Senna Miangue: "Les entraînements sont aussi difficiles au Standard qu’en Italie"
Parti rapidement à l’étranger, Senna Miangue doit (re)découvrir le football à la belge.
- Publié le 10-09-2018 à 11h01
Parti rapidement à l’étranger, Senna Miangue doit (re)découvrir le football à la belge.
Senna Miangue traverse une situation paradoxale : il est né à Anvers, défend les intérêts de l’équipe nationale belge mais est pratiquement considéré comme un étranger tant il est parti tôt - il y a cinq ans - à l’étranger. Sa cote de popularité est donc bien plus importante en Italie, où il a joué pour l’Inter Milan et Cagliari, qu’en Belgique, où les supporters commencent à peine à faire sa connaissance. "Personnellement, je me suis toujours senti belge. La Belgique, c’est ma maison", sourit-il. Le gaucher, titulaire avec le Standard la semaine dernière, doit quand même s’adapter à un nouvel environnement. Ce qui n’est pas tout le temps évident.
Adaptation à une préparation à la belge
"Physiquement, les entraînements étaient très difficiles en Italie… mais au Standard, ce n’est pas mal également (sourire) . Nous avons beaucoup couru durant la préparation et nous continuons d’ailleurs à le faire. La semaine avant le déplacement à Eupen, nous sommes allés dans les bois pour un jogging de plus ou moins huit kilomètres. Mais c’est pour le bien de l’équipe. Après, le football reste du football, même si la culture peut parfois quelque peu varier. En Italie, le jeu est avant tout basé sur la défense alors qu’à Liège nous essayons de jouer très offensivement, avec un rythme rapide. C’est une adaptation."
Adaptation à une nouvelle position
"Lors d’un match de préparation à Louvain, Michel Preud’homme m’a aligné comme médian défensif. Quand je suis entré dans le vestiaire juste avant la rencontre et que j’ai vu mon nom au milieu de terrain, j’ai été un peu choqué (rire) . Je n’avais jamais joué là-bas mais j’ai pris cela comme une bonne occasion. C’est important d’être polyvalent et le coach était content. Il m’avait déjà testé à cette position à l’entraînement, même si, aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Personnellement, je suis habitué à jouer à gauche mais je dois accepter et m’adapter à ce que l’entraîneur décide."
Adaptation au championnat belge
"Au début de saison, c’était difficile de ne même pas être sur la feuille de match mais cela appartient désormais au passé. Je ne suis jamais revenu d’Italie en pensant que ce serait simple d’avoir ma place au Standard. Ce n’est pas ma mentalité. Bien entendu, j’ai envie de jouer mais je suis quelqu’un de patient et j’essaye simplement de bien m’entraîner. Je suis tranquille dans ma tête, c’est pour cela que je ne veux pas me faire de soucis. Mon premier match à Eupen a été mitigé. J’ai fait ce que je devais faire durant la première période, même si c’était possible d’en faire encore davantage. Et, par la suite, j’ai souffert comme le reste de l’équipe. Sur le deuxième but eupenois, je voulais simplement jouer le hors-jeu mais cela n’a pas marché. Je ne veux pas évoquer un quelconque manque de rythme car ce n’est pas une excuse, je m’entraîne comme les autres."
Adaptation aux stades belges
"Ce n’est pas difficile de jouer dans des plus petits stades qu’en Italie car, pour moi, tous les terrains sont les mêmes. OK, c’est impressionnant de jouer à San Siro mais, franchement, je ne fais pas attention à tout cela. Je trouve que les supporters du Standard ressemblent fortement à ceux de Cagliari car ils soutiennent leur équipe de la première à la dernière seconde, alors qu’à l’Inter cela pouvait être assez calme pendant une rencontre. À Sclessin, c’est juste incroyable tout le bruit qu’on peut entendre."
Adaptation à la vie à la belge
"J’habite à Hoeselt, dans le Limbourg. C’est un chouette village car c’est loin de tout… et, en même temps, c’est près de tout. Je suis à cinquante minutes d’Anvers et je ne suis pas trop éloigné de Maastricht ou Liège. Vivre là-bas me permet de rester au calme, de me concentrer sur moi-même. Les habitants de Hoeselt commencent à me reconnaître et ils sont assez étonnés que je séjourne ici. Maintenant, on commence aussi à me reconnaître à Anvers et à Liège, ce qui était plus souvent le cas en Italie. Quand ils reconnaissent un joueur, les Italiens sont plus chauds, ils vont souvent l’interpeller alors que les Belges regardent et saluent de loin. C’est mieux comme cela (sourire) ."
"Ma carrière aurait été différente avec De Boer"
Une titularisation contre Bologne et deux montées au jeu face à Palerme et la Juventus : Senna Miangue avait parfaitement entamé la saison 2016-2017 avec l’Inter Milan. Mais le départ précipité de Frank De Boer a considérablement freiné son parcours milanais. "Oui, ma carrière aurait été différente s’il était resté mais cela appartient désormais au passé. C’est la vie, c’est le football", dit-il. "Je sais qu’il a soufflé mon nom du côté de l’Ajax mais il ne m’a pas contacté lorsqu’il a été engagé à Crystal Palace."
"Personne ne jouait avec moi au Basket"
Avec son physique de basketteur, Senna Miangue n’était pas spécialement prédisposé à s’installer sur le flanc défensif d’un club professionnel. Et, à vrai dire, il n’y a pas tout de suite songé. "Quand j’étais plus jeune, je me rendais au parc avec mon ballon de basket sous le bras mais tous les autres jouaient au football. Je visais donc le panier mais je devais aller rechercher le ballon", confesse-t-il.
Cette passion pour le basket le poursuit encore aujourd’hui, alors qu’il a baigné dans le football dès son plus jeune. Son papa, Bonifance, était international au Congo-Brazzaville. "Mais ce n’est pas lui qui m’a poussé vers le football", dit-il. "Mes parents ont rapidement divorcé et le nouveau compagnon de ma mère entraînait ses frères et ses cousins. Vers mes onze ans, je lui ai demandé de m’apprendre le football car j’en avais marre d’être tout seul au basket. Il m’a fait pleurer tellement ses séances étaient difficiles !"