Marin Cilic, un géant qui vit dans l’ombre
- Publié le 26-11-2018 à 21h35
- Mis à jour le 27-11-2018 à 08h06
Vainqueur d’un Major, d’un Masters 1000, Marin Cilic a rejoint le cercle des vainqueurs d’un Saladier d’argent. Marin Cilic a perpétué une belle tradition. Tous les deux ans, il s’offre un coup d’éclat. En 2014, il avait tout simplement créé la sensation en s’emparant du titre à l’US Open après avoir battu en deuxième semaine Gilles Simon, Tomas Berdych, Roger Federer et Kei Nishikori. L’exploit était d’autant plus retentissant que le Big Four n’avait pas encore l’habitude de partager. En 2016, il a remis le couvert à Cincinnati où il a remporté son premier Masters 1000 en battant entre autres Berdych, Coric, Dimitrov et Murray.
Il a planté sa troisième banderille dimanche dernier en s’offrant un autre objet de prestige : le Saladier d’argent.
Le Croate, qui avait bénéficié des conseils de son manager belge Vincent Stavaux, n’a jamais profité de ces coups de projecteur médiatiques. À 30 ans, il n’a plus rien à prouver à personne, mais il mériterait d’être reconnu par tout le monde.
Seul hic, aujourd’hui, la notoriété passe d’abord par les frasques diffusées copieusement sur les réseaux sociaux. Avec seulement 162 000 followers sur Twitter, il ne fait pas chanter le petit oiseau.
Il fuit comme la peste les déclarations tapageuses. À Lille, il aurait pu fustiger la livraison tardive du terrain ou encore la qualité de celui-ci le mercredi. Il aurait pu également s’acharner sur les supporters français à la limite du fair-play samedi. Dimanche, il aurait même pu remettre toute la France à son heure croate. Il n’en fut rien.
Marin Cilic s’est contenté d’un sobre "je suis très content d’avoir aussi bien joué ce week-end. Nous étions en grande forme."
Il a même prononcé quelques mots à la gloire de sa victime de dimanche Lucas Pouille.
Après avoir vécu de nombreux moments d’euphorie ainsi qu’une descente aux enfers injuste (accusation de dopage), il a gardé la même ligne de conduite. Installé à Monaco, il évite les signes ostentatoires de richesse. Il reste fidèle à ses valeurs et à sa fiancée depuis 9 ans. Avec son image de gentil garçon à la limite de l’intello, il a conquis le cœur des Croates grâce à son service foudroyant et à sa grande générosité. Ainsi, après son titre à Flushing Meadows, la poste de Mostar avait frappé un timbre à l’effigie du joueur. La figurine célébrait tant le sportif que l’homme engagé en faveur de l’éducation et de l’enfance. Son altruisme le fait sortir des rangs.
À la base, Cilic était condamné à rester dans le rang, mais, à force de travail et de détermination, il a réussi à se faire une place au soleil.
Mentalement, il a pris une dimension qui en fait un joueur indiscutable du top 10. Lors du Masters, il n’était pas loin des demi-finales. À Lille, il était très loin au-dessus de la mêlée.