Federer prend sa retraite: dix moments pour l'éternité
Le Suisse a annoncé sa retraite, à 41 ans. L'occasion de revenir sur les dix plus grands moments d'une carrière bien remplie.
- Publié le 16-07-2017 à 20h20
- Mis à jour le 15-09-2022 à 19h48
Il faudrait un livre, voire une bibliothèque, pour passer en revue la fabuleuse carrière de Roger Federer, qui vient d'annoncer sa prochaine retraite, à 41 ans . Voilà vingt ans que le plus grand joueur de l'histoire collectionne les victoires comme d'autres les papillons. Héros unanimement reconnu et louangé, il fait désormais partie intégrante de la mythologie du tennis, voire du sport.
Il est évidemment difficile et subjectif de hiérarchiser les plus grands exploits qui garnissent son CV. Nous avons néanmoins mis en évidence dix moments forts qui ont, clairement, façonné sa légende.
1. A star is born
Dans la carrière d'un héros, il y a toujours un chapitre initial. Une première ligne d'un grand livre. Une sorte de "Il était une fois". Enfant de la balle, n°1 mondial chez les juniors, le Suisse était évidemment promis à une fabuleuse carrière. Passé pro en 1999, il signe deux premières saisons mi-figue mi-raisin. C'est en 2001 qu'il prend réellement son envol avec son premier titre ATP à Milan et, surtout, une victoire historique face à Pete Sampras en huitièmes de finale de Wimbledon. À 19 ans, sans complexe, le Suisse s'offre le scalp du meilleur joueur de l'époque après un duel de générations de près de cinq heures. Après avoir remporté la balle de match, il fond en larmes, touché par l'émotion du moment. A star is born.
2. La première d’une série
Du haut de ses 21 ans, porté par son talent, il remporte son premier titre sur le gazon sacré de Wimbledon. Impérial, variant merveilleusement les coups, il domine, en finale, le géant australien Mark Philippoussis en trois sets. Sur l'ensemble du tournoi, il n'a perdu qu'un seul petit set contre l'Américain Mardy Fish. Ébloui, le public du All England Court tombe d'entrée sous le charme de ce jeune joueur suisse si élégant dans ses gestes et qui décline le tennis à tous les modes avec une nette préférence pour le plus que parfait. Le doute n'est plus permis : Pete Sampras, sept fois lauréat de l'épreuve entre 1993 et 2000, a trouvé son successeur.
3. L’exhibition face à Hewitt
Déjà vainqueur cette année-là de l'Open d'Australie et de Wimbledon, il débarque à Flushing Meadow avec la ferme intention de signer un Petit Chelem , à l'image de Jimmy Connors en 74 et de Wilander en 88. Les spectateurs new-yorlais ne sont pas déçus. Au sommet de son art, Federer survole le tournoi. Après avoir battu Andre Agassi en quart et Tim Henman en demi, il est attendu en finale par un Lleyton Hewitt au faîte de sa forme. L'Australien n'a pas perdu le moindre set depuis le début du tournoi. Mais rien n'y fait. Signant l'un de meilleurs matches de sa carrière, le Suisse s'impose 6-0, 7-6, 6-0. Lors de la première manche, il n'a perdu que quatre points. Du jamais vu !
4. Le seigneur des anneaux
Si Roger Federer nourrit encore un regret à l’égard de sa carrière, c’est probablement celui de n’avoir jamais réussi à remporter le tournoi olympique en simple. À Pékin, en 2008, le Suisse avait pourtant gagné la médaille d’or. Mais c’était en double après un succès face aux Suédois Aspelin-Johansson. Le sacre n’avait sans doute pas la même saveur. Associé à Stan Wawrinka, il n’avait pourtant pas caché sa joie, sur la plus haute marche du podium, lorsque l’hymne national suisse avait retenti. Sportif accompli, Federer sait parfaitement l’importance d’un titre olympique dans la vie d’un athlète. Il l’a donc savouré avec des étincelles dans les yeux, comme un gosse devant un magasin de jouets.
5. L’impossible Paris
Jusque-là, le tournoi de Roland-Garros s’était toujours - et injustement - refusé à lui. Malgré son obstination, Federer était systématiquement tombé, à Paris, sur l’ogre Nadal, impérial sur terre battue. En 2009, l’Espagnol n’est pas au meilleur de sa forme et tombe bizarrement, dès les huitièmes de finale, face au Suédois Robin Söderling. Roger Federer est évidemment à l’affût. Il sait qu’une telle occasion ne passera pas deux fois. Après avoir écarté l’Argentin Del Potro au terme d’une somptueuse demi-finale, il s’adjuge enfin le titre parisien en dominant ce même Söderling en finale. Au contraire de Pete Sampras, Boris Becker ou John McEnroe, qui n’ont jamais réussi à s’imposer Porte d’Auteuil, Federer rentre définitivement dans l’histoire en soulevant la Coupe des Mousquetaires le 7 juin 2009.
