Ayrton Senna vu par les Brésiliens : "Comme si nous avions perdu un proche"
La diaspora brésilienne de Belgique se souvient de leur héros tombé il y a 30 ans ce 1er mai.
- Publié le 01-05-2024 à 16h17
Trente ans. Une période à la fois si courte et si longue en même temps. Quand Ayrton Senna a eu rendez-vous avec son destin en ce funeste 1er mai 1994, le Brésil tout entier s’est arrêté. Déjà vénéré de son vivant, "Magic" a été canonisé en disparaissant tragiquement. Encore aujourd’hui, le nom Senna vibre aux oreilles des Brésiliens, y compris ceux ayant choisi de faire leur vie loin de leur pays natal.
Qu’ils soient jeunes ou moins jeunes, fans de Formule 1 ou pas, un mot revient dans la bouche de tous ceux que nous avons rencontré : respect. "Senna est une référence pour de nombreux Brésiliens", nous explique Kasller M., âgé de 40 ans. "En plus d'être au-dessus du lot en tant que pilote, il répondait au besoin de la nation d’avoir un héros. Les politiques ont fait trop de misères au peuple. Le succès d’Ayrton Senna et sa rage de vaincre ont fait qu’il a été farouchement adulé". Y compris pour ceux qui sont nés des années après la disparition du grand Ayrton, l’empreinte du Pauliste demeure très forte. "Nous avons entendu parler de lui dès l’école", confie Welington B., 22 ans. "Au Brésil il y a des cahiers scolaires qui s'appellent Senninha, nous avons donc toujours entendu parler du grand Ayrton !".
Au moment de l’accident, je pensais qu’il allait s’en sortir. Il m’a fallu du temps pour réaliser qu’il était mort.
Les images de Brésiliens en pleurs à l’annonce de la mort d’Ayrton font le tour d’internet. Ce n’est pas un euphémisme de dire que la disparition brutale du héros national fut un véritable traumatisme. "C’était il y a 30 ans, mais je me souviens de tout, poursuit Kasller. Il pleuvait ce jour-là dans le Nord-Est du Brésil d’où je suis originaire. Je regardais la TV avec mon père. Au moment de l’accident, je pensais qu’il allait s’en sortir. Mais quand on a appris qu’il était mort deux heures plus tard, il m’a fallu du temps pour réaliser. J’ai pleuré et mon père m’a embrassé. Mes voisins étaient là aussi. Nous sommes restés debout jusqu’au bout de la nuit où les programmes TV ne parlaient que de lui. Sa mort nous a tous touchés. C’est comme si nous avions perdu un proche. Même après 30 ans, les images de son accident et de sa mort sont encore difficiles à regarder pour moi".
Penser au Brésil et ne pas se souvenir d'Ayrton Senna est une insulte !
En rejoignant le paradis des pilotes, Senna est devenu éternel et continue d’être une référence pour le peuple brésilien qu’il chérissait tant. "Ayrton représente pour nous tous le plus haut niveau existant de concentration, de persévérance, de confiance, de maîtrise et de perfectionnisme, insiste Evelin L., 26 ans. Même ceux qui ne suivaient pas la F1 l’avaient comme idole. Il a donné une identité au Brésil. Penser au Brésil et ne pas se souvenir d'Ayrton Senna est une insulte ! Il m'inspire à aller au-delà du maximum de moi-même dans toutes les situations de la vie. Parce qu'il a fait exactement cela de son vivant".
Et Kasller de conclure : "La vérité est que le Brésil s'arrêtait le dimanche matin pour regarder les GP. Senna nous rendait fiers d’être Brésiliens alors que le pays était en plein chaos politique et économique. Avec Pelé, il est une légende nationale".
Senna sempre !