Un air de déjà-vu à Munich, le Real-isme madrilène s’en sort encore : “le Real a fait ce qu’il fait avec tout le monde”
Après le partage entre le Bayern et le Real (2-2), tout se décidera mercredi prochain à Madrid.
- Publié le 01-05-2024 à 08h09
- Mis à jour le 01-05-2024 à 08h37
Pourquoi changer un plan qui fonctionne ? Être capable de souffrir, mais pas trop. Plier, mais ne jamais rompre. Puis répondre quand on s’y attend le moins. C’est ce qu’a réussi à faire le Real Madrid ce mardi soir dans une Allianz Arena bouillante qui vivait son dernier match à enjeu de la saison et qui avait pour l’occasion décidé de rendre hommage à Franz Beckenbauer – décédé en janvier dernier – avec un tifo extraordinaire.
Le Kaizer n’aurait en revanche pas apprécié ce qu’il a vu sur le terrain en première période. On ne parle pas de l’intensité dingue mise dès la première minute et l’envoi de Sané arrêté par Lunin. Ni des autres grosses opportunités qui ont déstabilisé à plusieurs reprises la défense madrilène. On parle plutôt du terrible placement défensif de Min-jae Kim sur l’ouverture du score de Vinicius Junior (24e : 0-1).
"Il a été juste trop gourmand, beaucoup trop gourmand, a enragé Thomas Tuchel après le match à propos de son défenseur central. Je pense qu’il veut avoir un triangle défensif, mais ce n’est pas possible. Le triangle défensif fonctionne lorsque le chemin de course venant de l’extérieur passe par l’arrière. Mais participer au contre-mouvement de manière aussi agressive avant que le ballon ne soit joué est trop gourmand.”
Heureusement, son équipe a réagi tout de suite après sa causerie de la mi-temps. D’abord via une percée exceptionnelle de Leroy Sané sur le flanc droit (53e : 1-1). Puis via Harry Kane qui a transformé le penalty provoqué par Jamal Musiala (56e : 2-1) pour devenir le premier Anglais à inscrire huit buts sur une campagne de Ligue des champions. “Notre meilleur moment a été le début de la seconde mi-temps et c’est à ce moment-là qu’ils ont marqué deux buts contre nous”, remarque Carlo Ancelotti qui a dû faire monter Luka Modric et Brahim Diaz pour relancer son équipe.
Dans ces moments où ils pensent que nous sommes morts, c'est là que nous sommes plus concentrés.
”Kroos a joué un très bon match et Bellingham avait des crampes mais j’avais besoin de jambes fraîches et quelque chose devait changer. J’ai des outils sur le banc et je dois profiter d’eux”, a expliqué l’entraîneur madrilène qui a profité d’une nouvelle erreur de Kim – cette fois une faute sur Rodrygo – pour voir Vinicius égaliser sur penalty (83e : 2-2). "Dans ces moments où ils pensent que nous sommes morts, c’est là que nous sommes plus concentrés et nous pensons toujours que quelque chose pourrait arriver”, pointe Rodrygo qui résume la force de ce formidable pouvoir dont bénéficie à nouveau le Real Madrid cette saison.
Invaincus à l’extérieur en Ligue des champions, les Merengues sont devenus maîtres dans l’art de la maximisation de leurs occasions. Surtout à l’extérieur. Depuis les huitièmes de finale, le Real n’a cadré que dix tirs (trois contre Leipzig et City, quatre au Bayern) mais inscrit quatre buts. L’inverse est aussi vrai : la défense madrilène parvient à contenir de manière spectaculaire les assauts adverses : une moyenne de 1,3 but encaissé à l’extérieur cette saison (huit au total en six matchs) alors que l’expected goals atteint les 2,17 buts.
Le Bayern a montré sa meilleure version, nous seulement partiellement.
”Nous savons que nous n’avons pas montré notre meilleure version, mais au final nous n’avons pas perdu”, insiste Rodrygo. “Le réalisme fait beaucoup. Vous ne pouvez pas vous permettre de commettre des erreurs. Nous les avons dominés mais avons commis des erreurs”, pointe le directeur sportif bavarois Max Eberl, suivi par Thomas Tuchel : “le Real a fait ce qu’il fait avec tout le monde. Deux buts sur deux occasions. C’est étrange. Mais maintenant, c’est clair : nous avons besoin d’une victoire et ensuite nous irons à Wembley.”
Le Bayern y croit en tout cas fermement. “Nous étions la meilleure équipe et avons eu les meilleures occasions. Nous avons vu que nous sommes plus que capables de tenir le rythme. Nous pourrons également le faire la semaine prochaine”, se motive Joshua Kimmich. “Nous pouvons tirer beaucoup de choses positives, mais nous sommes prêts pour un grand match la semaine prochaine à Madrid. J’ai hâte d’y être”, acquiesce Harry Kane, même si Carlo Ancelotti prévient déjà : “le Bayern a montré sa meilleure version, nous seulement partiellement”.
Le top : Vinicius Jr.
Jamal Musiala et Leroy Sané ont aussi été excellents côté bavarois, alors que Toni Kroos a été l’homme de la première période. Mais avec ses deux buts, Vinicius Jr. a une nouvelle fois été l’homme de la rencontre. Deux fois en profitant des erreurs de Min-jae Kim. D’abord en filant dans son dos sur le 1-0, puis en transformant le penalty obtenu grâce à la faute du Sud-Coréen sur Rodrygo.
Le flop : Lucas Vazquez
Dani Carvajal étant suspendu, son compatriote Lucas Vazquez a dû s’occuper du flanc droit madrilène, le côté où traînait souvent Jamal Musiala. Et l’Allemand a véritablement mis la misère à l’Espagnol. C’est d’ailleurs dans un aveu de faiblesse que Vazquez a accroché Musiala sur le penalty du 2-1. En fin de match, il a encore souffert lorsqu’Alphonso Davies a pris le relais du flanc gauche. Côté bavarois, Min-jae Kim a également été en grande détresse.
Bayern Munich : Neuer, Kim, Kimmich, Dier, Mazraoui, Goretzka (46e Guerreiro), Laimer, Musiala, Sané (87e Davies), Müller (80e Gnabry), Kane.
Real Madrid : Lunin, Nacho (65e Camavinga), Rüdiger, Mendy, L. Vazquez, Kroos (76e B. Diaz), Tchouaméni, Valverde, Bellingham (75e Modric), Rodrygo (87e Joselu), Vinicius Jr.
Arbitre : M. Turpin (Fra).
Avertissements : Mazraoui, Kroos, Kim, Vazquez.
Buts : 24e Vinicius Jr. (0-1), 53e Sané (1-1), 57e Kane sur pen. (2-1), 83e Vinicius Jr. sur pen. (2-2).