Calendrier surchargé, format de la Coupe Davis à modifier: Voici les vœux de Thierry Van Cleemput, le coach de Goffin
Thierry Van Cleemput évoque sa collaboration avec David Goffin.
- Publié le 26-12-2017 à 13h17
Thierry Van Cleemput évoque sa collaboration avec David Goffin. Il vit volontiers dans l’ombre. Mais Thierry Van Cleemput, coach de David Goffin, joue, depuis de nombreuses années, un rôle essentiel dans la carrière du champion liégeois.
Quel est le secret de votre collaboration ?
"La sincérité. Notre relation est vraie. On se parle. On s’écoute. On est en confiance. C’est la clé. Au fil des ans, on a appris à se connaître et à s’apprécier. Il suffit parfois d’un regard pour faire passer nos messages."
Comment se passent les débriefings ?
"Ils se font parfois juste après les matchs ou carrément plus tard, en fonction des situations. Là aussi, l’idée est de discuter. Il m’arrive de le bousculer, de lui ouvrir les yeux. Comme n’importe quel coach. Mais nous privilégions toujours le dialogue et l’écoute. Chez nous, la hiérarchie est horizontale. David est un garçon intelligent, un fabuleux élève et un gentleman."
Avec quelles ambitions abordez-vous la nouvelle année ?
"Il n’y a pas d’objectifs précis en termes de résultats ou de classements. Juste une volonté : continuer sur notre lancée, avec le même état d’esprit basé sur le travail et l’humilité. Le reste suivra naturellement."
David a terminé l’année 2017 à la 7e place du ranking mondial après avoir, notamment, battu Nadal et Federer aux Masters. Êtes-vous surpris de son évolution permanente ?
"David ne cesse de me surprendre. Mais, parallèlement, cette progression s’inscrit dans une certaine logique. Son niveau de jeu s’améliore de façon continue. Il est plus solide dans l’échange, il va de plus en plus vers l’avant, il s’améliore au service. Physiquement et mentalement, il est de plus en plus costaud. Si, en prime, la confiance est là, il peut clairement aller encore plus haut."
Si on vous dit qu’il a le potentiel pour devenir un jour numéro un mondial, que répondez-vous ?
"Que ce n’est pas du tout d’actualité. Un numéro un mondial gagne des tournois du Grand Chelem et des Masters 1000. David n’en est pas là. Mais, en même temps, il n’est pas si loin. Jusqu’ici, il n’a pas encore fait mieux que quart de finale dans un tournoi du Grand Chelem. Je crois qu’il peut prochainement passer un cap. Il a le jeu pour réussir sur toutes les surfaces. Ceci dit, au plus haut niveau, tout se joue sur des détails. Les meilleurs joueurs se tiennent dans un mouchoir. Il suffit parfois d’une blessure pour briser un élan. On l’a vu avec David à Roland-Garros. Mais aussi avec Murray, Djokovic, Wawrinka et tant d’autres."
Comment vivez-vous, personnellement, cette aventure au sommet du tennis mondial ?
"En tant que passionné de tennis, je savoure chaque instant. Il est évident que tout a changé pour moi. Comme coach d’un Top 10 mondial, je fais partie d’une sorte de microcosme. Mais je crois être aussi très lucide face à cette notoriété. J’essaie de faire au mieux mon métier avec des valeurs simples. Les mêmes que David."
Pourriez-vous entraîner un autre joueur après lui ?
"Je ne crois pas."
"Le calendrier ATP est démesuré"
Thierry Van Cleemput veut que David joue encore six ans au plus haut niveau.
David Goffin reprendra du service dans une petite semaine lors de la Hopman Cup qui se dispute à Perth (Australie). Après la Coupe Davis, le Liégeois a savouré quelques jours de vacances aux Maldives. Puis il a remis le cap sur sa résidence monégasque. "Comme chaque année, à cette époque, il a passé quelques tests médicaux. Puis il a repris le chemin de l’entraînement. Et il m’a épaté ! Par son envie, sa concentration, son niveau. On aurait pu l’imaginer en mode dilettante. Eh bien, pas du tout", résume Thierry Van Cleemput.
Après la Hopman Cup (où il fera équipe avec Elise Mertens), Goffin participera au Kooyong Classic, un tournoi exhibition qui servira de dernière préparation avant l’Open d’Australie. "David a beaucoup joué durant la deuxième moitié de l’année 2017. Du coup, il n’a pas eu droit à sa période de repos habituelle. L’objectif est donc de ne pas brûler les étapes. Idéalement, il devrait être au sommet de sa forme lors du tournoi d’Indian Wells, en mars."
Thierry Van Cleemput estime que le calendrier ATP est beaucoup trop chargé. "Les meilleurs joueurs sont obligés de participer à quasiment tous les grands tournois. C’est épuisant à tous les niveaux. Il ne faut pas s’étonner, du coup, de voir tant de champions blessés. L’idée est qu’en 2018, David dispute 22 tournois maximum (NdlR : il en a joué 25 en 2017). Il a 27 ans. Mon souhait est qu’il soit encore performant au plus haut niveau durant six ans. Et, pour cela, il faut rester raisonnable au niveau de la programmation."
Pour relever le défi, le staff a été renforcé. Le Dr. Maurice Joris, le kiné Patrice Wauthier et le préparateur physique Fabien Bertrand accompagneront régulièrement David Goffin et Thierry Van Cleemput sur les tournois.
"Il faut revoir le format de la Coupe Davis"
Thierry Van Cleemput a bien sûr suivi avec passion et fierté les exploits de l’équipe belge de Coupe Davis. Cela ne l’empêche pas d’être très critique sur le format de l’épreuve. "C’est une compétition épuisante physiquement et mentalement pour les joueurs et terriblement chronophage. Elle laisse évidemment des traces. C’est pour cela que tant de grands champions ne la disputent pas régulièrement. Personnellement, je trouve qu’il faut revoir son format et l’alléger. La Coupe Davis fait partie de l’histoire du tennis. J’adore le concept. Mais le modèle ne correspond plus aux exigences du calendrier de l’ ATP Tour …"
En 2018, la Belgique disputera son match de premier tour face à la Hongrie du 2 au 4 février à Liège, soit juste après l’Open d’Australie et avant les tournois de Montpellier, Rotterdam et Marseille. "David décidera, en âme et conscience, s’il y participe. C’est lui qui prendra la décision finale en fonction de son ressenti. Rien n’est définitivement décidé même si, pour le moment, l’épreuve est inscrite à son programme."