C'est comment, un clasico sans Messi ?
Parcourir des kilomètres, franchir l'océan dans l'espoir de voir Lionel Messi... pour rien: la blessure de l'attaquant argentin a plongé dans un profond désarroi ses supporters, dont certains ont dépensé de petites fortunes pour assister au clasico Barcelone-Real Madrid dimanche.
- Publié le 28-10-2018 à 13h02
- Mis à jour le 28-10-2018 à 14h26
Parcourir des kilomètres, franchir l'océan dans l'espoir de voir Lionel Messi... pour rien: la blessure de l'attaquant argentin a plongé dans un profond désarroi ses supporters, dont certains ont dépensé de petites fortunes pour assister au clasico Barcelone-Real Madrid dimanche.
Les deux grands d'Espagne s'affrontent (15h15 GMT) au Camp Nou pour leur premier duel de la saison, le 239e de l'histoire, mais c'est la première fois depuis 2007 que ni Messi ni Cristiano Ronaldo ne seront sur la feuille de match. Il y a eu 35 clasicos depuis celui de 2007, remporté 1-0 par le Real sur un but de Julio Baptista, et Messi en a illuminé un certain nombre au point de devenir le meilleur buteur de l'histoire de ces confrontations (26 buts).
Sauf que cette fois, le génie argentin devrait être en tribune, le bras en écharpe en raison d'une fracture du radius qui l'éloignera des terrains jusqu'à mi-novembre. Et c'est tout le "barcelonisme" qui est en deuil. "Nous continuerons à vendre des maillots de Messi même 20 ans après sa retraite et cela sera encore le cas dimanche", prophétise un vendeur sur son stand installé Carrer d'Aristides Maillol, le long de l'enceinte du Camp Nou, juste avant le match face à l'Inter Milan mercredi (2-0).
C'est quoi, un clasico sans Messi, alors ? "No hay", répond-il ("Cela n'existe pas.")
Cette affirmation semble évidemment téméraire: 116 ans d'histoire ont nourri la légende du clasico depuis que les deux clubs se sont affrontés pour la première fois en 1902, lors d'un match de coupe. Deux cents de ces confrontations ont eu lieu sans Messi, et beaucoup d'autres devraient avoir lieu après lui.
Obsession
Mais à 31 ans, la star argentine n'a peut-être plus beaucoup d'années de carrière devant lui. Chacun espère donc voir Messi au moins une fois dans le match de clubs le plus suivi au monde (environ 600 millions de téléspectateurs attendus).
Et les grimaces de douleur de "La Puce" samedi dernier contre Séville (4-2) ont sans doute arraché des cris d'effroi à 8.000 km de là, à Whitehorse, dans le nord du Canada, où vit un des supporters les plus acharnés de l'attaquant. Myles, qui a fait inscrire "MESSI" sur sa plaque d'immatriculation, supporte le Barça depuis six ans, ce qui veut dire qu'il n'a connu que l'ère Messi. "Je me considère comme un supporter du Barça mais j'ai une obsession autour de Messi", reconnaît-il. C'est la raison pour laquelle Myles et sa compagne ont déboursé 500 euros chacun pour s'offrir des billets pour le clasico de dimanche. Plus 1.600 dollars canadiens (environ 1.000 euros) pour le billet d'avion et 19 heures de voyage.
"Dire que j'étais en état de choc lorsqu'il s'est blessé est un euphémisme", peste Myles, et ce n'est pas une question d'argent. "Si on m'avait garanti que Messi jouerait, j'aurais payé plus de 2.000 dollars pour les billets."
Et comme se rapproche petit à petit le jour où Messi jouera son dernier clasico, ces supporters du bout du monde commencent à redouter le temps qui passe, à l'image de Lucas, originaire des États-Unis.
'Jusqu'au plus profond de l'âme'
Ce Texan a choisi de venir en Espagne pour fêter ses dix ans de mariage. Il se rendra seul au Camp Nou dimanche, après avoir versé 1.400 dollars américains (1.200 euros) pour un billet VIP. "Je savais que ce serait une opportunité unique dans ma vie", explique Lucas. "Je pensais que ce serait la première fois, et sans doute la seule, que je verrais Messi jouer."
Pas de chance. Et pas de chance non plus pour Marta et son frère Javier, débarqués de Tenerife, aux îles Canaries. "Nous soutenons le Barça mais nous adorons Messi", souligne Marta. "Nous voulions voir le meilleur joueur de l'histoire. Sa blessure contre Séville nous a tellement déçus."
De plus loin encore, Laucha est Argentine, originaire de la petite ville de Viedma, en Patagonie. "Je suis une supportrice de Boca Juniors et le coût du voyage est considérable, mais Messi, c'est Messi. Tout cela m'a fait mal jusqu'au plus profond de l'âme."
Et dans ce concert de lamentations, l'Anglaise Samantha, mère d'un garçonnet de 8 ans fan absolu de Messi, se contenterait d'une miette de la star: "Peut-être pourrait-il simplement