Comment Pieter Gerkens s'est imposé à Anderlecht: "Chez les jeunes, à Genk, un coach l'a surnommé Müller"
Pieter Gerkens n’est pas grand dribbleur, n’est pas très rapide et n’est même pas très costaud. Mais il figure parmi les meilleurs Anderlechtois cette saison avec son profil qui rappelle la star du Bayern Munich.
- Publié le 03-05-2018 à 07h29
- Mis à jour le 03-05-2018 à 08h07
Pieter Gerkens n’est pas grand dribbleur, n’est pas très rapide et n’est même pas très costaud. Mais il figure parmi les meilleurs Anderlechtois cette saison avec son profil qui rappelle la star du Bayern Munich. Vous êtes-vous déjà demandé quelle était la vraie position de Thomas Müller sur le terrain ? Si vous suivez Anderlecht cette saison, vous vous êtes alors certainement déjà posé la même question à propos de Pieter Gerkens.
Depuis sa première apparition avec le Sporting fin août, il a déjà connu… 6 postes différents : milieu offensif, milieu défensif, ailier droit, ailier gauche, attaquant de pointe et même back droit en fin de match contre Gand en playoffs. Et il n’a jamais déçu. Dans le pire des cas, il a fait un match correct.
Mais revenons à notre question initiale : quel est le vrai poste de Müller au Bayern Munich ou en sélection allemande ? Müller lui-même a un jour apporté la réponse : "Je suis un raumdeuter." Un terme allemand que l’on pourrait traduire par "interprète de l’espace". En gros, on met Müller sur le terrain et il ira où son instinct, son sens du jeu et sa discipline tactique lui dictent d’aller. Avec le bonheur que l’on connaît.
Toutes proportions gardées, Gerkens est aussi un raumdeuter. "Pieter n’est pas le joueur le plus rapide. Il n’est pas non plus le plus technique. Encore moins le plus fort physiquement. Pour sortir du lot, il doit donc être plus malin que les autres. Sa force, c’est son sens tactique", explique André Gerkens, son papa.
À bientôt 23 ans , Pieter Gerkens ne devrait-il pourtant pas essayer de se fixer à un poste précis pour la suite de sa carrière ? "Non, surtout pas", répond Steven De Petter, son équipier à Saint-Trond l’an passé. "Pieter est capable de jouer partout parce que c’est un garçon intelligent, fort tactiquement et qui sent bien le jeu. Pour un coach, c’est une bénédiction d’avoir un tel joueur."
Cette polyvalence poussée à l’extrême n’est pas nouvelle. Depuis les classes de jeunes à Genk, Gerkens est utilisé à toutes les sauces. "Selon moi, sa meilleure place se situe au poste de milieu offensif juste derrière l’attaquant", intervient son papa. "Mais Pieter a toujours été polyvalent. C’est un entraîneur à Genk qui lui a dit pour la première fois qu’il avait un côté Thomas Müller dans sa manière de jouer."
Depuis, la comparaison n’a jamais cessé. Ivan Leko, son coach à Saint-Trond, le décrivait comme le "Müller du Limbourg". Et à Anderlecht ? Il y a eu bien plus que des mots, des actes forts : Weiler et Vanhaezebrouck, deux entraîneurs à la philosophie opposée, l’adorent. "C’est peut-être le plus beau compliment qu’on puisse faire à Pieter cette saison", reprend son papa. "Et on pourrait même ajouter que Frutos l’utilisait aussi beaucoup pendant son intérim."
Au Bayern Munich , le constat est le même avec Müller. Chaque saison, il semble qu’il aura plus de mal à avoir du temps de jeu vu la concurrence mais chaque saison, il fait partie des joueurs les plus utilisés et les plus importants en Bavière. "Pourtant, le gars que Pieter adorait quand il était plus jeune, c’était Steven Gerrard. Pas vraiment le même style (sourire)…"
Pour se rapprocher encore plus du raumdeuter modèle, Gerkens doit encore progresser. "Ce serait bien s’il était un peu plus fort physiquement", détaille De Petter, même si Müller est surnommé "l’homme sans muscle" en Allemagne. "Je sais qu’il travaillait déjà à cela à Saint-Trond et j’imagine que c’est encore plus poussé à Anderlecht. Ça lui permettrait d’encore mieux résister aux duels, notamment dans le grand rectangle."
Le but serait de pouvoir améliorer ses statistiques personnelles. Malgré sa jolie rose plantée contre Charleroi dimanche, il est loin des standards de Müller (15 buts et 16 assists cette saison au Bayern) avec seulement 4 buts et 4 passes décisives cette saison au Sporting. "Il fait une très bonne première année à Anderlecht mais il devra maintenant confirmer. Il se sent bien à Anderlecht et il sait qu’il ne doit pas aller trop vite. Cela a toujours été le leitmotiv dans sa carrière." Rien ne sert de courir, il faut partir à point.
Visite culturelle et village wallon
Pieter Gerkens est un garçon différent sur un terrain de football mais aussi en dehors.
S’il ressemble à Thomas Müller sur le terrain, Pieter Gerkens est très différent de l’Allemand en dehors. Pendant que la star du Bayern amuse tout le monde en fêtant un but au mégaphone ou en dansant n’importe comment dans la tenue traditionnelle bavaroise, l’Anderlechtois reste toujours discret et posé.
Le fruit d’une bonne éducation reçue dans le cœur du Limbourg, comme en témoigne son papa André. "On a toujours veillé à ce que Pieter garde les pieds sur terre. Et même en jouant à Anderlecht, il reste le même garçon."
Après une défaite d’Anderlecht, les journalistes savent déjà que Gerkens fera partie des deux joueurs désignés par le service communication du RSCA pour parler à la presse. Aucun risque de bêtise ou de déclarations tapageuses avec lui. "Mais c’est aussi parce qu’il a une bonne analyse d’un match de football", ajouter son papa.
Quand on gratte un peu derrière le vernis du garçon timide, on se rend que Pieter Gerkens est encore plus éloigné que prévu du cliché du footballeur. Il a, par exemple, demandé à la cellule sociale du RSCA de pouvoir participer à quelques activités culturelles organisées pour les U21. "C’est un garçon ouvert et qui s’intéresse à beaucoup de choses, pas seulement au ballon rond. Avec sa maman, on a toujours veillé à ça."
Une ouverture qui lui a, par exemple, permis d’apprendre le français avec sa famille. "L’une des tantes de Pieter vit en Wallonie, à Méan (NdlR : un village de la commune d’Havelange en province de Namur) et il allait là pendant les vacances d’été." Et même si ses cousins étaient tous de grands supporters du Standard, il est resté un fidèle du RC Genk.