Les souvenirs mauves de Sofiane Hanni : “Pour aller à Moscou, j’ai dit à Roger Vanden Stock que j’en avais marre des supporters qui me sifflaient”
Sofiane Hanni ouvre le livre à souvenirs de sa période en Pro League.
- Publié le 29-02-2024 à 15h04
- Mis à jour le 29-02-2024 à 15h05
Six ans après son départ de la Belgique, Sofiane Hanni suit toujours notre championnat qui ne le laisse pas insensible. Celui qui reste le dernier joueur à avoir soulevé un trophée pour Anderlecht a accepté de replonger dans ses souvenirs belges et de parler de l’actualité des Mauves qu’il chérit toujours autant. “J’aurais adoré jouer avec Verschaeren. On aurait été complémentaire”, prévient-il.
Sofiane, en mai prochain, cela fera une décennie que vous avez débarqué en Belgique. Comment êtes-vous arrivé dans notre championnat ?
”Après mon départ de Nantes, j’ai réalisé trois saisons en D2 turque. Ça marchait bien pour moi. J’avais 23 ans, mais je me voyais réaliser toute ma carrière là-bas. J’avais déjà réalisé mes calculs financiers et c’était bon. Puis Olivier Renard a provoqué le premier gros tournant de ma carrière.”
À quel point a-t-il été important pour vous ?
”Un agent proche de lui, Jean-Charles Parot, travaillait avec un gars qui venait de Nantes. Le petit m’avait connu durant ma formation et ne m’avait pas lâché. En voyant mes statistiques en Turquie, il a glissé mon nom à Renard qui était le directeur sportif de Malines.”
Les négociations se déroulent facilement à l’époque ?
”Olivier vient me voir à Ankara. Le hic, c’est qu’il y avait deux clubs dans la ville et moi j’évoluais dans celui qui était en D2. Nos terrains d’entraînements se situaient à la campagne. Il a pris le taxi. Le conducteur était un villageois qui ne parlait pas un mot d’anglais. Quand il a vu le stade, il s’est demandé où il était et il a dit au taxi 'tu restes avec moi tout le match' en lui donnant un paquet de pipes à sol salées, un genre de cacahuètes (rires).”
Renard a donné un paquet de pipes à sol salées au taxi pour qu'il reste avec lui.
Quelles sont les raisons de votre adaptation rapide en Belgique ?
”J’ai diminué mon salaire de 25 %, mais je me suis senti directement chez moi à Malines. Je m’étais rapproché de ma famille et le public m’a vite adopté.”
Après deux saisons réussies, vous rejoignez Anderlecht lors de l’été 2016.
”Mais à ce moment-là, je pouvais signer partout en Belgique. Dans ma tête, ça a pourtant toujours été mon souhait d’évoluer sous le maillot mauve. C’est le Real Madrid de Belgique. Le club belge qui disputait toujours la Ligue des champions à l’époque.”
Les discussions ont vite abouti ?
”Les dirigeants m’avaient invité à un Clasico puis lors de la trêve avant les playoffs 1 en mars 2016, je vais avec mon père au domicile d’Herman Van Holsbeeck. Il y a MM. Vanden Stock et Besnik Hasi que je n’aurais finalement pas comme coach (il sera remplacé par René Weiler lors de l’intersaison). Et ça s’est fait très vite.”
C’est dingue que vous soyez, sept ans après, toujours le dernier joueur d’Anderlecht à avoir soulevé un trophée.
”Je me souviens qu’à la fin de l’entrevue chez Herman, il m’avait prévenu 'C’est bien beau. On a négocié, pas de problème mais là, ça fait deux ans que l’on n’a pas été champion. C’est beaucoup trop'. Les mentalités ont changé.”
Racontez-nous votre départ au Spartak Moscou en janvier 2018 après une saison et demie chez les Mauves.
”Financièrement, c’était beaucoup mieux et je ne perdais rien sur le plan sportif car le Spartak disputait aussi le titre et la Ligue des champions chaque saison. Le problème, c’est qu’Anderlecht ne voulait pas que je quitte le club. Dendoncker et Tielemans étaient partis durant les mercatos précédents. Lors des derniers matchs, j’avais offert les victoires contre Gand (1-0) et à Genk (0-1) et au match suivant, je suis suspendu et on fait match nul à domicile contre Waasland (2-2). Je ne savais pas comment annoncer aux dirigeants que je désirais partir. Et un pote malin m’a conseillé de dire que j’en avais marre de la frange des supporters qui me sifflaient.”
Quelle a été la réaction de la direction ?
”C’était vrai en plus. Et Roger m’a compris. On était deuxième et il m’a dit que si je partais, on perdait toutes nos chances d’être champion mais que ses joueurs étaient comme ses enfants et qu’il voulait que je sois heureux.”
Vous n’avez pas eu peur de vous blesser lors de votre dernier match au Standard ?
”Le Spartak me mettait la pression. Les dirigeants russes avaient peur que je joue. Je me suis posé aussi beaucoup de questions puis Herman ne m’a pas laissé le choix. Je me souviens de ces mots. 'Tu vas jouer, tu vas marquer et tu vas nous faire gagner là-bas'. Finalement, on a fait match nul mais j’ai offert le plus beau cadeau de départ avec un triplé.”
Avec quel partenaire vous avez adoré jouer à Anderlecht ?
”Deschacht. C’était important d’avoir un mec comme ça pour gagner des titres. Et aussi Trebel, Tielemans et Dendoncker.”
Et l’adversaire qui vous a posé le plus de souci ?
”Je vais vous surprendre. Même moi je trouve ça bizarre. C’était la charnière de Charleroi avec Dessoleil et Martos. Martos m’énervait car il lisait bien le jeu. Je préférais affronter des profils plus physiques comme Luyindama.”
L'adversaire le plus dur ? Même moi, je trouve ça bizarre. La charnière Dessoleil-Martos.