Michel Bouhoulle: "Que Goffin montre qu’il prend du plaisir à Wimbledon"
Michel Bouhoulle sera le consultant de la DHdurant la quinzaine de Wimbledon.Il préface le tournoi sur gazonqui débute lundi
- Publié le 28-06-2018 à 07h23
Par Thibaut Vinel.
Michel Bouhoulle sera le consultant de la DH durant la quinzaine de Wimbledon. Il préface le tournoi sur gazon qui débute lundi.
1. Federer, Cilic et Raonic, le tiercé gagnant
"Roger Federer est évidemment le favori numéro un. Il a tout pour lui. Son palmarès est éloquent. Il s’est ménagé pour la saison sur gazon. Il a disputé les tournois préparatoires à Stuttgart et Halle. Son âge n’est peut-être pas un atout, mais il est tellement à l’aise sur cette surface qu’il est capable de gagner encore. Federer a un excellent service et une bonne main. Il joue volontiers vers l’avant. Marin Cilic est également un candidat plus que crédible au titre. Il a gagné en finale au Queen’s en écartant Novak Djokovic. Il est en confiance. Il a un jeu plus lourd avec des frappes à plat qui partent à gauche et à droite sans difficulté. En réalité, il jouait déjà ainsi sur la terre battue. Le gazon magnifie plus ses qualités. Il ne faut pas oublier son service et sa facilité à conclure au filet. Je termine avec Milos Raonic. Le Canadien sert le plomb et est offensif à souhait. Un Dimitrov a tout pour être bon, mais il n’est pas en forme pour le moment. En revanche, un Dominic Thiem vaut zéro sur le gazon."
2. Le cas Nadal à Londres
"Franchement, ses titres en 2008 et 2010 relèvent du miracle. Il n’a pas le jeu pour le gazon. Il a la chance d’être gaucher et d’avoir un service très slicé qui lui ouvre le terrain. Il est pénible à jouer à Wimbledon car il a toujours une détermination extraordinaire. Nadal ne joue pas vers l’avant, mais il s’arrache sur tous les points. Je l’adore, mais je ne le mets pas dans les favoris à Wimbledon."
3. Murray a tout à perdre
"Il joue dans son jardin devant ses compatriotes. Il n’est pas encore certain de jouer. Il se teste à Eastbourne où il a perdu dès son 2e match contre Kyle Edmund. Contre Kyrgios au Queen’s, il a vite compris qu’il n’était pas prêt physiquement. À Wimbledon, il a l’avantage car les points sont courts. Pour moi, il a tout à perdre. Tout dépend de son objectif. Il ira juste pour se tester sans grande ambition. Il souffrira car il a toujours bien joué à Wimbledon."
4. Une surface en perpétuel changement
"Il faut voir la surface évoluer entre les premier et dernier jours. La dégradation du gazon accentue encore plus l’importance du service-volée. Celui qui reste au fond est coulé à tous les coups car il s’expose à des faux rebonds sur une surface trop abîmée et donc imprévisible. Le gazon annule la qualité de fond de jeu. Tout est basé sur le service et l’audace. Sur gazon, tu dois aller au filet pour achever le point. Sur la terre battue, le risque est grand de te prendre un passing si tu montes. Le gazon impose de l’audace. Un gars comme Querrey pourrait performer car il a un gros service et une main."
5. Djokovic et Serena, même combat
"Dans l’absolu, Novak Djokovic et Serena Williams disposent dans leur jeu de tout l’arsenal pour remporter le titre à Wimbledon. Novak est freiné par un désordre mental pendant que Serena est handicapée par son physique à court de rythme. Dans les deux cas, un grand champion sommeille. Le Serbe revient petit à petit. Il a disputé la finale au Queen’s, mais il a perdu alors qu’il n’était qu’à un point du titre. Avant, il n’aurait jamais laissé passer sa chance. Son jeu est complet. Il frappe la balle très bas. Il est capable d’attaquer et de défendre. Quant à Serena, elle est la meilleure joueuse sur gazon du tableau à condition qu’elle joue. Avec sa sœur Venus, elles sont les deux meilleures. Serena n’était vraiment pas en forme à Roland-Garros. Physiquement, elle ne tiendra pas."
6. Muguruza est favorite
"Garbine Muguruza propose un jeu puissant avec des frappes tendues. Sa philosophie de jeu est clairement basée sur l’attaque. Elle cogne. Halep aussi peut faire un truc. En réalité, chez les dames, les prévisions sont terriblement difficiles. Prenez Angelique Kerber. En 2016, elle venait de remporter l’Australian Open avant de perdre au premier tour à Roland-Garros. La dimension mentale est trop forte pour dégager les favorites. Quand Roger Federer débarque à Londres, il est comme à la maison."
7. Goffin ? Il faut attendre son tableau
"Durant son match contre Lopez au Queen’s, il n’avait toujours pas la bonne tête. Il faudra d’abord voir son tirage. En fonction de son état psychologique, il peut aller loin. Il a une prise de balle tôt et frappe la balle très bas. Il sert très bien. Sa qualité de relanceur est évidente. Ce qui me perturbe, c’est qu’il doit montrer qu’il prend du plaisir sur le terrain. Chez lui, ce sont les paramètres extérieurs qui le parasitent. Physiquement, il a de la ressource et n’est pas fatigué. En plus, il n’a pas joué l’an passé à Wimbledon. Pour lui, c’est casino. Tout ce qu’il gagne comme points ici ne devra plus être pris plus tard. Chez les filles, Flipkens sera à suivre pour son slice et son jeu adapté au gazon. Des 4 Belges (Van Uytvanck, Wickmayer, Mertens et elle), elle est la plus douée. Elle a sorti de bons résultats avec sa finale à Rosmalen. Quant à Elise, elle a la confiance d’une Top 15 et un gros service. Je croyais beaucoup en Alison, mais, apparemment, je me suis trompé."
8. Lucky loser, c’est reparti
"À Roland-Garros, on avait eu 8 lucky losers. À Wimbledon, le même phénomène sera observé. Il faut comprendre les mecs et les filles. Ils veulent leur chèque. Comme les contrôles sont plus rigoureux, on assiste à une augmentation des forfaits."
9. Le Grand Chelem que j’aime le moins
"Je n’aime pas. Le gazon dénature le tennis. Wimbledon incarne la classe avec ses traditions et sa place dans l’histoire du tennis. Pour moi, le jeu à l’état pur se dispute sur terre battue ou dur. Sur gazon, on enchaîne les services-retours, services-retours. Un match n’est pas passionnant. D’ailleurs, je ne comprends pas qu’aujourd’hui on joue encore sur gazon."