"À Virton, je porte la casquette du méchant"
Âgé de 48 ans, Vincent Olimar est le nouveau directeur financier de l’Excelsior. Un poste ô combien important. Rencontre
- Publié le 20-09-2018 à 19h27
- Mis à jour le 21-09-2018 à 20h12
Âgé de 48 ans, Vincent Olimar est le nouveau directeur financier de l’Excelsior. Un poste ô combien important. Rencontre
Ancien joueur du RSC Athus et de Saint-Léger dans les années 90, directeur d’une société spécialisée dans le domaine comptable, fiscal, juridique et social, le principal intéressé tient compte de la réalité financière. "À moyen terme, le club devra savoir s’autofinancer", clame-t-il.
Vincent, votre arrivée avait déjà été évoquée par le passé. Sans aucun aboutissement…
"André Detaille, Xavier Maka et d’autres personnes m’avaient contacté au moment où Philippe Emond se retirait de la présidence - en décembre 2016. Philippe ‘himself’ m’avait aussi sondé si j’étais intéressé à entrer dans le Conseil d’Administration. Le timing n’était pas bon."
Pourquoi ?
"J’ai énormément de choses à effectuer au sein de ma société. Le projet était compliqué : trois, quatre, cinq ans au préalable, ma fiduciaire se chargeait de vérifier les comptes. J’avais été défendre la ‘licence’ à Bruxelles. Pas mal d’éléments ne me convenaient pas. Les dirigeants composaient avec les moyens du bord et je les comprenais. Voilà."
Quelques années plus tard, vous avez "craqué"…
"Le football m’intéresse. J’ai toujours été ‘dedans’. Sébastien Grandjean, qui est un de mes meilleurs amis, a été l’élément déclencheur. Il m’a exposé le projet. Flavio Becca que je ne connaissais pas ou si peu a achevé de me convaincre. Le courant est de suite bien passé."
Quel est votre rôle ?
"J’emprunte la casquette du ‘méchant’ et je dois mettre quelques ‘baffes’ au grand dam de Sébastien. J’essaie d’expliquer que si l’objectif sportif est important - monter au plus vite en D1B - il y a derrière la pérennité du club à assurer. Je rappelle souvent : l’Excelsior peut dépendre (à 70 %) d’un homme pour le moment - c’était indispensable pour remettre Virton en place - mais, à moyen terme, il est impératif qu’il s’autofinance. Les rentrées doivent couvrir les sorties. Cela ne se fera pas en un an ou deux.
Qui fait partie du conseil d’administration ?
"Nous sommes cinq : S. Grandjean, F. Lamotte, deux personnes proches de Flavio Becca et moi-même. Le comité exécutif a disparu. Des groupes de travail existent."
Un staff et 32 joueurs professionnels, des primes à payer, des mises au vert organisées, existe-t-il une limite financière ?
"Oui. Ce n’est pas la fête au village et 1 euro est 1 euro. Je ne suis pas hypocrite. Je dirai ceci. Avec les moyens mis en œuvre - rien n’est laissé au hasard -, rester en D1 amateurs n’est pas viable. Nous le savons. Le système économique peut, à mon sens, fonctionner si trois axes… fonctionnent."
Lesquels ?
"Augmenter grandement - bien plus que 2500 ! - la moyenne de spectateurs, s’appuyer sur l’Académie des jeunes et avoir un club super structuré, notamment pour aller chercher des sponsors."
Flavio Becca impose-t-il ses vues ?
"Nullement. OK, il est le levier qui permet tout ce qui se passe aujourd’hui. Pour autant, il est passionné, a des idées claires, précises. Tout est organisé. Oui, c’est très excitant. Je n’oublie pas le travail effectué par les dirigeants l’an passé. Ils ont passé leur temps à résoudre des problèmes financiers alors qu’en théorie tu viens dans un club pour passer du bon temps."
Désormais c’est le cas…
"Il a fallu remotiver les anciens, les fédérer. Ils ont compris que nous n’allions pas imposer nos vues. C’est notre premier grand succès. Étant actif au sein du foot, je n’avais pas conscience de tout ce qu’il est nécessaire de faire dans les coulisses. Le club qui est sur de bons rails doit aussi être celui d’une région (pr. Luxembourg, le GDL, un peu la France). Les gens allaient voir Sedan dans le temps. Pourquoi ne pas aller à Virton si il y a du spectacle ? Le foot est moins vendeur. On tente d’apporter autre chose."
Virton, est-ce "the place to be" ?
"On aura besoin de tout le monde. On ne réussira pas si simplement mais, oui, on croit à notre projet. Il n’est pas question d’une étincelle. Flavio Becca s’inscrit dans la durée."
“Win-win avec la commune”
Ce n’est pas un scoop, le stade Yvan Georges n’est pas du dernier cri.
“On procède à des aménagements tous les jours. Il faut tout de même savoir une chose : en cas de montée en D1B, les installations sont conformes même s’il y a des améliorations à apporter. On a rencontré les autorités communales en début de semaine. Virton leur amène une image positive et on place la ville sur la carte de la Belgique et ce en partie grâce au football. Nous sommes conscients qu’elle ne va pas débourser 1 million d’euros. Il faut être en bons termes, faire du ‘win win’. Chacun a tout à y gagner. Elle doit, par exemple, nous faciliter la tâche en termes d’autorisation, etc. Je vais couper court à des rumeurs : le souhait est d’utiliser au maximum les infrastructures actuelles et non de construire un nouveau stade.”
Les bénévoles reviennent au stade. Suivez notre regard. “Il en manque. On a demandé aux parents des enfants de l’Académie de venir une fois sur la saison assister à un match – leur progéniture monte avec les joueurs au coup d’envoi. Cette opération s’est super bien passée contre le RWDM. On la renouvelle face au Lierse.”
“Thomas Meunier est une personne facile”
“On m’avait demandé de rencontrer Thomas Meunier car il avait besoin de structurer sa carrière. Il jouait au FC Bruges. Le courant est bien passé. Thomas est quelqu’un de ‘facile’. On se contacte très, très souvent. Je n’ai pas assisté au match à Liverpool mais j’essaie d’aller le voir une fois tous les trimestres. Il pourrait y avoir des projets avec lui dans le futur. Il n’y a rien de concret aujourd’hui. Mais, le cas échéant, pas tant au niveau financier mais plutôt au fait de consacrer du temps – venir de temps en temps – à l’Académie et/ou que les jeunes puissent s’identifier à lui. On aura des projets dans ce cadre-là. Je m’occupe aussi de quelques (3) autres joueurs de l’équipe nationale, mais pas au même niveau. On intervient à différents points de vue à la demande de leurs conseillers. Pour en revenir à Thomas, je ne suis pas son agent, je ne me suis pas intéressé à son transfert. Je vais juste donner mon avis : fais-ci, fais pas ça. Avec la Coupe du Monde, il a pris un autre grade. Jouer en Angleterre est un souhait légitime. Je suis supporter d’Anderlecht et à l’occasion du double affrontement avec le PSG, il m’avait remis le maillot de Spahic. Cela m’a toujours fait rire.”