Khachanov, un mix entre Safin et Del Potro
Formé à Moscou, Split et Barcelone, le Russe de 22 ans est sur le point de mettre le circuit ATP à ses pieds.
- Publié le 07-11-2018 à 11h19
Formé à Moscou, Split et Barcelone, le Russe de 22 ans est sur le point de mettre le circuit ATP à ses pieds. Karen Khachanov est né sous une bonne étoile. Il a évité de justesse l’âge d’or du Big Four durant lequel les Grands Chelems et les Masters 1000 se répartissaient entre Federer, Nadal, Djokovic et Murray. À 22 ans, le Russe monte en puissance à une époque où les "4 Fantastiques" ont repris un jeu à dimension humaine.
La Russie avait perdu voix au chapitre depuis les retraites de Marat Safin (2009) et de Nikolay Davydenko (2014), mais l’émergence de Karen Khachanov replacera le tennis russe sur la carte mondiale de l’ATP. En effet, la réussite du Moscovite à Paris Bercy ne restera pas sans lendemain. Paris n’est que le point de départ d’une nouvelle idylle entre les puristes et celui qui a tenu sa première raquette à l’âge de 3 ans. Il se limite alors à imiter son papa, Agbar, un ancien volleyeur qui lui a transmis un ADN sportif. Sa maman, Natalia, exerce sa profession de médecin.
Il passe par la case ITF avant de tenter sa chance en 2013 chez les grands. Il en profite pour battre un record de précocité en devenant le plus jeune joueur russe à jouer un match de Coupe Davis. Sur sa terre natale, il défie le temps en accrochant un quart de finale lors de l’ATP 250 de Moscou en battant lors de la VTB Kremlin Cup Janko Tipsarevic, troisième tête de série, pour se qualifier pour les quarts de finale de 2013. Le 808e joueur à l’ATP ne dispute que son deuxième tournoi professionnel. Il y a un mois, Moscou lui a encore souri vu qu’il s’est imposé en finale de son tournoi devant ses amis et sa famille.
Champion précoce, il remporte son premier challenger à Istanbul en 2015 et un second à Samarkand en mai 2016. Il enchaîne avec son premier titre ATP à Chengdu en octobre. Les portes du Top 100 s’ouvrent devant celui qui ne prévoit pas de s’arrêter en si bon chemin.
Il récolte le fruit des sacrifices consentis. Formé à Moscou, il a fait le choix de l’exil vers Split à 15 ans avant d’atterrir à Barcelone pour achever son processus de formation. En 2014, il remet sa destinée sportive entre les mains de Galo Blanco, un stakhanoviste qui flirte avec un perfectionnisme qui se marie avec la volonté du jeune Russe.
Depuis deux ans, Khachanov, passé sous la protection de Vedran Martic, ne peut plus se cacher. Il affiche clairement ses ambitions. Il livre de belles batailles face aux leaders du circuit sans toutefois connaître de réussite. Il coupera la tête de son premier Top 10, qui n’est autre que David Goffin lors du tournoi de Barcelone en 2017.
Avec ses 198 centimètres sous la toise, ce costaud de 87 kilos a chipé le service de Safin et le coup droit de Del Potro. Il répète en salle de presse ses objectifs. "Devenir n° 1 mondial et gagner un titre du Grand Chelem", confie Khachanov, qui incarne la renaissance russe avec Medvedev et Rublev, soit trois Russes de moins de 22 ans dans le Top 40.
Karen Khachanov, c’est un condensé de tout ce qu’un champion doit posséder : une tête froide, un brin de talent, une détermination sans faille, un physique robuste et un jeu technique complet. En plus, il ne cache pas son côté intello. Joueur d’échecs, il passe son temps libre à lire ou à étudier à distance en vue de l’obtention d’un diplôme en éducation physique à l’université de Moscou.
Si les finales entre Nadal et Federer étaient toujours attendues, celles entre Zverev et Khachanov le deviendront d’ici quelques années.
Le digne héritier de Safin
Les ressemblances entre les deux Russes sont frappantes.
En battant quatre joueurs du Top 10 en une semaine (Alexander Zverev, Dominic Thiem, John Isner et Novak Djokovic), Karen Khachanov a démontré qu’il s’inscrivait dans la lignée des futurs très grands. En un an, ce Russe de 22 ans a bondi de la 45e place à la 11e. Il ne cache pas son ambition de finir à la première place. Russe, costaud et grand (1,98 m), KK fait penser à un autre Russe, Marat Safin. L’ancien n° 1 était juste imprévisible au niveau de son attitude. Khachanov, encore tendre, n’ose pas encore se comparer à cette légende du sport russe.
"C’est à vous de me le dire", avait-il dit à Paris après sa qualification pour la finale. "Je dois encore travailler davantage pour parvenir à son niveau. C’était le numéro un mondial. J’ai encore un long chemin à parcourir avant d’y parvenir mais j’espère y parvenir", conclut celui qui est un grand fan de Marat Safin et de Juan Martin Del Potro. Deux grands cogneurs.
Son oncle est riche
Karen Khachanov ne s’est pas construit tout seul. Formé par Galo Blanco, il est passé sous la coupe de Vedran Martic, l’ancien coach de Goran Ivanisevic. Sa famille, aussi, a compté dans son développement. Alexander Zayonts, son oncle, qui était présent dans les tribunes parisiennes lors de son sacre, est membre du comité directeur d’une compagnie de grande distribution en Russie et dirigeant d’une entreprise de construction et de décoration intérieure. Ce richissime homme d’affaires a joué un rôle majeur lors des premiers pas pros de Karen en assurant le paiement des frais. Aujourd’hui, il en récolte les recettes.