Coupe Davis: Quel avenir pour le tennis belge?

Christophe Rochus : "C’est possible"

Le champion est persuadé que la Belgique est capable de s’adjuger le trophée dans les prochaines années. "David Goffin est désormais l’un des meilleurs joueurs du monde. Il l’a prouvé à la fois lors du Masters et de cette finale de Coupe Davis à Lille. En Coupe Davis, il est donc parfaitement capable de remporter ses deux simples. Et, à mon avis, il peut également gagner le double. Andy Murray et Novak Djokovic étaient dans une situation assez semblable lorsqu’ils ont offert à la Grande-Bretagne et à la Serbie le Saladier d’Argent. David a le talent et le jeu pour réussir le même exploit mais, pour cela, il doit évidemment jouer le double, ce qui n’a pas été le cas à Lille."

Andy Hancock : "La chance est passée"

Organisateur de l’European Open d’Anvers et grand spécialiste de tennis, Andy Hancock se demande si la Belgique n’a pas laissé passer sa chance à Lille. "Je crois qu’avec un peu de réussite, elle aurait pu gagner cette finale. La France était prenable. Pour la suite, cela risque d’être très difficile. En réalité, tout dépendra de David Goffin et de son agenda. La Coupe Davis prend beaucoup d’énergie chez un joueur de haut niveau. Le calendrier de l’ATP Tour est très astreignant. Il est évident que David est capable de gagner ses deux simples. Mais quid du troisième point ? À mon avis, pour avoir une véritable chance, il faut au moins deux joueurs du Top 20 dans une équipe. Ou alors, un très grand double."

Philippe Dehaes : "La clé, c’est le double"

Coach de la Russe Daria Kasatkina et consultant tennis à la RTBF, Philippe Dehaes est persuadé que les chances belges de remporter la Coupe Davis passent obligatoirement par la constitution d’une très bonne équipe de double. "David Goffin est désormais une valeur sûre, capable de quasiment nous assurer deux points en simples. Mais, en Coupe Davis, il faut trois points ! Malheureusement, Steve Darcis arrive tout doucement en fin de carrière. Il ne pourra pas éternellement faire des miracles. Par ailleurs, la nouvelle génération de joueurs ne semble pas avoir le niveau pour les simples d’un Groupe Mondial. Bref, je crois que la seule solution serait de constituer une paire de double de haut niveau. De Loore et Bemelmans ont un vrai potentiel mais manquent encore d’automatismes. S’ils jouaient davantage ensemble sur l’ATP Tour, ils pourraient progresser."

Dominique Monami : "Difficile de répondre"

Capitaine de Fed Cup, Dominique Monami estime qu’il y a trop de paramètres pour répondre à la question. "C’est difficile à dire. Un jour, Steve arrêtera. Rubens ne fait pas partie des plus jeunes. En France, nous avions une grande chance de la remporter enfin. Il y a trop d’éléments qui doivent bien se mettre pour remporter le Saladier d’Argent. Il faut des joueurs en forme au bon moment. Il faut des adversaires qui soient jouables. Il faut voir si l’adversaire est déforcé. Il faut aussi un peu de chance au tirage. Il faut voir les matchs à domicile et les choix des surfaces. C’est compliqué. Prenez 2017. Pour le même prix, on perd au premier tour en Allemagne. Personne ne s’en offusque. Finalement, on gagne. David revient et on va jusqu’à 2-2 en finale."

On peut y croire mais…

Un commentaire de Miguel Tasso. L’équipe belge de Coupe Davis peut-elle remporter prochainement ce mythique Saladier d’Argent ? Dans l’absolu, la réponse est oui. En atteignant deux fois la finale lors des trois dernières éditions, elle a clairement affiché ses ambitions. Reste à savoir si elle n’a pas, face à la Grande-Bretagne en 2015 et surtout contre la France cette année, manqué son rendez-vous avec l’histoire. L’avenir nous le dira.

D’un côté, on peut voir le verre à moitié plein et se dire qu’avec David Goffin, la Belgique possède, pour les cinq prochaines années, un joueur d’exception capable de forcer, à lui seul, les portes de l’exploit. Le Liégeois, âgé de 26 ans, fait désormais partie des meilleurs du monde, sur toutes les surfaces. C’est évidemment un énorme atout.

On peut aussi voir le verre à moitié vide et se dire qu’avec un seul membre du top mondial, notre équipe éprouvera les pires peines à aller au bout de son rêve. Certes, Andy Murray a apporté à son pays les trois points de la victoire en 2015. Mais il était en mission et pouvait compter, avec son frère Jamie, sur l’aide d’un vrai spécialiste du double. Difficile, dès lors, de prédire l’avenir.

Steve Darcis a déjà 33 ans et ses miracles ne seront pas éternels. Parallèlement, pour les matchs de simples, la relève n’a pas le même niveau. L’idéal, pour remporter ce fameux troisième point, serait que le tandem De Loore-Bemelmans se spécialise véritablement tout au long de l’année et devienne l’une des meilleures paires de double. Le Saladier d’Argent est à ce prix.