Arthur De Greef, après avoir fait le ménage dans son staff, s'est déjà imposé à Ostrava
Il y a deux semaines, il a viré Olivier Rochus et a été viré par l’AFT. Il est dirigé par Michel Bouhoulle. L’effet est immédiat : un titre à Ostrava.
- Publié le 08-05-2018 à 18h39
- Mis à jour le 09-05-2018 à 09h04
Il y a deux semaines, il a viré Olivier Rochus et a été viré par l’AFT. Il est dirigé par Michel Bouhoulle. L’effet est immédiat : un titre à Ostrava. Arthur de Greef va mieux. Merci pour lui. Le Bruxellois vient de remporter le tournoi Challenger d’Ostrava. Ce succès ne doit rien au hasard. Conscient qu’il s’enlisait dans sa traversée du désert, le talentueux belge a mis de l’ordre autour de lui pour repartir vers de nouvelles victoires.
Depuis ce set remporté sur le court Suzanne Lenglen contre Richard Gasquet en mai 2017, Arthur De Greef a sauté de déception en désillusion. La roue a tourné de manière cruelle. Les défaites appelant les défaites, il avait perdu son sens du jeu. Pire, le plaisir lui tournait le dos. Son litige avec la Fédé au sujet des primes de Coupe Davis est venu noircir un peu plus ce tableau.
Il y a deux semaines, Moody a tout changé. Il a viré son entraîneur Olivier Rochus. "Il n’avait plus la motivation de me faire un programme cohérent. Je devais m’entraîner à Bruxelles puis me taper Mons pour une heure de physique", se plaint de Greef. "Je m’épuisais sur la route."
Dans un même temps, Arthur De Greef a appris qu’il n’entrait plus dans les plans du centre tennis-étude de Mons. "Je n’ai plus le droit de me rendre au centre. J’avais un accord avec eux pour cette année. Ils se sont rétractés."
Son différend au sujet de la Coupe Davis a eu des répercussions lourdes pour sa carrière.
Aujourd’hui, il a décidé de prendre sa vie en main en se lançant comme joueur privé qui bénéficie encore d’une aide financière de l’Adeps. Ainsi, il s’est remué pour dénicher un entraîneur qui le remettrait sur le doit chemin : Michel Bouhoulle.
"J’avais d’abord besoin d’une nouvelle structure positive autour de moi", analyse le 219e joueur mondial. "Il me fallait retrouver un système d’entraînement performant. Je n’avais même plus envie de me rendre en tournoi. Autour de moi, rien n’était organisé. J’étais devenu mon manager, mon entraîneur et joueur."
Lâché par l’AFT, il a été repêché par Michel Bouhoulle. "Ce gars est super et motivé. Il est proactif. Moi, j’ai le tennis en moi. Lui, il m’apporte la dimension mentale. Il me répète toujours un mot, la niaque. Son discours est ultra-positif, ce qui me change en Belgique. Il pourrait me convaincre que je peux battre Nadal en finale sur le court Philipe Chatrier de Roland-Garros. Il est la personne qui me manquait."
Arthur de Greef a élu domicile au Bercuit, le club de son nouvel entraîneur. Il s’entraîne physiquement à l’Aspria, à Bruxelles. La roue tourne progressivement dans le bon sens.
"J’ai voulu tout arrêter"
Arthur De Greef a retenu les leçons de ces onze derniers mois maudits.
Ostrava est le point de départ de sa nouvelle carrière. À 26 ans, le temps presse. Il y a 12 mois, il surfait sur une belle vague qui l’a porté à la 113e place mondiale en juin dernier. À partir de juillet, il a sombré. Le changement d’année et le retour d’Olivier Rochus n’ont pas cassé cette spirale catastrophique.
De ces 11 mois de galère, il veut sortir plus fort. "J’ai d’abord retrouvé le plaisir. À Ostrava, j’ai livré un premier match moyen contre Stakhovsky, mais je suis resté calme et concentré. Mon niveau n’a cessé de monter jusqu’en finale."
Il a mieux défini les paramètres pour choisir ceux qui entrent dans son environnement direct. Il recherche un discours positif et une implication totale de tous. "Avec Michel Bouhoulle et mon préparateur physique Jérôme Launoy, nous nous appelons tout le temps. Ils planifient tout."
Il peut également compter sur l’apport de ses parents et de sa petite amie Chloé. "J’ai voulu tout arrêter à plusieurs reprises. Je n’étais même plus surpris de perdre à un premier tour. Ils m’ont écouté et soutenu. Je leur dois beaucoup."
Dans son discours positif, il préfère voir le bon côté de son divorce avec l’AFT. "Je suis libre de mes choix. J’ai mon destin entre les mains. Si je réussis, je ne le devrai à personne."
Dans un discours empreint de sagesse, il ne cache pas la difficulté qu’il a éprouvée à trouver sa place. Arthur De Greef est quelqu’un de fondamentalement gentil. Certaines personnes ont profité de cette faiblesse. "J’ai appris à moins écouter les gens. Je dois d’abord m’écouter. Je me suis toujours borné à suivre les conseils des autres. Par exemple, je cherchais un entraîneur qui ait été un ancien bon joueur. Je cherchais trop à écouter leurs tactiques en oubliant mes qualités. Désormais, je veux suivre mon instinct. Quand je ne réfléchis pas trop, je deviens meilleur."
Il retient aussi que son corps présente des limites. Si son talent est un absolu, il ne peut s’exprimer que dans un contexte précis. "L’an passé, j’ai commis l’erreur d’enchaîner huit semaines de tournoi pour atteindre le tableau de l’US Open. C’était ridicule. J’ai tout perdu. Moi, j’ai besoin de 2 à 3 semaines de tournois avant un break en famille pour me ressourcer. Mes choix ne doivent pas être dictés par les points."
Avoir touché le fond aide à relativiser. "Je gère mieux mes matches. À Ostrava, je dédramatisais en songeant à ma situation catastrophique un mois plus tôt. Je veux profiter de chaque moment. Je n’avais pas prévu de vivre une période si difficile. Je veux goûter à nouveau à des moments de grâce comme mon succès contre Cuevas à Rio, mon match contre Gasquet à Roland ou encore celui face à Zverev en Coupe Davis. Si tout se met bien, je peux retrouver le Top 150 dans 3 ou 4 mois. Je suis prêt à me battre pour retrouver l’excitation des tournois ATP", conclut celui qui a souvent été en contact avec Steve Darcis. "Il me conseille beaucoup."
Bordeaux si tout va bien
Après son titre à Ostrava, Arthur De Greef a rejoint la Belgique pour profiter de quelques jours de break avec, notamment, un mariage dans sa belle-famille. Il a introduit une demande de wild card pour le challenger de Bordeaux. Ensuite, il se rendra dans un challenger en Italie avant de prendre soit la direction d’une tournée en Europe, soit au Kazakhstan. "Mon but ? Je n’ai pas fait une croix sur le Top 100. Actuellement, je suis 219e à l’ATP, confie celui qui vient de bondir de 70 places. "À une semaine près, j’aurais pu intégrer le tableau des qualifs à Roland. C’est dommage. Si je retrouve un discours positif, je pourrais vite me rapprocher du Top 100."