Frank Boeckx: "Je vais arrêter ma carrière à Anderlecht"
Frank Boeckx, enfin titulaire ce jeudi à Zagreb, a déjà parlé avec la direction d’une prolongation de contrat : "Mais le but est d’être numéro 1."
- Publié le 13-12-2018 à 08h20
- Mis à jour le 13-12-2018 à 11h07
Frank Boeckx, enfin titulaire ce jeudi à Zagreb, a déjà parlé avec la direction d’une prolongation de contrat : "Mais le but est d’être numéro 1." Il a offert le titre de la saison 2016-2017 à Anderlecht, mais on n’entend plus parler (de) Frank Boeckx, cloîtré sur le banc depuis l’arrivée de Thomas Didillon. Mais ce jeudi à Zagreb, Boeckx (32 ans) pourra enfin montrer ce qu’il vaut. Et donc, il a aussi pu donner sa première interview de la saison. Avec lui comme interlocuteur, on ne s’ennuie jamais.
Enfin, vous aller jouer.
"J’ai autant envie de jouer ce match-ci que tous les autres. Je veux tout jouer. Si on ne veut pas jouer, il ne faut pas être footballeur."
Ce n’est pas un cadeau empoisonné ?
"Il n’y a plus d’enjeu. Si les joueurs ne savent pas se motiver pour jouer un match européen et empocher une belle prime européenne avant la Noël… Moi, en tout cas, j’entamerai le match comme si c’était une finale. J’espérais déjà jouer contre Trnava, qui ne comptait plus pour rien non plus. En vain."
Vous avez joué un match, contre l’Union.
"Je râlais parce que je sentais que tout le monde n’était pas aussi motivé. Non, je n’ai pas trop gueulé à la mi-temps. On n’avait déjà pas de confiance dans cette période. Si on aboie, c’est encore pire. C’était mon anniversaire, ce jour-là. C’était un beau cadeau…"
Vous n’avez plus qu’un an de contrat.
"J’aurai 33 ans. C’est trop tôt pour arrêter le foot. Je veux coûte que coûte prolonger mon contrat. Tant que je suis en bonne santé et que mon dos tient le coup, j’aimerais continuer. À Anderlecht. J’ai décidé que j’arrêterai ma carrière ici."
Ah bon ? Avez-vous déjà parlé d’un nouveau contrat ?
"Oui. Mais j’ai encore un an et demi de contrat et je sors d’une blessure grave. Ce ne serait pas intelligent de me faire signer maintenant. Et personnellement, je serais gêné d’avoir un nouveau contrat de deux ans sans pouvoir jouer. Et comprenez-moi bien : je veux rester à Anderlecht avec l’ambition de jouer. Je ne me contente pas du poste de numéro 2."
Il paraît que ça va chauffer à Zagreb.
"J’aime ça. Surtout quand le public adverse siffle, comme à Bruges. La dernière fois que j’y ai joué, c’était moins agréable. Là, c’est des ‘olé, olé’ que j’ai entendus quand on a perdu 5-0. J’aime des ambiances de grands stades comme celles du Bayern ou du Celtic. Les supporters du Celtic se rapprochent le plus des meilleurs fans au monde, ceux de Liverpool, mon club."
Espérez-vous convaincre Vanhaezebrouck que vous méritez d’être le numéro 1 ?
"Quand on a été champion, j’ai aussi débuté avec le statut de numéro 2. Je ne me fais pas encore de soucis. Il n’est pas encore trop tard pour jouer à Zagreb, rester au but, faire de fantastiques playoffs et être champion."
Et si vous retournez sur le banc ?
"Cela pèse. J’avoue que je dois me forcer pour être de bonne humeur en arrivant au club. Mais je le fais, parce que je ne suis pas un égoïste. Je suis un joueur d’équipe. L’équipe ne doit pas sentir que je suis de mauvaise humeur. Mais les gens qui pensent que je ne suis plus ambitieux se trompent. Je n’apporte rien sur le terrain, j’essaie donc d’être utile en dehors. Je n’en veux pas à Didillon, parce que ce n’est pas lui qui décide. C’est le boulot du coach. Et si je tire la gueule et que je pourris l’ambiance, le coach me dira : ‘Allez, va tirer la gueule dans le noyau B.’"
"L’ambiance avec Sels était moins bonne"
Boeckx s’entend bien avec Didillon, mais il refuse de dire qui est le meilleur.
Didillon ou Boeckx ? Boeckx ou Didillon ? Hein Vanhaezebrouck a attendu le premier match de championnat avant de dévoiler qui est son numéro 1. "Durant la préparation je sentais déjà que je serais numéro 2 , dit Boeckx. Premièrement parce que j’avais été blessé. Deuxièmement parce que j’étais toujours dans l’équipe B lors des matchs amicaux."
