Kermode, CEO de l’ATP, s'explique sur les nouvelles règles: "On m’accuse de détruire le jeu"
Le CEO de l’ATP sait que les nouvelles règles lancées à Milan font grincer des dents dans le milieu.
- Publié le 09-11-2017 à 06h43
- Mis à jour le 09-11-2017 à 08h37
Le CEO de l’ATP sait que les nouvelles règles lancées à Milan font grincer des dents dans le milieu. S’il jure qu’aucune ne sera mise en place dans un futur proche, il continue en revanche d’affirmer que ce sport changera dans les dix ans. Il nous a expliqué ça non loin d’un players lounge où anciens joueurs et coachs ont des discussions animées à ce sujet.
Parmi les dix règles testées, y en a-t-il que vous pourriez déjà mettre en place ?
"À l’heure actuelle, aucune. On est l’un des rares sports à tenter quelque chose de cette envergure et c’est déjà un succès que d’avoir réussi à le mettre en place. Je ne veux pas que ce soit à moi de décider quelle règle est bonne ou pas. Il y a tant de gens impliqués, que ce soit les fans, les joueurs, les organisateurs, les sponsors, les télévisions. Et après avoir pris les avis de tous ces gens, il faut aussi aller voir du côté de la nouvelle génération de fans et c’est une des raisons d’exister de ce tournoi."
On est sur du très long terme…
"Oui, car ça va prendre beaucoup de temps pour dégager un sentiment général. L’année prochaine on recommencera ces Next Gen Finals en changeant un peu certaines des règles. On ne va pas se précipiter et c’est pour ça qu’on tente cette expérience à un moment où le tennis se porte très bien : on a le temps d’analyser. On regarde cinq ou dix ans en avance, comme ça, on sera prêt quand on aura besoin de changer."
Mais pour penser à changer, c’est que vous avez dû ressentir une certaine pression, non ?
"Il faut juste être conscient que dans dix ans il y a zéro chance pour que les gens regardent un contenu de six heures à mon avis. Alors que devons-nous faire pour fidéliser la prochaine génération de fans ? Il est trop tôt pour le dire mais je pense que ça devra être dynamique, intense, sans temps mort, condensé."
D’où l’inquiétude de certains…
"On ne veut pas non plus perdre les éléments clés de ce sport, ce qui lui a donné tant de réussite. J’ai reçu énormément d’emails m’accusant de détruire le jeu. Mais ce n’est pas ce qu’on fait et on pense en fait comme d’autres sports à faire des changements subtils qui font la différence. Aucun business ne peut dire qu’il ne va jamais rien changer. Les choses les plus extrêmes tentées ici sont sans doute à dix ans d’être appliquées mais d’autres, comme réduire l’échauffement, la shot clock, le coaching pourraient être mises en œuvre rapidement."
Préparez-vous aussi du coup l’après Big 4 ?
"Oui, totalement. Ils ne vont pas jouer pour toujours alors il faut être préparé. Tous leurs accomplissements ont poussé leur promotion vers les sommets. Ils ont tout dominé, donc les très bons joueurs en dessous n’ont pas eu cette exposition. Ici, on les met sur une scène où ils peuvent se faire un nom."
"Le but ? Avoir le moins de fautes avec ou sans juge"
Le Brabançon Vincent Bremhorst ne s’inquiète pas même si sa passion de l’arbitrage est menacée.
La disparition du poste de juge de ligne est listée dans les nouvelles règles. Vincent Bremhorst, brabançon de 30 ans, ne s’en inquiète pas même s’il suit l’affaire.
Juge de ligne de la finale de Coupe Davis à Gand en 2015 et des demi-finales de 2015 et 2017, il avait pris part aux qualifs de Wimbledon cette année. Comme d’autres de ses collègues, cet habitant de Louvain-la-Neuve est un véritable passionné. "Je fais cela durant mes congés. Certains partent au soleil. Moi, je vais sur des tournois", poursuit celui qui termine une thèse en statistiques à l’UCL.
"Je ne suis pas intéressé par l’argent. Je suis le tennis par plaisir durant toute l’année. Si la fonction de juge de ligne devait disparaître, je m’adapterai. Je ne suis pas en mesure d’estimer si la mesure est bonne ou mauvaise. Le but est et restera de diminuer le nombre d’erreurs d’arbitrage. La vidéo est peut-être plus fiable qu’un être humain. Nous vivons dans une société où les machines remplacent les hommes. Je ne suis pas surpris."
Entre juges de ligne, le sujet s’est invité au milieu de la table. "Nous en parlons entre nous, mais il est trop tôt. Il faudra d’abord voir la réaction des joueurs et du public. Quand un joueur s’excite sur un juge de ligne pour une balle bonne ou mauvaise, cela fait partie du show aussi. Les gens auront-ils envie d’assister à un show mécanique et sans émotion ? Nous n’avons pas envie d’y penser pour le moment."
Il l’a promis. Il restera un mordu de tennis. "Je suis joueur aussi. L’arbitrage est juste un passe-temps. Je ne suis pas le plus touché."