fiancée si discrète
Depuis douze ans, Rafa file le parfait amour avec la fille d’un entrepreneur.
D’une rare discrétion, elle accompagne régulièrement Rafa aux quatre coins du monde. Sans jamais défrayer la chronique. Xisca Perello est la fiancée du numéro un mondial depuis plus de douze ans. Les deux tourtereaux ont fait connaissance en 2005 par l’intermédiaire de Maria Isabel, la sœur du champion espagnol. Depuis, ils ne se sont plus jamais quittés !
Fille d’un entrepreneur et d’une fonctionnaire de Mana cor, sur l’île de Majorque, Xisca (diminutif de Maria Francisca) a fait des études universitaires en gestion de sociétés. Elle est d’ailleurs toujours active, avec son frère, dans l’immobilier. Et lorsqu’elle n’accompagne pas son illustre fiancé sur le circuit ATP, elle s’investit beaucoup au sein de la Fondation Rafa Nadal, notamment pour aider les enfants défavorisés en Inde.
Xisca Perello, qui fêtera ses 30 ans le 7 juillet prochain, n’est pas du genre à faire la une des magazines people. Elle n’a d’ailleurs jamais accordé la moindre interview d’ordre privé et les accès à ses réseaux sociaux sont verrouillés à quatre tours. Ses rares photos publiques proviennent donc de ses apparitions officielles dans les tribunes des tournois ou, alors, de moments de vacances avec son amoureux, volés par des paparazzis sur les plages des Baléares.
Rafael n’a jamais caché l’importance de sa jolie fiancée pour son équilibre quotidien. "Elle m’a toujours beaucoup aidé. Sans elle, je n’aurais jamais réussi une telle carrière", confie-t-il.
Une question brûle évidemment les lèvres de tous les admirateurs et admiratrices de Rafa. Elle concerne forcément la date du futur mariage. Lorsqu’il est interrogé sur le sujet, Nadal signe traditionnellement un passing-shot dont il a le secret. Mais il n’a jamais caché son envie de fonder une famille. Officiellement, rien n’est, en tout cas, prévu avant la fin de carrière du héros de Manacor.
Aficionado passionné du Real
Rafa ne manque pas un match de son équipe favorite, même au bout du monde.
N’imaginez pas que c’est avant une finale à Roland-Garros ou à l’US Open que Rafael Nadal est le plus stressé. Pas du tout. En réalité, c’est lorsque le Real Madrid joue un match important que le champion de tennis est, de loin, le plus nerveux. "Il peut carrément perdre la tête tant il est un fervent supporter du club merengue", ironisent ses amis.
Rien ne prédisposait pourtant Rafa à devenir un aficionado passionné du Real. Enfant de Majorque, il a été bercé, dès son plus jeune âge, par les cantiques du Barça. Son oncle Miguel Angel fut même le défenseur titulaire du club blaugrana durant huit saisons et remporta même la Ligue des Champions en 1992, alors que Rafa avait six ans.
La légende rapporte que c’est lorsqu’il reçut, tout gamin, le célèbre maillot blanc du Real que son coeur changea de couleur. "Lorsque j’ai arrêté ma carrière, son choix définitif était, en tout cas, fait", se souvient, amusé et fataliste, l’oncle Miguel Angel.
Depuis, Rafa ne rate pas un match de son club favori. Fut-il au bout du monde, il s’arrange toujours pour suivre, en live, les exploits de Cristiano&Co. Il se chuchote même qu’il demande parfois aux organisateurs de l’ATP Tour de modifier l’heure de ses propres matches pour ne pas rater une miette du duel de ses favoris.
Lors de sa visite au Spiroudome de Charleroi en 2011, pour un match de Coupe Davis face à la Belgique, sa première inquiétude fut de savoir s’il pourrait capter le match de Liga des Blancs de Castille. Il ne fut rassuré que lorsque les techniciens lui confirmèrent que les loges de l’enceinte carolo disposaient bel et bien du décodeur nécessaire !
Rafa assiste , bien sûr, à de nombreux matches du Real au stade Santiago Bernabeu où une place lui est réservée dans la tribune d’honneur. Il a accès au vestiaire où il est ami avec tous les joueurs. À une interview à nos confrères d’El Mundo, il a même confié rêver de devenir un jour président du club aux 12 Ligues des Champions. Un peu comme Gerard Piqué au Barça...
Les style de jeu et l’état d’ esprit du Real et de Rafa ont, il est vrai, de nombreux points communs. Le supassement de soi, la rage de vaincre, le besoin de se battre jusqu’au dernier souffle sont des constantes. Ce n’est pas un hasard si, lors du match face au PSG, un gigantesque tifo représentant Rafael Nadal avait été installé sur l’une des tribunes du Bernabeau. Il symbolisait cette furia, tremplin vers les plus grands exploits.
Il a facilité le transfert de Marco Asensio
Rafael Nadal ne se contente pas d’être supporter. Il est aussi un fin connaisseur de football. Il est désormais acquis que c’est à l’initiative du numéro un mondial du tennis que le Real Madrid a acquis les services de Marco Asensio, aujourd’hui titulaire du club merengue et de l’équipe nationale espagnole.
En 2014, Asensio a 17 ans et défend les couleurs du club de Majorque, sa ville natale. Le jeune joueur a du talent plein les crampons et il ne faut pas être grand clerc pour deviner qu’il fera l’objet d’un transfert en fin de saison. Le Barça tient la corde. C’est sans compter sur Rafael Nadal. Majorquin pure souche, ce dernier connaît bien la famille Asensio. Il a même reçu Marco dans son vestiaire lors du tournoi ATP de Barcelone.
En décembre 2014, alors que le dossier de transfert devient brûlant, Rafa forme le numéro du portable de Florentino Perez, le tout-puissant président du Real. Il insiste sur le momentum et le convainc de surenchérir pour s’offrir la nouvelle pépite, successeur désigné de Raul. On connaît la suite. L’influence de Rafa joue pleinement son rôle. Les présidents des deux clubs se mettent d’accord. Et Marco est aujourd’hui, à 22 ans, l’un des plus grands talents du football européen.