La malchance de Boeckx, c’est que Didillon est le meilleur transfert d’Anderlecht. Il sourit. "Il y en a d’autres qui jouent bien. Non, j’avoue que Thomas a peu de reproches à se faire. Comme chaque gardien, il a fait ses erreurs et il a ses points de travail. Mais il reçoit la confiance, et il répond présent."
Est-il un meilleur gardien que Boeckx ? "Joker… Si je chante ses louanges, j’affaiblis ma propre position. Si je le descends, on va me prendre pour un connard frustré (sic)."
Et si on demande une comparaison avec ses prédécesseurs ? "Disons qu’il est celui avec la valeur marchande la plus élevée, répond Boeckx. Proto était très bon mais avait déjà un certain âge. Sels était loué de Newcastle et était difficile à monnayer. Ce que je peux aussi dire, c’est que l’atmosphère à l’entraînement est bien meilleure cette saison que la saison passée. Thomas est un gars très sympa, un collègue avec qui je peux bien rigoler et bavarder. Il est un concurrent, mais on ne se frappe pas exprès des mauvaises balles à l’entraînement. Avec Proto, j’avais aussi un bon contact."
Mais donc pas avec Sels. C’est un secret de polichinelle : il y avait des tensions entre Sels et lui. "L’ambiance était moins bonne, oui. C’était peut-être ma faute. Sels avait une autre personnalité que moi. Moi, j’espère par exemple que Thomas jouera bien, et vice versa."
"Oui, j’ai craint la fin de ma carrière"
Boeckx revient de loin après sa blessure au dos. "J’ai été opéré d’une hernie en mai 2016. La rééducation s’est bien passée. J’avais même rejoué en Ligue des champions la saison d’après. Mais soudainement, j’ai eu une rechute. Une nouvelle opération était exclue. Je suis allé plusieurs fois chez le médecin du Bayern Munich. Finalement, il y a eu un problème de communication entre lui et le staff médical d’Anderlecht. On me prenait pour un paresseux parce que je ne voulais pas faire certains exercices. Je me suis disputé avec nos médecins. Mais j’ai écouté mon corps et maintenant, je n’ai plus mal du tout, sauf quand je suis longtemps dans la voiture. Le club va d’ailleurs me fournir une voiture avec un siège plus haut. Si j’ai craint la fin de ma carrière ? Oui. Un spécialiste belge m’a dit : si la thérapie n’a pas d’effet et que tu ne veux pas être un handicapé du dos pour la vie, il faut arrêter le football. C’est dur…"
"Je peux tout dire à Bakkali et je l’ai fait"
Boeckx n’a que 32 ans et est déjà le plus vieux dans le vestiaire. S’il avait été papa très jeune comme Sterling, il aurait pu avoir Doku (16 ans) comme fils. "Incroyable que je sois le plus vieux (rires). Quand moi j’étais jeune, 30 à 32 ans, c’était la moyenne d’âge à Saint-Trond. Boffin avait 39 ans. J’essaie de donner des conseils aux jeunes. Et j’ai l’impression qu’ils m’écoutent. Même un Bakkali. Son manque d’engagement à l’entraînement à la veille du match contre Charleroi et même lundi lors des exercices physiques pour les non-titulaires me dérange. Je lui ai dit à ma manière. Pas de façon agressive, mais j’essaie de le toucher dans son amour-propre. je lui ai dit qu’il ne se rend pas un service en étant ainsi. Moi, je peux tout lui dire. Je crois que je ne serais pas un mauvais coach. C’est pour cela que je commence à suivre des cours. Mais on verra bien…"
"Le 23, c’était pour honorer Milojevic"
Depuis cette saison, Boeckx ne porte plus le numéro 23 mais le 1. Une volonté de Luc Devroe qui ne veut plus que le 23 soit porté dans le club où il travaille en hommage au regretté François Sterchele. "Autre sujet, s’il vous plaît", sourit Boeckx. "Je vous explique. Moi, j’aimais bien le 23. Je l’ai choisi pour honorer Zvonko Milojevic (NdlR : l’ex-gardien serbe qui est paralysé), un vrai Sportingman. Et parce que le 23 est un numéro emblématique. Beckham l’a porté, Michael Jordan aussi. Je le préfère au 12. Mais Anderlecht m’a demandé de prendre le 1. Peut-être parce que Didillon voulait le 16, je ne sais pas. Pour le moment, le numéro 1 est numéro 2, je le sais. Mais au fait, mon numéro n’est pas important. Il est sur mon dos, je ne le vois donc pas. C’est comme mon visage : je ne le vois pas. S’il ne te plaît pas, c’est donc ton problème, pas le mien (il éclate de rire)."