Rencontre avec Makarenko, premier transfert de Coucke à Anderlecht: "Mon exemple? Modric, l’extraterrestre!"
Première interview avec le premier transfert de Coucke : le sympathique Yevheni Makarenko, Maka pour les amis.
- Publié le 26-07-2018 à 09h24
- Mis à jour le 26-07-2018 à 09h25
Première interview avec le premier transfert de Coucke : le sympathique Yevheni Makarenko, Maka pour les amis. Yevheni Makarenko (27) a l’honneur d’être le tout premier transfert de Marc Coucke comme président d’Anderlecht. Le 14 avril, déjà, Coucke tweetait : "Bienvenue Yevheni !" Le prix de Makarenko était limité : 1,2 million.
Plus de trois mois plus tard, le sympathique Ukrainien donne sa première interview, en exclusivité à La DH. Tant il a séduit ses coéquipiers (dont Trebel) lors de la préparation, tant il nous convainc avec son discours à la fois intéressant et rigolo.
On peut vous appeler Maka ?
"Oui, c’est mon surnom depuis que je joue au football. Même Vanhaezebriuck m’appelle ainsi. Le temps que le coach dise Yevheni, le ballon est déjà dans notre propre but (Rires)."
En parlant de ballon dans votre propre but : les supporters d’Anderlecht se souviennent de votre autobut avec Courtrai au Parc Astrid après un temps record de 27 secondes.
"Je le sais (rires) . Je ne suis pas fier de ce record. C’était un sale centre d’Anderlecht, et je l’ai mal dévié. Ce sont des choses qui arrivent, mais j’en ai été malade. Mes amis ont dû me remonter le moral. C’était le moment le plus noir de ma carrière, après ma grave blessure au tendon d’Achille, en 2015. Le match après cet Anderlecht - Courtrai, Glen De Boeck ne m’a plus mis à l’arrière gauche, mais dans l’entrejeu. J’étais lancé."
Vous êtes le nouveau ‘6’ d’Anderlecht ?
"Pas vraiment. À tour de rôle, Trebel, moi ou un autre pouvons nous aventurer en attaque. Mais l’autre doit rester. En fait, depuis mes six ans, j’ai été formé en tant que médian à Kiev. Mais j’ai dépanné à l’arrière gauche, et j’ai joué trois ou quatre ans à ce poste."
On entend que deux clubs allemands - dont Schalke - vous voulaient aussi.
"Ce sont des choses qui ont été dites, mais leur intérêt n’était pas concret. Anderlecht me voulait vraiment, et je suis content d’avoir signé ici. Le coach fédéral d’Ukraine, Andrei Shevschenko, m’a déjà sélectionné en mai (Ses quatre autres sélections dataient de 2014) . Il est clair qu’Anderlecht peut relancer ma carrière en équipe nationale, où je compte trois capes, en 2014. Hélas !, à la fin de la saison passée, j’ai dû déclarer forfait suite à une petite blessure."
Vous avez choisi le numéro 5, le numéro de Biglia, qui jouait à votre poste et qui est maintenant au Milan AC.
"Ah oui ? Je l’ignorais. Le club m’a proposé quelques numéros libres, et j’en ai discuté avec ma famille. Je vais essayer de répondre aux attentes de ce numéro 5. Mais mes véritables exemples sont Iniesta et Modric. Ce sont des extraterrestres. J’ai trouvé Coutinho aussi très bon au Mondial, mais il est plus offensif que moi."
Modric a été élu meilleur joueur. Nous trouvons que Hazard méritait ce prix.
"Parce que vous êtes Belges (rires) . J’avoue que la Belgique aurait mérité de jouer la finale."
Cela vous fait quelque chose de débuter le championnat à Courtrai, votre ex-club ?
"Quand j’ai entendu cela, j’ai cru que c’était une blague. Je serai doublement motivé. Même si je n’ai pas de revanche à prendre. Après 20 ans au Dinamo Kiev - j’y ai débuté à six ans - je voulais changer d’environnement. Malgré mes matches en Ligue des Champions, seul Courtrai était intéressé (NdlR : Il avait été proposé à Genk et Gand) ."
Allez-vous fêter un éventuel but ?
"Non, je dois montrer du respect envers Courtrai. Je devrai d’abord essayer de ne pas me tromper de vestiaire (rires). Et il faut encore que je marque. Je n’ai mis que deux buts dans ma carrière, via des tirs de loin. Je sens que - grâce à cette position - j’en marquerai plus à Anderlecht… Mais il faut d’abord que je hausse mon niveau de jeu. Les autres disent que j’ai bien joué en préparation? Moi, je ne suis pas encore content de moi..."
"J’ai appris à cuisiner via skype"
Il est enfin réuni avec son épouse Tatjana et son fils Alexander.
