Rits revient à Bruges où il n’était plus qu’un bouche-trou : “Mats, c’est pile le joueur qui manque au Club cette saison”
Milieu de terrain le plus utilisé par Brian Riemer, Mats Rits réalise une magnifique saison, loin des projecteurs. De quoi donner des regrets à Bruges de l’avoir laissé filer à la concurrence.
- Publié le 04-04-2024 à 18h01
Ce n’est pas prouvé scientifiquement mais ça ne fait aucun doute : Mats Rits est l’Anderlechtois dont on parle le moins dans les médias cette saison. Personnalité discrète qui ne cherche pas la publicité, l’Anversois de 30 ans évolue dans l’ombre de milieux plus créatifs. Mais personne n’a joué plus que lui dans l’entrejeu. Un titulaire qui ne sort jamais du onze (sauf quand Brian Riemer fait tourner, à la RAAL en Coupe et au RWDM) dans le secteur le plus concurrentiel du noyau mauve.
Un statut que beaucoup n’imaginaient pas quand Jesper Fredberg a déboursé deux millions en août dernier pour le sortir d’un Club Bruges où il n’était plus qu’un bouche-trou, celui qui était capable de jouer partout au milieu mais qui n’était numéro un nulle part. “Laisser partir Rits, qui plus est chez un concurrent, c’est la plus grosse erreur de Bruges au mercato d’été, lâche un observateur avisé de notre championnat. La direction a préféré privilégier un garçon comme Onyedika parce qu’il a plus grosse valeur marchande et qu’il devrait rapporter dix-quinze millions dans les prochains mois. Mais Rits serait bien plus utile au Club actuellement.”
Laisser partir Rits, c'est la plus grosse erreur de Bruges au mercato d'été.
Une position partagée par Rudi Cossey, dans le staff brugeois quand Rits avait débarqué de Malines en 2018. “Mats, c’est pile le joueur qui manque au Club cette saison. Bruges a de très bons footballeurs mais uniquement des garçons qui veulent se mettre en évidence. Il manque d’un travailleur de l’ombre. Mats, c’est le ciment qui permet de monter les jolies briques.”
Edward Still, bras droit d’Ivan Leko en 2018, était au cœur du réacteur brugeois quand Rits avait été recruté. “On voulait un milieu belge et on avait dressé une short-list de trois joueurs. Mats était le choix numéro un. C’est facile d’expliquer pourquoi : il a des qualités physiques impressionnantes, un volume de jeu exceptionnel mais aussi de grosses qualités d’explosivité et de vitesse. Une combinaison pas simple à trouver. À terme, il venait pour remplacer Vormer comme box-to-box.”
Là aussi, Rits est arrivé discrètement. Et là aussi, il a vite conquis le staff. “Vous savez, il y a un signe qui trompe rarement, reprend Still. Aux petits jeux d’opposition à l’entraînement, tout le monde voulait avoir Mats dans son équipe. Ça dit beaucoup de sa mentalité de grand compétiteur. En plus d’être un très chouette gars apprécié par tout le monde dans un vestiaire.”
On avait d'abord essayé de mettre Vormer en 6 mais c'était une cata. Rits a brillé directement.
Quand Marvelous Nakamba, le milieu défensif, se blesse dans cette saison 2018-2019, le staff s’interroge. “On a d’abord essayé de mettre Vormer comme numéro 6 mais c’était une catastrophe, explique Still. On a alors mis Mats et ce fut une évidence. Il a brillé, preuve de sa grande intelligence de jeu. Il comprenait parfaitement ce qu’il allait se passer. Il anticipait tout, grâce à sa vitesse et son métier. On le faisait jouer comme seul 6 dans un 3-5-2 et il coupait tous les angles.”
Un Timmy Simons dans le rectangle
L’ancien meneur de jeu prometteur de l’Ajax qui devait succéder à Ruud Vormer se retrouve subitement porteur d’eau. Pour beaucoup, ça aurait été une claque pour l’ego. “Pas pour Mats, explique Cossey. Il a pris conscience de ses limites et a compris qu’il pouvait beaucoup aider l’équipe d’une autre manière.” Still approuve. “Le mot qui vient en premier à l’esprit quand on pense au caractère de Mats, c’est humilité. Il est là pour gagner en équipe, pas en ne pensant qu’à sa propre carrière.”
À Anderlecht, Rits est encore moins dans la lumière qu’à Bruges. Malgré ses qualités offensives, il a des stats faméliques : 0 but et 1 assist. Loin des 41 actions décisives en cinq saisons au Club (23 buts, 18 assists). Parce qu’il a moins de liberté. “Mais là encore, Mats prouve à quel point il est intelligent, précise Still. Il a toujours été performant dans le rectangle offensif, il sentait où le ballon allait tomber. Cette qualité, il a réussi à la transférer dans le rectangle défensif quand il a changé de rôle. Il me fait penser à Timmy Simons à ce niveau.” Et Cossey conclut. “Mats ne sera jamais le joueur le plus élégant sur le terrain mais qu’est-ce qu’il est utile. Les supporters et les journalistes ne le remarquent pas toujours mais les entraîneurs l’adorent.”
Dimanche pendant le Topper, il n’est pas impossible que le staff brugeois se fasse aussi la réflexion.