Jack Sock, l’héritier que les USA attendaient depuis 14 ans
- Publié le 06-11-2017 à 19h20
- Mis à jour le 06-11-2017 à 19h19
Retour sur un parcours atypique d’un gamin du Nebraska qui faisait 3 heures de route avec sa maman pour s’entraîner. La boulimie de titres de Serena Williams a éclipsé le désert que traverse actuellement le tennis made in US masculin. Le pays de l’Oncle Sam se cherche toujours un digne héritier de la génération Sampras-Agassi sans oublier Andy Roddick qui fut le dernier Américain à occuper la place de numéro un mondial.
De 1989 à 2003, les Américains entretenaient une tradition exceptionnelle, celle de remporter une levée du Grand Chelem chaque année. Lors des 14 dernières années, c’est le calme plat.
Le Nebraska n’est pas réputé comme un terreau fertile de champions de tennis. L’image pourrait appartenir au passé. Après avoir assisté aux premiers coups de raquette de Roddick à Omaha, cet État du centre situé au cœur de la région des Grandes Plaines et du Midwest a enfanté une autre graine de star, Jack Sock.
Né à Lincoln, à une heure de route d’Omaha, le géant Américain a mis Paris à son heure. Depuis qu’il a affronté son idole Andy Roddick à l’US Open en 2011, il a grandi sur le circuit. Cet autre géant américain s’est d’ailleurs inspiré de Roddick. Il lui a chipé sa puissance au service. Il est grand (1,91 m), droitier, doté d’un service ultrapuissant et d’une énorme claque en coup droit. Dans le vestiaire, il jouit d’une belle cote de popularité grâce à sa gentillesse. Casquette vissée sur la tête, il ressemble trait pour trait à son idole.
Sock s’est d’abord forgé une réputation sur le terrain des doubles où il a été médaillé d’or aux JO de Rio au côté de Bethanie Mattek-Sands et une breloque de bronze avec Steve Johnson.
En 2014, il avait remporté Wimbledon avec Vasek Pospisil. À 25 ans, il vient de migrer vers la cour des simples. Cette saison, il s’est offert trois titres : Auckland, Delray Beach et, bien sûr, Paris Bercy. Il confirme tout le potentiel que ses entraîneurs avaient détecté lorsqu’il avait remporté 80 matchs consécutifs lors de ses années de lycée. Il a dû développer son jeu loin du Cornhusker.
Quand il avait dix ans, ses parents lui ont déniché un entraîneur à trois heures de la maison. Chaque week-end, sa mère conduisait Jack et son frère aîné, Eric, dans un motel à Overland Park, au Kansas. Les deux frangins jouaient des cliniques.
"Nous avons alterné des cours privés chaque week-end,et nous retournions à l’école le lundi matin", se souvient-il.
En parallèle, il n’hésite pas à sortir des rangs en montrant ses qualités de show-man qui aime jouer avec le public. Jack Sock n’est pas pour autant un clown. En 2015, un incident familial lui rappelle la chance qu’il a de vivre de sa passion.
Son frère aîné, Eric, est atteint du syndrome de Lemierre qui lui vaut un séjour de 3 semaines à l’hôpital. Pendant une semaine, il avait même besoin d’un respirateur pour survivre. S’il s’est remis de cette infection à la gorge, Eric Sock a remarqué un changement d’attitude chez Jack.
"Je l’ai vu travailler plus fort, expliquait-il. Quand vous voyez quelqu’un de votre entourage passer par quelque chose comme ça, ça ouvre un peu les yeux, ça vous fait apprécier ce que vous avez."
Ce travail a été récompensé la semaine dernière à Paris où il est devenu le premier Américain à remporter un Masters 1000 depuis 2010. "Le Big Four ne gagne pas aussi régulièrement qu’avant, dit Sock. Il faut juste que l’un de nous en profite pour percer, et égoïstement, j’espère que ce sera moi. Tout le monde est gentil, mais à la fin de la journée, nous essayons tous de nous battre les uns les autres."
Sock remporte le Masters 1000 le plus light
Guy Forget n’était pas ravi de constater l’hécatombe de forfaits et de défaites des ténors lors des premiers tours de son Masters 1000. Il avait raison. Des 9 Masters 1000 de la saison, celui de Paris est celui qui a été le moins spectaculaire. Pour soulever le trophée, il suffisait de battre Edmund, Pouille, Verdasco, Benneteau et Krajinovic. Avec tout le respect que méritent ces joueurs, le parcours était assez light.
Pensez à ce que Rafael Nadal a dû endurer pour remporter le Masters 1000 de Madrid : Fognini, Kyrgios, Goffin, Djokovic et Thiem. Federer, aussi, a mérité son sacre à Indian Wells. Il avait battu tour à tour Robert, Johnson, Nadal, Kyrgios, Sock et Wawrinka. En règle générale, on remarque que les premiers Masters 1000 de 2017 étaient plus relevés avec les présences de Djokovic, Nadal, Federer, Zverev ou Wawrinka.
Après l’été, une fracture s’est opérée, ce qui explique les titres de Dimitrov à Cincinnati et de Sock à Paris. Ces deux champions ne sont pas responsables de la faiblesse relative des tableaux.