Kim Clijsters: "Une victoire en Coupe Davis ? Ce serait énorme !"
L’ancienne n°1 mondiale ne cache pas son admiration pour le parcours exceptionnel de l’équipe belge.
- Publié le 28-10-2017 à 07h28
- Mis à jour le 28-10-2017 à 07h33
L’ancienne n°1 mondiale ne cache pas son admiration pour le parcours exceptionnel de l’équipe belge. Titrée en Fed Cup, elle sait combien une victoire des garçons en Coupe Davis serait un énorme exploit, et aussi combien ça demande d’investissement.
Serez-vous à Lille pour la finale de Coupe Davis ?
"J’étais là quand ils ont joué l’Australie et oui je serai aussi probablement à Lille si j’en ai la possibilité. Ce sera à la dernière minute car ça dépend aussi du programme de mon mari avec son basket. Je suis super contente que ce soit à côté car je n’aurai qu’à attraper le train à Bruxelles pour aller à Lille ! J’adore les regarder jouer, j’adore l’énergie de cette équipe, ce sont tous des gars bien et puis je connais très bien le capitaine. Ils méritent d’être là, et j’adore aller les supporter : je reste très compétitive même assise en tribunes." (rire)
Que signifierait une victoire dans cette finale ?
"Ce serait énorme ! Je ne sais pas si les gens se rendent à quel point ce serait énorme. Les fans de tennis le savent, oui, mais je ne sais pas si en Belgique ou même dans le reste du monde les gens réalisent quel exploit ce serait. Ils sont si proches… Quand on voit comment Andy Murray avait tout donné pour gagner ce titre, on se rend compte de l’importance de ce titre. Ce sera génial d’y arriver mais la France a une grande équipe et ils sont très motivés aussi."
Quand vous avez gagné la Fed Cup en 2001, était-ce un sentiment si différent d’un titre en Grand Chelem ?
"Oui et non… Parce que ce sentiment d’équipe j’ai essayé de l’avoir aussi avec les gens qui travaillaient avec moi sur le circuit. L’année où on a gagné la Fed Cup, on était vraiment une équipe, l’environnement était positif, et c’est aussi pour ça qu’on a si bien réussi. Justine et moi étions jeunes mais il y avait aussi des joueuses d’expérience qui nous ont aidées à gérer la pression. L’insouciance de la jeunesse nous avait aussi aidées à ne pas penser à l’enjeu, je pense. Mais c’est une telle expérience de gagner avec son équipe et pour son pays."
Comment gérer les semaines ou les mois qui précèdent un tel événement ? Comme David Goffin qui pourrait enchaîner Masters et Coupe Davis ?
"Il faut compartimenter son cerveau en fait, mais parfois c’est difficile et confus. On se met tous des objectifs à court terme mais tout d’un coup il y a cette finale alors on l’a dans coin de la tête aussi. Cela joue sur le programme aussi. Il faut regarder les choses de manière différente, être capable de s’adapter mais aussi être discipliné. Surtout, il faut être entièrement engagé dans le tournoi que vous jouez à chaque fois : c’est impossible de gérer ça en faisant les choses à moitié. Les choses, on les fait à fond ou pas du tout. C’est un grand effort de concentration, il faut se faire mal, repousser ses limites et trouver comment s’en sortir."
"Aider en montrant l’exemple"
La Limbourgeoise prend à coeur un rôle d’ambassadrice qui lui permet de transmettre des valeurs à la nouvelle génération
Resplendissante, Kim Clijsters savoure sa première venue à Singapour pour les WTA Finals. Ambassadrice du tournoi en tant que Légende , elle partage son expérience avec les plus jeunes, passe du temps avec Martina Navratilova et Chris Evert tout en suivant le tournoi. Ce vendredi, au milieu de nombreuses obligations médiatiques, elle nous a accordé une longue interview.
Kim, à quel point ces finales de la WTA sont-elles devenues un événement gigantesque ?
"J’ai joué dans différents environnements comme Münich, le Madison Square Garden ou le Staples Center ou Doha. C’est vraiment spécial et on a vu cet événement grandir. C’est génial de voir que tout le pays sait qu’il y a ce tournoi cette semaine. Notre sport le mérite. Quand j’étais gamine, je me souviens regarder le Masters et voir tous ces grands noms… C’est déjà comme des quarts de finale en Grand Chelem. C’est un défi car dès le début, il faut être à son meilleur. En plus, c’est la fin de saison et inconsciemment certaines se disent aussi que si elles perdent, elles sont en vacances. On voit vite celles qui sont encore parfaitement concentrées comme Venus Williams que je regardais jouer face à Garbine Muguruza l’autre jour."