6. La preuve par quinze
Il y a des chiffres qui font référence aux yeux des historiens. Lorsque Pete Sampras a remporté son quatorzième titre du Grand Chelem lors de l'US Open 2002, on pensait que ce record ne serait jamais battu. C'était mal connaître l'appétit vorace du Roi Roger . En s'adjugeant, en juillet 2009, son sixième titre à Wimbledon, le Suisse s'offre également son quinzième sacre en Grand Chelem ! En finale, face à l'Américain Andy Roddick, il est poussé dans ses derniers retranchements mais grâce à la qualité de son service (50 aces au menu), il parvient à s'imposer 16-14 dans la manche décisive après un combat de plus de 4 heures 30. Ce jour-là, chiffre en mains, il devient le plus grand joueur de tennis de l'histoire.
7. Un Saladier pour l’éternité
Fût-elle parfois snobée ou vieillissante, la Coupe Davis reste un mythe dans le monde du tennis. Secrètement, Roger Federer rêvait donc de soulever un jour le fameux Saladier d'Argent . En 2014, la finale face à la France ne se présente pourtant pas sous les meilleurs auspices pour le Suisse qui a été obligé de renoncer au Masters quelques jours plus tôt en raison de douleurs lombaires. L'ombre de son forfait plane longtemps sur le stade Pierre-Mauroy de Lille. Mais à l'heure-H, Roger est bel et bien présent. Battu par Gaël Monfils le vendredi, il se réveille le samedi en double avec Stan Wawrinka et porte l'estocade le dimanche face à Richard Gasquet. Le seul grand trophée qui manquait à son palmarès tombe dans son escarcelle. Magique !
8. Tout simplement The Greatest
Sans quasiment se décoiffer, Roger Federer remporte son huitième titre de Wimbledon et scelle son dix-neuvième sacre en Grand Chelem. Records battus ! Face à un Marin Cilic diminué par une blessure et en larmes sur le Centre Court, il survole les débats de toute sa classe et s’impose en trois sets rondement menés. Jamais sans doute finale n’a été aussi facile pour le héros suisse qui, à 35 ans, semble commencer une deuxième carrière ! Dans son discours protocolaire, il ne manque d’ailleurs pas de fixer rendez-vous au public londonien pour la défense de son sceptre l’année prochaine ! Eternel et tout-puissant, Federer est décidément The Greatest.
9. Des claques au déclin et le premier à vingt
La vie d’un champion est faite de hauts et de bas. Même lorsqu’il s’appelle Roger Federer. En 2012, lorsqu’il débarque à Wimbledon, le Suisse n’a plus remporté un tournoi du Grand Chelem depuis plus de deux ans. Une éternité pour une étoile de sa dimension. En coulisses, certaines mauvaises langues parlent déjà de déclin. C’est mal connaître la fierté du Bâlois qui renouera avec le succès au terme d'une finale face à Murray qui ressemblait à un hymne au jeu sur gazon, retrouvant au passage le trône de n°1 mondial.
Federer récidivera en 2017 et 2018, en entourant son huitième sacre à Wimbledon (voir ci-dessus) de deux triomphes à Melbourne après quatre ans et demi de disette: 17 et 3 qui font 20, le compte est bon. Le Suisse restera à jamais le premier joueur de l'histoire à totaliser 20 titres suprêmes.
10. Toujours le maître incontesté du dernier carré
Il atteindra encore la finale à Londres en 2019 (sa 31e et dernière en Grand Chelem), mais tombera sur un grand Djokovic au terme d'un incroyable thriller: le Serbe a sauvé deux balles de match avant de s'imposer au tie-break dans la dernière manche: 13-12.
Il faudra donc attendre 2020, l'année de ses 39 ans, pour constater son déclin définitif, après avoir échoué contre le même Djokovic en demi-finale à Melbourne. Performance qu'il ne réussira plus: il déclarera forfait pour Roland-Garros, l'US Open et l'Australian Open cette année-là, alors que Wimbledon était annulé à cause du Covid. De retour à Roland-Garros en 2021, il devait déclarer forfait en huitième de finale avant de s'incliner en quarts à Wimbledon, face à Hubert Hurkacz.
S'il a été dépassé par Djokovic (21) et Nadal (22) dans la course aux titres du Grand Chelem, Federer reste en tête dans celle aux titres majeurs puisqu'il en compte 26 (dont 6 Masters), comme Djokovic. Le Suisse est également le seul joueur de l'histoire à avoir atteint le dernier carré d'un Grand Chelem à 46 reprises. Djokovic (43) et Nadal (38) ont encore un peu de travail avant de le rejoindre...