Rafael Nadal, guerrier incomparable
L’Espagnol a encore repoussé les limites pour atteindre les demi-finales. Peut-il tenir comme ça encore deux matches?
- Publié le 06-09-2018 à 07h19
- Mis à jour le 06-09-2018 à 08h53
L’Espagnol a encore repoussé les limites pour atteindre les demi-finales. Peut-il tenir comme ça encore deux matches ? Rafael Nadal est sur un fil, mais le couper va demander une performance surhumaine. Il a battu Dominic Thiem (0-6, 6-4, 7-5, 6-7, 7-6) dans la nuit de mardi à mercredi après 4 h 54 d’un combat monumental de force physique et mentale face à l’adversité. Là où les nerfs de Thiem, pourtant clairement au-dessus sur l’ensemble du match, ont souvent calé, Rafael Nadal a, lui, sauvé sa peau en s’acharnant à jouer juste, en laissant toute sa sueur sur le court, en ne ratant pas dans les moments importants et en trouvant ce petit supplément d’âme dont il a le secret.
"Je me suis battu jusqu’au bout, j’ai eu un peu de chance à la fin… J’ai tout donné et c’est ça la seule satisfaction qui compte. J’aurais été satisfait de moi quoi qu’il arrive car mon attitude après le premier set a été exemplaire et qu’il n’y aurait eu aucun regret. Maintenant j’ai deux jours pour arriver à 100% au prochain match."
Il a puisé encore et encore jusqu’à réussir un tour de magie dont il commence à avoir l’habitude : convaincre son rival qu’il est indestructible. Il a dissimulé les rictus de douleur, il a dégouliné de sueur sans se plaindre, il a joué chaque point comme si c’était une balle de match. Parce qu’il a un seuil de tolérance à la douleur qui vient d’ailleurs, parce que sa haine de la défaite dépasse tout, parce que son sens tactique est trop souvent sous-estimé, Nadal a encore trouvé le chemin.
Il a passé tous les plans de jeu en revue, il a défendu, il s’est remis sur sa ligne pour couper les trajectoires, il est monté au filet, il a cassé le rythme. Il ne pouvait pas mieux jouer dans la puissance que Thiem, il n’en avait pas les moyens ce jour-là, alors il a essayé tout le reste, et c’est passé au forceps grâce à une résilience hallucinante. "J’ai été gravement blessé à plusieurs reprises dans ma carrière et ça a commencé dès 2005, alors j’ai vite compris qu’il fallait savourer les périodes où tout va bien. Là, à ce stade de ma carrière, ce résultat est une grosse performance."
Il lui reste deux matches à gagner comme ça : est-ce possible ? La débauche d’énergie depuis le début du tournoi a été énorme et on n’oublie pas qu’en sourdine, il a le genou droit qui menace. La logique voudrait qu’il se fasse sortir par Juan Martin Del Potro en demi-finales, mais avec lui, la logique ne veut pas dire grand-chose. "C’est un immense défi pour moi de le défier sur dur, mais mon niveau de jeu a augmenté petit à petit et je pense que j’ai fait un grand pas en avant."
Il va falloir lui arracher la victoire des mains doigt après doigt.