Vous êtes là en tant qu’ambassadrice pour la WTA dans cette catégorie de Légendes, cela vous fait-il drôle car vous étiez encore sur le court il n’y a pas si longtemps ?
"Cela fait cinq ans mais je trouve que c’est passé très vite ! Je n’ai pas l’impression que je pourrais encore faire partie de cette compétition. Quand je regarde Venus, j’admire ce qu’elle fait mais ça ne me manque pas. Ce truc des Légendes, en plus de jouer en Grand Chelem, ça me permet de passer du temps avec Martina, Chris ou Arantxa… On essaie toutes d’aider les prochaines générations en montrant l’exemple, en leur montrant aussi la chance qu’elles ont aujourd’hui grâce à tout ce que les anciennes ont fait pour ce sport. C’est important, et je trouve très bien d’avoir Martina, Chris et Billie Jean King encore très impliquées pour faire grandir notre sport auprès des fans mais aussi des jeunes joueuses."
C’est un rôle qui vous plaît ?
"J’aime échanger, j’aime les cliniques avec les enfants, mais je n’aime pas me retrouver avec un micro dans les mains face à une salle pleine pour parler de moi et mes accomplissements (sourire). Je ne suis pas une star, oh la la non non, surtout pas !" (rire)
Elle a la jeune garde à l’œil
Kim Clijsters a beaucoup apprécié la saison 2017 du circuit féminin, et elle en attend certaines au tournant afin de voir si elles ont de quoi marquer l’histoire de ce sport.
Sept filles pouvaient finir n°1 mondiale en arrivant à Singapour… Que retenez-vous de cette saison 2017 et qu’attendez-vous de la prochaine ?
"Voir Ostapenko gagner à Roland-Garros, puis Muguruza à Wimbledon et enfin cette finale entre Stephens et Keys à l’US Open… Quand je regarde 2017, je vois des histoires personnelles incroyables, des carrières et des vies bouleversées du jour au lendemain. C’est formidable à voir. Maintenant, ce que j’ai hâte de voir en 2018, c’est comment Ostapenko va gérer la pression, va gérer le fait de défendre son titre. C’est très dur, ça demande de la discipline et un autre état d’esprit. Et tant qu’on ne l’a pas vécu, on ne sait pas comment faire. Si vous voulez être une grande championne, il faut en passer par là et il faut toujours progresser. C’est ce que Roger et Rafa ont réussi à faire encore et encore."
Les gens ont tendance à prendre ça pour acquis…
"Oh complètement ! Ils pensent que c’est facile mais pas du tout. Pareil pour Serena aujourd’hui : ça va lui demander beaucoup de travail. Si elle a de bons résultats, les gens se diront que c’est normal et facile car c’est Serena, mais c’est tellement difficile."
On entend souvent : "oh mais Kim l’a fait", d’ailleurs !
"Oui, comme si je détenais le secret !" (rire)
Elle croit en Mertens
Elise Mertens peut toujours compter sur Kim Clijsters pour du soutien et des conseils. Un rôle qui convient parfaitement à son illustre aînée, qui reste épatée par le numéro sorti par Mertens cette saison.
Elise Mertens a posté une photo d’elle après 15 km de marche… pendant ses vacances, vous l’avez vue ?
"Oui ! Mais elle est comme ça : elle adore la nature, elle aime les chiens… Et puis, elle a l’intelligence de savoir ce qui est bon ou pas pour elle. C’est quelqu’un de bien."
Quel regard portez-vous sur sa désormais 35e mondiale ?
"C’est incroyable. J’ai vu son père il y a quelques semaines et il se rappelait qu’en début de saison, ils auraient trouvé génial de finir dans le Top 100 ! Je suis proche d’eux mais pas trop impliquée non plus et ce qui me rend heureuse, c’est de voir le petit impact que ça peut quand même avoir, voir ça grandir depuis le Luxembourg l’an passé ou même depuis deux ans. C’est extraordinaire. Elle est passée d’une jeune fille à une femme qui y croit vraiment, qui a compris qu’elle avait sa place à ce niveau-là. On le voit dans son attitude sur le court aussi."
Peut-elle jouer les premiers rôles dans cette nouvelle génération ?
"Je pense que oui. Elle a changé son jeu ces dernières années : elle était défensive alors elle a dû changer son état d’esprit car en plus elle a la puissance pour. Elle et son coach ont travaillé tellement dur pour changer ça et on voit les résultats. Face aux joueuses qui sont vraiment puissantes, comme Venus Williams, parfois elle retombe encore dans ses travers mais elle n’est quand même pas si loin à chaque fois. Elle continue d’apprendre et je suis passée par là aussi : ‘Oh j’ai perdu face à Davenport mais cette fois j’ai pris un set’ . Petit à petit on se rapproche. Elise apprend très bien de ses défaites."