Le coup de maître de Joachim Gérard, vainqueur du Masters de tennis en chaise roulante
- Publié le 03-12-2018 à 19h26
- Mis à jour le 17-12-2018 à 11h43
En remportant dimanche, à Orlando, son troisième Masters de tennis en chaise roulante, Joachim Gérard, 30 ans, a ajouté un nouveau titre de gloire à son palmarès. Nous avons joint le champion brabançon en Floride.
Vous attendiez-vous à une telle victoire en arrivant en Floride ?
"Gagner est toujours mon objectif au départ d’un tournoi. Mais, après, il faut que tout se mette bien en place. La finale face au Japonais Shingo Kunedia, n° 1 mondial, a été très serrée. J’ai bien commencé avant de me faire rattraper par la nervosité. Il y avait beaucoup de vent. C’était compliqué à gérer. Heureusement, j’ai retrouvé mon meilleur niveau sur la fin pour m’imposer en trois sets. Et j’ai pu dédier ma victoire à mon coach Marc Grandjean qui, malade, n’a hélas pas pu m’accompagner."
Vous voilà n° 4 mondial. Quel est votre objectif ?
"Le but est évidemment d’accéder un jour au trône de numéro un mondial. C’est dans mes cordes mais il me faudra, pour relever ce défi, gagner l’un ou l’autre tournoi du Grand Chelem. Jusqu’ici, je n’y suis jamais arrivé. Mais j’ai le potentiel. Je devrai juste sortir mon meilleur tennis dans les moments importants pour franchir le cap. Ce sont souvent les détails qui font la différence. Le prochain Open d’Australie va m’offrir une nouvelle chance de vaincre le signe indien. J’espère poursuivre sur ma lancée d’Orlando."
Les gens n’imaginent pas l’entraînement nécessaire pour arriver à votre niveau.
"En fait, je suis un vrai professionnel du tennis. Je m’entraîne plusieurs heures chaque jour, au club de Justine Henin à Limelette, tant sur le plan technique que physique. Et je participe à tous les grands tournois internationaux tout au long de l’année."
Comment vous en sortez-vous financièrement ?
"Je bénéficie d’un salaire à plein temps via l’Adeps. J’ai la chance de bénéficier aussi du soutien de quelques fidèles sponsors comme Babolat, Partena Mut, Orthopédie Toussaint ou Head. Et, il y a, enfin, les prize money. Mais ils n’ont malheureusement rien à avoir avec ceux de l’ATP Tour. Alexander Zverev a touché plus de deux millions d’euros en remportant le Masters de Londres. J’en ai gagné à peine 8 000 pour le Masters d’Orlando ! Avec les voyages, les hôtels et la nourriture, une saison coûte très cher. Je dois même payer le transport de ma chaise roulante dans les avions…"
Vous aviez remporté une médaille de bronze aux Jeux paralympiques de Rio en 2016. L’or est-elle possible à Tokyo en 2020 ?
"C’est le rêve ultime pour tout sportif de haut niveau. Et je vais tout faire pour accéder à la plus haute marche du podium. Le niveau du tennis en fauteuil roulant est très élevé. Mais j’ai le sentiment de pouvoir encore progresser et franchir de nouveaux paliers."