Coupe Davis: les Bleus dans le doute à deux mois de la finale
- Publié le 19-09-2017 à 11h16
- Mis à jour le 19-09-2017 à 11h20
Le capitaine Noah doit gérer des tensions de tous les côtés mais prône l’union sacrée. La France s’est donc qualifiée pour la 18e finale de Coupe Davis de son histoire. Elle tentera, du 24 au 26 novembre, de remporter son dixième Saladier d’argent . Tout est pourtant loin d’être rose chez les Bleus . À Lille, dans les coulisses de la demi-finale face à la Serbie, la tension était palpable entre le capitaine Yannick Noah, les joueurs et les dirigeants de la Fédération. La victoire a provisoirement calmé les esprits mais il est évident qu’à deux mois du derby face à la Belgique l’ambiance n’est pas idéale !
La personnalité de Yannick Noah, 57 ans, est évidemment au centre des débats. Il se chuchote que certains joueurs estiment que l’icône du tennis français ne s’investit pas suffisamment dans sa tâche tout au long de la saison et qu’il se réveille uniquement à la veille des matches. Le capitaine, lui, s’étonne que ces mêmes joueurs acceptent les sélections à la carte, selon leur humeur du jour. Du coup, malgré l’électricité dans l’air, le courant ne passe pas toujours. Chacun sait ainsi que, de longue date, les relations avec Gaël Monfils ne sont pas idéales. À Lille, lors du simple face à Dusan Lajovic, Lucas Pouille n’a pas caché un certain agacement lors des changements de côté. C’est à peine s’il adressait la parole à son capitaine !
La magie Noah se serait-elle envolée ? N’opérerait-elle pas de la même façon avec la nouvelle génération ? C’est possible. Lors de sa première étape de capitaine, il faisait l’unanimité auprès des joueurs à la fois par ses compétences, son expérience et son charisme. C’était une sorte de gourou des courts, mélange de technicien, de préparateur mental et de sorcier. Nul n’a oublié la victoire de Lyon en 1991 où il avait réussi à transcender Forget et Leconte face aux États-Unis de Sampras et Agassi. Et le Saga Africa entonné sur le court dans une ambiance de délire collectif fait toujours les belles heures de YouTube ! Dans la foulée, porté par une sorte d’état de grâce, il avait d’ailleurs remis sur le métier son ouvrage en remportant un autre Saladier en 1996 et en remportant la Fed Cup avec les filles en 1997.
Mais, depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Noah s’est longtemps éloigné des courts pour se consacrer - avec le succès que l’on sait - à sa carrière de chanteur. Son retour soudain comme capitaine n’a pas été systématiquement validé par toute la famille du tennis français. Et les nouveaux champions, qui n’étaient pas nés lors de son sacre à Roland-Garros en 1983, ont visiblement du mal à lui accorder la légitimité nécessaire et à souscrire à ses méthodes. Même les relations avec Bernard Giudicelli, le nouveau président de la FFT, semblent délicates.
Si la France avait perdu, dimanche, face à la Serbie B, Noah aurait sans doute, de guerre lasse, démissionné. Mais, là, tout est différent. La qualification pour la finale a provisoirement modifié la donne. Le capitaine a récupéré le bateau avant le naufrage et il veut désormais le mener à bon port. D’ici fin novembre, il va sûrement réclamer l’union sacrée. Et il va probablement l’obtenir.
En pleine conférence de presse après la victoire face à la Serbie, il a été interrompu par un coup de téléphone de… Gaël Monfils. "Ça va biquet…", a-t-il répondu devant le parterre de journalistes, comme pour afficher au grand jour la bonne humeur générale. Info ou intox ? À chacun de juger…