6H de Spa: Cache-cache avant Le Mans
Échec interdit pour Toyota, seul face à lui-même
- Publié le 05-05-2018 à 12h35
- Mis à jour le 05-05-2018 à 12h36
Échec interdit pour Toyota, seul face à lui-même. Même sans Audi ni Porsche, le grand spectacle des 6H de Spa, première manche du WEC, reste exceptionnel. Voir seize prototypes (les Ginetta LMP1 ne rouleront probablement pas) escalader le Raidillon dans un vrombissement ahurissant, zigzaguer entre les GT au coude à coude et défiler à plus de 300 km/h sur Francorchamps donne toujours des frissons.
Sous le soleil, vous serez encore des dizaines de milliers ce samedi après-midi (départ à 13 h 30) à vous balader tout au long des 7 km du plus beau circuit du monde pour assister à ce que l’on a coutume de qualifier de répétition des 24 Heures du Mans.
Mais à vrai dire, plus que jamais cette année, c’est surtout à une grande partie de cache-cache que vont se livrer dans notre Ardenne les huit protos LMP1. À six semaines du double tour d’horloge, sachant que l’organisateur a annoncé que l’EOT (Équivalence de Technologie) pourrait encore être revue afin d’équilibrer au mieux les débats dans la Sarthe, personne ne veut réellement dévoiler son jeu. Ni Toyota, le seul constructeur encore engagé dans la catégorie de pointe, ni les quatre écuries engagées avec des prototypes privés dépourvus de système hybride.
Les Japonais ont peur de perdre certains de leurs avantages en écrasant trop la concurrence et leurs rivaux espèrent qu’on puisse encore leur lâcher la bride pour qu’il y ait un semblant de match.
Le Mans a toujours été marqué par des duels entre des grandes marques. Mais cette année, Toy sera seul face à personne. Ou plutôt à lui-même. Avec cette fois l’interdiction formelle de perdre. Et sur 24 h, ce n’est jamais gagné d’avance… Pour sauver le championnat, il faut donner l’illusion que ce n’est pas joué d’avance. Mais personne n’est dupe. Comment imaginer qu’avec cinq fois plus d’expérience et trois fois plus de budget, Toyota pourrait s’incliner face à SMP, Dragon Speed ou Rebellion ?
"Au Mans, on a notre chance, estime le triple vainqueur André Lotterer. Car la fiabilité sera primordiale. Et la ligne droite des Hunaudières nous sera favorable. Mais sur les courses de 6 h, sauf accident, on ne peut pas les battre. Ils sont plus rapides sur un tour et bénéficient d’une meilleure autonomie."
On a certes lâché du lest pour que les privés se rapprochent à un peu moins de deux secondes des protos Hybrides pour la Rebellion de Lotterer-Jani-Senna. Mais pas assez pour qu’ils soient réellement dangereux. Sportivement, il y aura donc trois courses.
Celle entre les deux Toyota pour savoir si Fernando Alonso (associé à Sébastien Buemi et Kazuki Nakajami) peut transformer son coup d’essai en coup de maître. Des TS050 Hybrid, en pole grâce à Kamui Kobayashi et Mike Conway (2 gros dixièmes plus vite que l’an dernier tout de même sur la moyenne des deux tours pour la meilleure des Toyota mais à une demi-seconde de la la pole 2017 de Porsche) que l’on priera de ne pas trop dominer l’épreuve spadoise afin de préserver l’illusion. Celle pour la troisième place entre les LMP1 privés voire les meilleurs LMP2. Et puis, surtout, la lutte en GT où là on retrouve cinq constructeurs sortant des sapinières pour se livrer à une vraie bataille à armes quasi égales.
Une Toyota disqualifiée, Alonso en pole !
L’info est tombée tard hier soir. La Toyota N°7 des polemen Kobayashi-Conway-Lopez a été disqualifiée suite à une erreur administrative (mauvaise identification du débitmètre permettant à la FIA de contrôler la quantité d’essence utilisée par tour). Du coup, c’est la voiture N°8 pilotée notamment par Fernando Alonso qui s’élancera en pole. L’autre Toyota et seule rivale ne pourra s’élancer de la pitlane qu’une fois que la dernière des GT aura bouclé son 1er tour.
Chez Aston, avantage Martin
Ford devant Porsche en GT, les Vantage à plus de deux secondes.
La vraie baston, la lutte la plus acharnée sans doute, aura lieu entre les dix GTE-Pro représentant cinq constructeurs avec une trentaine de fines gâchettes professionnelles.
À ce niveau-là, normalement, la BOP automatique en vigueur est bien calibrée, du moins entre les marques déjà présentes l’an dernier. En témoigne l’écart de 87 millièmes à peine en qualifications entre les deux Ford GT (la pole pour la n°67 de Ticknell-Priaulx-Kanaan) et la Porsche de Bruni-Lietz. Avec une moyenne sur deux tours de 2.12.947, on est allé deux secondes plus vite qu’en 2017. C’est dire si ici personne n’en a gardé sous la pédale…
Battues par la plus rapide des BMW M8 GT (Blomqvist-Da Costa), les Ferrari 488 Evolution ont quelque peu déçu. Mais elles joueront sans doute le podium. On ne peut pas en dire autant d’Aston Martin, seule marque décrochée avec les nouvelles Vantage GTE 8e et 10e à plus de deux secondes !
Seule (belle) consolation pour Maxime Martin, pour son baptême du feu en vert, il a été le plus rapide des pilotes Aston, le Bruxellois devançant son expérimenté équipier Johnny Adam de 2 dixièmes.
"2.1 de moyenne, 2.6 avec le meilleur tour, on est loin quand même, constatait Max. J’ai fait un bon tour, pas parfait. J’aurais pu gagner 2 ou 3 dixièmes. Pas plus. Il nous reste du travail, mais la BOP doit aussi être ajustée."
Info ou intox ? Et si là aussi on en gardait un peu sous le pied pour obtenir quelques avantages et défendre plus facilement son titre au Mans mi-juin ?