Quelques minutes après la fin du match Anderlecht - Rennes, Makarenko a fait sa réapparition sur le terrain, avec son fils, Alexander. "Il a un an et un mois", dit Makarenko. "Il commence à marcher. C’est génial."
À Courtrai, Makarenko a connu des mois difficiles. Tatjana, son épouse, et Alexander ne recevaient qu’un permis de séjour de trois mois. "J’ai donc dû voir mon fils grandir via skype", dit l’Ukrainien. "Et ma femme m’a donné des cours de cuisine via skype. Je ne savais pas cuisiner mais je ne voulais pas aller tous les jours au restaurant."
Depuis le Nouvel An, la famille habite ensemble en Belgique. Le papa de Yevheni, lui, suit ses matches via livestream depuis Kiev. "Il s’appelle aussi Alexander. Il est mon plus grand supporter. C’est lui qui m’a inscrit au Dinamo quand j’avais six ans. Il a 53 ans mais joue encore au football dans une compétition pour vétérans. Leur niveau est plus que correct. Plusieurs anciens professionnels - comme le blond Mykhaylychenko qui a aussi joué au Rangers - jouent avec lui."
Sa maman, elle, a moins le temps de suivre ses matches. "Elle travaille au siège central de Nike à Kiev. Je sais qu’Anderlecht est sponsorisé par Adidas, mais je suppose que le club ne m’en voudra pas…"
"Mbokani, il était un peu fou"
Makarenko a affronté Kompany et Mertens en Ligue des Champions.
Makarenko a gagné deux titres et deux coupes d’Ukraine avec Kiev. Et il a joué avec quelques anciens Anderlechtois, dont Iakovenko - devenu agent de joueurs - et Mbokani. "Sacha est un ami", dit Makarenko. "Et il était un très bon footballeur. Tout comme son papa. Je n’étais pas encore né, mais mon père parle souvent de lui. Il était international en URSS."
Et Mbokani ? Makarenko sourit et réfléchit avant de répondre. "Mbokani était un peu un fou. Parfois, il était... bizarre. Il osait faire la guerre avec le coach. Mais quel bon attaquant ! Il a été si important que cela pour Anderlecht ? Je ne savais pas. Je m’entendais bien avec lui. Il m’a donné un assist pour un des deux buts que j’ai inscrits pour Kiev. D’ailleurs, je crois que Mbokani vient encore souvent à Bruxelles, où il a une maison. Je vais essayer de lui dire bonjour."
Makarenko a participé à deux campagnes de Ligue des Champions. Il a joué quatre matches : contre Manchester City (1-3), contre Naples (1-2), à Naples (0-0) et à Benfica (1-0). "Contre City, avec Kompany, j’ai senti combien le niveau était élevé. Et contre Naples aussi. Exceptionnellement, je jouais comme arrière droit, et mon adversaire direct était Mertens. Il permutait sans cesse avec Callejon. On a souffert…"
En 2013, il a joué en Europa League contre Genk. "On a perdu 3-1. Un des Genkois était Kumorzi, qui était mon coéquipier à Courtrai la saison passée. Quatre ans plus tard, il s’est bien moqué de moi… (Rires)"
Sa sœur, danseuse en Croisières: "Elle a vu le monde entier mais me conseille la Polynésie française"
La sœur de Makarenko a une tout autre vie que son frère. "Pendant dix ans, elle a été danseuse professionnelle à bord de bateaux de croisière, dit Makarenko. Elle vient d’arrêter parce qu’elle est enceinte. Mais elle a vu tous les plus beaux endroits au monde. Le pays qu’elle me conseille de visiter ? Il y en a plusieurs, mais elle était surtout charmée par la Polynésie française. Ce sera peut-être pour après ma carrière…"
Ses études: "Mes diplômes universitaires ? Parce que je suis un footballeur…"
Quand on parle avec Makarenko, on sent qu’on a en face de soi un garçon intelligent. Tout comme Vincent Kompany, il a un diplôme d’université. "J’ai un diplôme d’ingénieur et puis de droit, explique Makarenko. Comment j’ai pu combiner ma carrière professionnelle avec des études ? En fait, c’est impossible. Je n’ai jamais pu aller aux cours, j’ai juste participé aux examens. En principe, c’est impossible de réussir. Mais vu que je suis un footballeur, ils m’ont laissé passer… (petit sourire)"
Son passe-temps: "En allant à Anvers, j’ai déjà vu des étangs où je peux pêcher avec Vranjes"
Le passe-temps de Makarenko, c’est la pêche. "Quand on aura un jour de congé, je vais peut-être aller chercher un étang où je peux passer quelques heures, dit-il. La fois passée, en allant à Anvers, j’ai vu quelques étangs intéressants. J’en ai déjà parlé à notre Bosnien Ognjen Vranjes, il est aussi passionné par la pêche. Ce que je pêche ? Généralement le corégone blanc. En Ukraine, je mange ce que je pêche. Je ne sais pas si on a la même habitude ici…"