Sébastien Chaigneau: "Nous sommes ce que l’on mange"
Le traileur français, 46 ans, est un exemple de longévité. L’un de ses secrets ? Une alimentation basée sur la qualité.
- Publié le 09-12-2018 à 14h33
- Mis à jour le 10-12-2018 à 10h13
Le traileur français, 46 ans, est un exemple de longévité. L’un de ses secrets ? Une alimentation basée sur la qualité.
Sébastien Chaigneau, bien qu’affichant 46 printemps au compteur et une vingtaine d’années de pratique du trail au plus haut niveau, tient encore la comparaison face à la relève. Le Français a aussi gardé une passion intacte de sa discipline et de la montagne en général. Une sortie en sa compagnie dans les Dolomites a suffi pour déceler son amour de la nature et sa soif de partage. Bien que venu sur place dans le cadre du "The North Face Festival" organisé par son sponsor, celui qui prend véritablement des allures de bouquetin une fois qu’il s’élance à l’assaut de dénivelé positif a fait le déplacement par pur plaisir, se comportant en véritable électron libre et allant aisément à la rencontre des passionnés. Malgré un palmarès long comme un bras sur lequel on trouve notamment deux podiums sur l’UTMB, Sébastien Chaigneau s’émerveille, avec intelligence, devant chaque représentant de la faune ou de la flore qu’il rencontre sur les hauteurs. Ce ne sont pourtant pas les sorties qui manquent dans son quotidien. "J’ai une charge d’entraînement assez lourde, mais bien calibrée, mesurée et variée en fonction de la saison et des objectifs", nous explique-t-il en partageant quelques foulées. "Cette planification me permet de bien récupérer et, donc, de pouvoir augmenter les effets positifs de l’entraînement. Cela va de pair avec à une saine alimentation."
Quelques mots qui ont ouvert notre appétit. Rencontre.
Vous évoquez directement l’alimentation. C’est un élément qui semble très important dans votre approche de la pratique du trail. Vous dites d’ailleurs que "nous sommes ce que l’on mange". Vous pouvez expliquer ce que cela veut signifie à vos yeux ?
"Oui, nous sommes ce que l’on mange ! À l’instar d’une voiture, on peut avoir un excellent moteur, si on y met chaque fois de l’essence de mauvaise qualité, elle va moins bien fonctionner sur la durée. Nous, c’est exactement la même chose. En fonction de la qualité des aliments que l’on va ingérer, notre corps va plus ou moins bien récupérer, dormir et, tout simplement, évoluer. Dans la pratique du running, surtout en ce qui concerne les longues distances, c’est à mon sens un élément primordial pour durer. Cela va permettre de briller plus longtemps en compétition, de mieux récupérer, de mieux endurer la charge d’entraînement. Bref, d’être plus performant."
Concrètement, devenir ce que l’on mange, comment cela se traduit-il dans votre quotidien ?
"Déjà par des aliments de haute qualité. Je consomme très peu de produits transformés, même quasiment pas. Je cuisine tous les jours, ma femme aussi. Mes enfants, qui ont 11 et 7 ans, ont toujours eu cette habitude de consommer des produits qui étaient conçus et préparés par nous. Encore moins des fast-foods, même si à un moment ils ont été demandeurs pour faire comme les copains. On les y a emmenés d’ailleurs mais, généralement, cela s’est mal passé, tant au niveau gustatif que digestif. Ils se sont fait leur propre expérience et ont compris d’eux-mêmes quels étaient les bons produits pour eux. Ils ont pris le réflexe de regarder ce qui est écrit derrière le paquet, malgré leur jeune âge, ce qu’il y a dedans. C’est une éducation qui permet de mieux comprendre les tenants et aboutissants de la qualité des aliments. J’ai aussi eu régulièrement cette discussion avec des gens de mon village. Au fil du temps, beaucoup d’entre eux ont transformé leur façon de produire, privilégiant la qualité sur la quantité."
Êtes-vous capable d’établir un lien entre votre mode de vie alimentaire et vos performances ?
"Oui, il y a obligatoirement des réactions de l’organisme par rapport à la façon dont nous nous nourrissons. Et cela influe tant sur les performances que sur la qualité de la récupération, indéniablement. À mon niveau, cela fait déjà vingt ans que je suis dans le monde du trail, et quinze ans dans celui de l’ultra puisque j’avais pris part à la première édition de l’UTMB, en 2003. (rires) Je suis persuadé que cette longévité n’est pas sans lien avec la façon dont je me nourris. Encore une fois, on est ce qu’on mange, tout simplement. À partir du moment où l’on met des aliments de qualité dans le corps, on a des résultats de qualité, même si ce n’est évidemment pas là l’unique chemin pour performer."
Mais se nourrir sainement, comme vous le prônez, est-ce si facile dans notre société d’aujourd’hui ?
"Cela demande de la volonté et un certain investissement, je dois le reconnaître. Il est aussi de plus en plus difficile de trouver des aliments de haute qualité qui sont disponibles en quantité. Car on veut toujours produire plus vite et en grosse quantité. Cela a tendance à abîmer les aliments et à les rendre, non pas impropres, mais difficiles à consommer et à assimiler par l’organisme. Je suis persuadé qu’il ne faut pas chercher beaucoup plus loin l’explication au développement de nombreuses maladies chroniques mais aussi au surpoids, surtout chez les enfants."
Faut-il dès lors, à votre sens, bannir certains aliments et habitudes de nos assiettes ?
"Je ne pense pas. Chacun doit être capable de faire la part des choses et ce n’est certainement pas à moi de dire qu’il faut supprimer la viande ou les produits laitiers de son alimentation. C’est une décision qui revient à chaque personne, à son niveau et en fonction de ses propres convictions. Et cela en essayant de limiter au maximum les influences extérieures, très nombreuses dans notre société. C’est un véritable cheminement. Plutôt que l’exclusion, je préfère suggérer de privilégier la qualité des aliments, sans en consommer en excès. Après, devenir végétarien ou vegan, c’est un choix que, à titre personnel, je trouve intéressant mais il faut toujours tenir compte de son historique avant de poser ce choix. Je pense en tout cas qu’il ne faut pas avoir peur d’essayer les choses pour se faire sa propre idée."