C’est le marathon de Vienne ce dimanche : pourquoi tant de sportifs de l’élite mondiale sont attirés par l’Autriche ?
Comment expliquer que les élites soient à ce point attirés par l’Autriche ces dernières années ? Par Vienne, en particulier. On y vient en villégiature. Parfois même, on y bat des records ! Zatopek a mené l’enquête !
- Publié le 19-04-2024 à 17h18
Tous les trois mois, le magazine Zatopek fait la démonstration qu’on peut parler de course à pied de façon surprenante, instructive, drôle et même émouvante quelques fois. À découvrir absolument pour tous ceux qui sont déjà coureurs. Et tous ceux qui ambitionnent de le devenir.
De l’avis de tous ceux qui l’ont visitée, Vienne est une ville tout à fait charmante. Notamment grâce à ses nombreux parcs et jardins. On n’a pas l’impression de se marcher les uns sur les autres malgré 1,9 million d’habitants.
Pour les coureurs à pied, l’endroit (qui accueille son marathon annuel ce dimanche 21 avril) est même idéal. Du centre de la ville, on peut facilement se rendre au superbe domaine du château de Schönbrunn, premier site touristique de la capitale. Ou alors, on préférera arpenter les allées du parc Prater tout en nourrissant sans doute une pensée émue pour le coureur kényan Eliud Kipchoge puisque c’est ici qu’en 2019, il a réussi son pari de courir un marathon en moins de 2 heures.
Kipchoge adore cette ville. D’autres sportifs de l’élite sont comme lui épris de Vienne. Au point qu’on se demande si cet attachement est seulement affectif ou s’il ne serait pas guidé par des pratiques moins avouables.
Un traitement à l’oxygène hyperbare
Sur place, on trouve en effet de nombreuses officines qui proposent un traitement à l’oxygène hyperbare. En clair, vous payez 100 euros environ pour vous faire enfermer 45 minutes dans un caisson de la taille d’une cabine de bronzage.
Pas d’ultra-violets, en l’occurrence. Avec un masque sur la figure, vous respirez un air constitué de 100 % d’oxygène pur !
Ce gaz diffuse alors dans le plasma sanguin grâce à une pression négative comparable à celle qu’on ressent lorsqu’on plonge à de grandes profondeurs. En général, on choisit de régler la machine entre un et deux atmosphères. Cela correspond à une immersion à quelques dizaines de mètres de fond. Certains appareils permettent néanmoins de descendre beaucoup plus bas. Jusqu’à quatre atmosphères ! La pression s’avère alors comparable à celle qui s’exerce à 300 mètres sous la surface de l’eau.
On ressort de ces séances complètement revigoré, paraît-il. Le taux de saturation de l’hémoglobine est évidemment à 100 %. Mais ce n’est pas le plus important. Une partie de cet oxygène inhalé sous haute pression s’est dissoute dans le plasma pour diffuser lentement dans les tissus.
Un avantage à l’effort ?
Est-ce que cela peut constituer un avantage à l’effort ? Les avis sont partagés. Officiellement, la réponse est non. Depuis 2010, l’Agence mondiale antidopage (AMA) a libéralisé l’usage de l’oxygène et campe sur une position de principe selon laquelle l’usage de ces caissons hyperbares est inefficace. Il n’y aurait donc pas de raison de les interdire.
Cela dit, plusieurs sources contredisent cette affirmation. En augmentant les taux d’oxygène plasmatique dix, vingt, trente ou même quarante fois, on pourrait bénéficier transitoirement d’une meilleure oxygénation musculaire, ce qui permettrait de pousser plus loin son organisme à l’effort ou de mieux récupérer, tout simplement.
Et pourtant, ils dopent !
Pour le moment, le recours à ces caissons n’est pas formellement interdit. Disons que leur statut n’est pas clair. Dans sa version de 2023, la liste rouge du dopage (chapitre M1) prévoit de sanctionner “toute manipulation intravasculaire de sang ou composant(s) sanguin(s) par des méthodes physiques ou chimiques”.
Considère-t-on le fait de s’enfermer dans un caisson pour respirer de l’oxygène pur comme une “manipulation physique” ?
Curieusement, non. Les centres autrichiens (on en trouve aussi en Allemagne et en Suisse) ont donc raison de parler de méthodes licites. Bien sûr, il se pourrait que cela change. Par le passé, les transfusions sanguines sont passées elles aussi par une période où leur usage était permis. N’est-ce pas, Francesco Moser ? On peut donc imaginer un prochain revirement des autorités. Le cas échéant, il faudra évidemment qu’on dispose d’une méthode efficace de dépistage. Cela s’annonce difficile dans la mesure où aucun produit exogène n’entre ici en ligne de compte.