Flipkens : “C’est toute l’équipe qui était mécontente, pas juste moi”
Kirsten Flipkens n’avait pas prévu de réagir au renvoi de Dominique Monami, mais la violence des propos de son ancienne capitaine ne lui a finalement pas laissé le choix.
- Publié le 23-03-2018 à 07h23
- Mis à jour le 23-03-2018 à 10h00
Kirsten Flipkens n’avait pas prévu de réagir au renvoi de Dominique Monami, mais la violence des propos de son ancienne capitaine ne lui a finalement pas laissé le choix.
Incrédule devant les accusations, elle lâche ce qu’elle a sur le coeur du haut de ses quinze ans d’ancienneté et d’implication.
Avez-vous été surprise par les mots très durs employés par Dominique Monami ?
Je savais qu’elle mettrait quelque chose dans la presse, même si ce n’est pas très sympa et que ce sont des choses qui devraient rester en interne. Elle dit que je suis le problème, ça c’est clair ! Normalement je ne voulais rien dire mais là c’est trop négatif pour ne pas réagir. Cela a pris des proportions incroyables, mais je comprends aussi les gens car ils ne voient que les résultats : on a gagné contre la Roumanie, contre la Russie et perdu seulement contre la France. Mais ils ne savent pas ce qu’il se passe en coulisses, ils ne sont pas sur le banc pour entendre ce qu’elle dit ou pas. Le problème n’était pas nouveau, c’était déjà parti de la Roumanie.
On imagine que vous trouvez ces critiques bien injustes…
Oui, car ce n’est pas ma décision de renvoyer Dominique : c’est le choix de la fédération. Si j’étais le seul problème dans l’équipe, je pense que la fédération n’aurait pas pris une décision comme ça. C’est toute l’équipe qui était mécontente, pas juste moi. Je n’étais pas la seule à avoir des problèmes avec elle. Mais oui moi je dis ce que je pense et je lui ai parlé, donc peut-être que c’était ça le problème. La fédération a eu un briefing avec elle, et ce que Dominique leur a dit c’est que la semaine s’était bien passée sauf avec moi. Elle a dit que je n’avais pas été d’accord avec sa décision de faire jouer Alison le dimanche, alors que je n’ai jamais dit ça ! Elle m’a dit dans la voiture qu’elle voulait mettre Alison pour que je me repose en vue du double, j’ai dit oui d’accord à 100%. Mais Alison m’avait dit avant qu’elle n’avait pas gagné beaucoup de matches et donc n’était pas très en confiance, alors je devais le dire aussi à Dominique. Mais ce n’était pas pour prendre la décision à sa place. Et là face à l’Italie je suis la première à dire de ne pas me laisser jouer contre Errani sur terre battue, parce que je pense que Alison et Elise ont plus de chances de gagner.
Sans oublier que ça fait des années que vous jouez cette Fed Cup, ça doit être d’autant plus dur à avaler non ?
Cela fait quinze ans que j’y suis et je n’ai jamais vécu un truc comme ça. C’est n’importe quoi ce qu’il s’est passé. C’est la fédération qui a fait le débriefing, c’est la fédération qui nous a appelé, pas le contraire. Et la fédération a bien fait d’appeler chaque joueuse présente à la rencontre face à la France. Ils avaient des questions et ont demandé un rapport honnête, et moi j’ai tout dit comme je le fais là, qu’il y a des trucs que le capitaine doit faire et ne pas faire. Ce sont eux qui ont décidé.
C’est un problème de méthode qui ne passait pas finalement…
Elle n’a juste pas confiance sur le banc. Elle est très peu sûre d’elle, elle regarde tout le temps derrière elle vers les autres entraîneurs pour demander ce qu’elle doit dire. Alors que le capitaine doit avoir une présence, doit avoir confiance pour le donner aux joueuses. Et puis elle n’était pas là pour l’entraînement du jeudi et ça ne doit jamais arriver : elle décide le jeudi soir qui va jouer le week-end mais elle n’est pas à l’entraînement du matin et il n’y aucune raison qui peut l’expliquer. J’ai eu un débriefing avec Dominique après et on n’était pas sur la même longueur d’onde, c’est clair.
Qu’elle vous accuse d’avoir balancer le double décisif face à la France, c’est grave quand même…
C’est très grave. C’est très bas ce qu’elle fait maintenant. J’ai joué quinze ans avec tout mon coeur pour la Belgique, jamais je ne vais lâcher l’équipe. C’est n’importe quoi et ça me fait mal. Non, je n’ai pas joué mon meilleur match, je prends mes responsabilités pour ça, mais je suis très surprise qu’elle dise un truc pareil. Et puis maintenant elle tente de monter Alison contre moi, Yanina contre moi, la fédération contre moi… Je dois réagir du coup, je n’ai pas le choix. Non mais dire que j’ai manipulé Alison ! C’est n’importe quoi.
Que pensez-vous du choix d’Ivo Van Haken pour assurer l’intérim ?
J’avais Ivo comme premier capitaine : il est super, très motivé, connaît bien le tennis. Ce sera bien aussi pour ne pas tout de suite prendre décision avec un autre, donc je pense que la fédération a fait un bon choix.
Le problème de départ a-t-il été qu’on ne vous demande pas votre avis pour la nomination de Monami ?
Le problème ce n’était pas que Dominique soit capitaine, le problème c’est que la fédération ne nous a rien demandé sur les qualités et l’expérience qu’on attendait d’un capitaine. Yanina et moi on avait appris la nomination de Dominique en lisant les journaux. C’était cette communication avec les joueuses le problème.
Pourquoi est-ce vous qui prenez dans toute cette histoire finalement ?
Je ne sais pas… Je pense aussi qu’au début en Roumanie comme je connais bien les joueuses du circuit, les filles ont eu confiance en moi tactiquement sur ce que je pensais des adversaires. Peut-être que ça a un peu frustré Dominique que les autres me demandent des conseils.
Êtes-vous tentée de prendre contact avec elle ?
Non. Je n’ai rien à dire. Je ne comprends pas pourquoi elle a fait ça dans la presse. Si elle n’avait pas commencé, je n’aurais rien dit… Elle dit aussi qu’elle n’a pas reçu un message de soutien d’Alison ni de moi après son renvoi, mais je sais que les autres joueuses l’ont fait et je sais bien ce qu’elle a répondu donc non… En plus je ne suis pas hypocrite donc je ne vais pas lui dire “désolée, merci pour tout”.
Cette affaire risque-t-elle de laisser des traces ?
Non, je ne pense pas. J’ai 100% confiance dans Ivo, on a une bonne équipe, les joueuses sont très solidaires donc je pense que ça va aller.