Goffin 13ème mondial: son coach ne "s'attendait pas à un tel carton"
Thierry Van Cleemput, le coach du Liégeois, refuse de se laisser emporter par la vague du succès de David Goffin.
- Publié le 05-04-2016 à 10h41
- Mis à jour le 05-04-2016 à 10h53
Thierry Van Cleemput, le coach du Liégeois, refuse de se laisser emporter par la vague du succès de David Goffin. À peine rentré de Miami, Thierry Van Cleemput arpentait lundi midi les couloirs éventrés de Zaventem où il prenait un avion à destination de Monaco. Avant d’atterrir sur la terre battue monégasque, l’entraîneur de David Goffin a replongé dans un mois de mars exceptionnel pour son protégé qui a atteint les demi-finales lors des Masters 1.000 d’Indian Wells et de Miami .
Thierry Van Cleemput, dans quel état d’esprit sortez-vous de ce mois inédit ?
"Je suis content. Ses performances ont été amplement satisfaisantes. Ce plaisir est éphémère. Il faut déjà songer à Monte-Carlo. Mon seul souci est d’assurer une transition en douceur sur terre battue."
Quand David reprendra-t-il les entraînements ?
"Nous prenons quelques jours de repos d’abord. Son premier entraînement est planifié mercredi. Il pourrait déjà jouer son premier match dimanche ou lundi, mais sa préparation sera trop courte."
La faute en incombe à ses performances à Miami. Ou aviez-vous placé la barre en terme de résultats ?
"On ne s’attendait pas un tel carton. On s’était préparé au mieux comme d’habitude. J’avais bien observé que David jouait de mieux en mieux depuis la Coupe Davis. En Californie et en Floride, tout s’est bien mis."
Quel avait été l’objectif ?
"En début d’année, nous avions placé la barre à une demi-finale en Masters 1.000 et un quart de finale en Grand Chelem. Gardons la tête froide. Je veux qu’il continue sur cette voie lors de ses prochains tournois à Monte-Carlo, Munich, Madrid, Rome et Roland-Garros."
Qu’avez-vous particulièrement apprécié lors de ses matches ?
"D’abord, je soulignerai son attitude. Il a fait preuve d’une belle agressivité. Son tennis était offensif. Il n’a pas eu peur de prendre le jeu à son compte. Ensuite, j’ai été séduit par sa gestion des efforts. Physiquement, il est resté frais."
Comment expliquer cette double performance ?
"Je ne vois rien de particulier. Je n’ai aucune réponse à cette question. Nous bossons ensemble depuis trois ans avec la même assiduité. Je ne vois pas un déclic. David trouve de mieux en mieux son équilibre. Il devient un athlète complet. En tennis, le joueur est seul sur le terrain. Il est soumis à ses états d’âme et à la fatigue physique. Je le répète, je ne vois pas un déclic."
Il y eut l’arrivée de Thomas Johansson en février…
"Son apport est très positif car il est parfaitement sur la même longueur d’onde que le staff. J’ai passé beaucoup de temps à discuter avec le Suédois. Je l’avais déjà connu du temps où il était joueur. À l’époque, j’entraînais Oli (Olivier Rochus) . Je lui ai exposé ma vision de carrière pour David. Il partageait mon discours."
Qu’apporte de plus le Suédois à David ?
"Il joue le rôle de catalyseur qui accélère son jeu. Moi, je n’ai pas son expérience. Thomas, ancien Top 10 , a remporté un Grand Chelem. Sa présence rassure David. Avec Thomas, on s’appelle via Skype très souvent. Il nous rejoint lundi. À Munich, il prendra le relais tout seul."
Son jeu de fond de court fait des merveilles. Son service aussi a étoffé ses armes…
"On ajoute des améliorations par petites touches. Il ne servira jamais comme Isner. Nous continuerons à travailler, à travailler et à travailler."
Que symbolise pour vous ce chiffre 13 ?
"David a juste accumulé beaucoup de points pour atteindre cette étape. C’est chouette. Je préfère qu’il se rapproche de son meilleur niveau même s’il régresse dans la hiérarchie. Son fond de jeu m’intéresse plus que son classement. Par le passé, il a atterri dans le Top 50 un peu tôt. Le costume était un peu trop grand. Il a fini par battre à la régulière des Top 50 . Ensuite, il a rejoint le Top 20 . Il perdra encore contre des joueurs moins bien classés que lui. Cette année, j’ai été très impressionné par son succès en Australie face à l’Autrichien Thiem. Les gens se préoccupent trop du ranking . Un gars comme Paire peut battre tout le monde. Monfils aussi. Le classement est une affaire de circonstances."
"Un aéroport fantôme"
Afin de se rendre à Monaco, Thierry Van Cleemput a décollé ce lundi midi depuis l’aéroport de Zaventem qui a repris son activité 24 heures plus tôt. "C’est impressionnant", dit-il. "Il règne une atmosphère sereine et un silence pesant. C’est surchoquant. Le lieu ressemble à un aéroport fantôme. Il y a peu de gens. Nous passons par d’autres endroits. Cela fait peur. On se souvient de tout ce qu’il s’est passé dans ce lieu. D’un autre côté, les agents sont très concentrés et vigilants. On voit aussi que la vie reprend ses droits. Tout est fait pour que l’aéroport retrouve son activité normale au plus vite."