Anderlecht : comment Killian Sardella est passé de joueur sifflé à chouchou du Lotto Park
Killian Sardella a été élu homme du match face à l’Antwerp grâce à son but et à une énorme prestation.
- Publié le 02-04-2024 à 10h00
- Mis à jour le 02-04-2024 à 10h33
Un monde sépare deux dates. Le 25 juillet 2021, Killian Sardella s’est fait huer par son propre public après avoir offert le 0-1 à l’Union. Il est passé à côté de son match au point d’être remplacé à la pause par Vincent Kompany. Le 30 avril 2024, il a été acclamé et le public a scandé son nom pour son premier but ce samedi face à l’Antwerp.
La traversée du désert
Le chemin a été long. Une traversée du désert qui a duré plus de 18 mois et qui s’est arrêtée à l’arrivée de Brian Riemer. Le coach danois n’a pas caché son admiration pour le Bruxellois dont il vante la mentalité. “99 % des joueurs ne seraient jamais revenus après avoir été sifflés par son stade. ” En 2021, nous avions d’ailleurs posé la question à Geoffrey Claes, hué par tout le public à plusieurs reprises. Il était tombé en dépression.
Killian Sardella n’en a pas été loin mais n’a jamais baissé les bras. “Il ressentait une appréhension de jouer devant ses supporters, expliquait sa maman Cécile Mbamba il y a un an. Il recevait d’ailleurs beaucoup de messages négatifs. Des insultes, même. Je le poussais à extérioriser. J’étais sa psychologue privée. Sa force mentale a fait la différence à cette époque. Killian était devenu le mouton noir de sa génération, mais le matin, il se levait et allait au club sans râler. ”
Le cadeau de Riemer
Il a également joué de malchance avec un syndrome des loges – une blessure aux mollets – dont personne ne comprenait les causes ni les conséquences et qui l’a finalement forcé à passer par la case opération.
Riemer lui a dit qu'il aurait dû le mettre sur le banc mais a décidé de le laisser pour sa confiance
Une libération pour celui qui avait “l’impression de jouer avec des bottines” car ses pieds s’endormaient durant le match. Elle est concomitante à l’arrivée de Brian Riemer. Sardella, par son abattage et ses qualités techniques, a tapé dans l’œil de son nouveau coach.
Le Danois lui a fait franchir un cap en le poussant plus loin physiquement et en lui offrant une confiance de tous les instants. Après une bourde en début de saison, Sardella a eu une discussion avec Riemer. L’entraîneur lui a fait comprendre qu’il lui faisait une fleur en ne le sortant pas de l’équipe. La condition était qu’il lui rende sa confiance. Sardella, en dehors de son absence de deux mois pour blessure, n’a plus déçu.
La course avec Debast
Son but victorieux face à l’Antwerp a été une sorte de consécration après pas mal de frustration. “Le plus bizarre est qu’en Challenger Pro League, j’ai marqué trois fois en trois matchs. En D1, je sentais que je me rapprochais d’un but mais ça ne venait pas. J’avais déjà essayé du pied droit et du pied gauche et ça ne marchait pas, donc j’ai essayé du genou et c’est rentré”, plaisante-t-il. Même Zeno Debast l’avouait : “Ce n’était pas supposé être Killian à la conclusion. ”
Deschacht avait aussi dû attendre longtemps avant de marquer; le compteur de Debast est toujours bloqué à 0.
Sardella est apprécié dans le vestiaire et ça s’est senti après le match. Tous lui sont tombés dans les bras. Même Debast qui sait pourtant que ses prochaines semaines vont être difficiles. “On se charriait beaucoup avec Killian à ce sujet car on n’avait pas encore marqué. Il va m’ennuyer avec ça, je le sais. Mais maintenant, c’est à mon tour de marquer. ”
Sardella a dû attendre son 95e match pour mettre son nom au marquoir. Debast en est à 88. L’espoir existe encore pour le défenseur aux cheveux peroxydés d’être plus précoce que son équipier. La patience est une vertu obligatoire chez les défenseurs formés à Neerpede. Olivier Deschacht avait dû attendre près de 80 matchs avant de trouver le chemin des filets.