Grosses chaleurs à l'Australian Open: "Au-delà d'une certaine limite, on peut mettre en jeu la vie des sportifs"

Jacques Besnard
Australie
©AP

Terrassée par la chaleur lors de son match face à Elise Mertens, la Française Alizée Cornet est montée au créneau pour critiquer la décision des organisateurs de l'Open d'Australie de maintenir les rencontres malgré les températures extrêmes. "J'ai l'impression qu'ils attendent qu'il y ait un drame pour changer (la règle), un drame qui peut survenir à n'importe quel moment dans ces conditions. Notre santé n'est pas prise en compte", s'est insurgée la Française. DH.be s'est entretenu avec Henri Nielens, médecin du sport aux Cliniques universitaires Saint-Luc de l'Université catholique de Louvain (UCL) pour évoquer cette question.

Le thermomètre flirtait avec les 40°C lors de la rencontre entre Elise Mertens et Alizée Cornet. Jouer sous une telle chaleur est-ce dangereux pour les athlètes de haut niveau ?

Tout d'abord, une forte chaleur est très défavorable pour la production d'un effort, peu importe qu'on soit David Goffin ou un ouvrier sur les routes. Car lorsqu'on produit un effort, il y a un dégagement de chaleur par les muscles et cette chaleur doit être évacuée pour que la température centrale soit constante. Parfois, cette chaleur ne peut pas être évacuée et la température corporelle peut monter jusqu'à 40°C. Alors, on peut souffrir d'hyperthermie et c'est dangereux. Chez l'homme, il existe un mécanisme de refroidissement via la transpiration. Mais pour que le corps se refroidisse, il faut que la sueur puisse s'évaporer et pour cela qu'il ne fasse pas trop humide. Sinon elle dégouline et ne refroidit pas le corps. La situation est critique quand il y a une accumulation de facteurs dangereux qui sont des hautes températures, des rayons du soleil et une forte humidité alors qu'on produit un effort intense. Il existe des thermomètres qui tiennent compte de tous ces paramètres et qui donnent un indice et notamment la limite qui fait que ça devient trop dangereux et qu'on annule certaines épreuves. Le marathon de clôture des J.O par exemple a déjà été déplacé en soirée car c'était trop dangereux. A un certain niveau, si la température est trop élevée, l'hyperthermie très grande, au-delà d'une certaine limite, on peut mettre en jeu la vie des sportifs.

Comment savoir si l'on est en hyperthermie ? Jusqu'où peuvent aller les effets de la chaleur sur le corps ?

On peut avoir une perte de coordination, dans le tennis, c'est évidemment capital, les gestes techniques s'en ressentent. On peut être confus, subir une perte de connaissance et dans les cas extrêmes cela peut aller jusqu'au coma.

Que faire en plein match pour compenser les pertes d'eau ?

Il faut s'hydrater évidemment. Si on pratique un sport sur une longue durée, on rajoutera du sel dans les boissons car on perd du sel lorsque l'organisme transpire. On peut appliquer des poches de glace dans des zones où la circulation sanguine est importante, le cou par exemple. On peut ventiler le sportif, le protéger des rayons du soleil pendant les pauses. Et puis, en général, les athlètes portent des vêtements qui laissent s'évaporer la transpiration.

La récupération est également plus longue ?

Oui, car jouer sous une forte chaleur est une véritable agression physiologique. Il est possible que le lendemain on n'ait pas retrouvé toute sa capacité physique, mentale et neurologique. Alors en jouant sous cette chaleur pendant quinze jours, ce n'est vraiment pas l'idéal pour la suite de la saison des joueurs.

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