Van Holsbeeck face au mercato le plus particulier de sa carrière: "Dendoncker peut partir pour 25 ou 30 millions"
Herman Van Holsbeeck fait face au mercato le plus particulier de sa carrière. Et peut-être le dernier aussi. À trois semaines de la fermeture du marché, il a accepté de se confier et de lever un coin du voile sur son plan d’attaque.
- Publié le 10-01-2018 à 07h02
- Mis à jour le 10-01-2018 à 11h01
Herman Van Holsbeeck fait face au mercato le plus particulier de sa carrière. Et peut-être le dernier aussi. À trois semaines de la fermeture du marché, il a accepté de se confier et de lever un coin du voile sur son plan d’attaque. Le teint bronzé mais le visage fatigué. Les quelques jours de vacances passés dans son appartement à Marbella n’ont pas suffi à cacher les cernes du visage d’Herman Van Holsbeeck. Arrivé mardi matin à La Manga en compagnie de Mogi Bayat qui va l’épauler durant ce mercato, le manager du RSCA va devoir gérer une situation délicate, renforcer l’équipe sans avoir d’argent. Il a quand même tenu à nous accorder une interview de trente minutes pour (un peu) clarifier une situation assez floue.
Est-ce le mercato le plus difficile de votre carrière ?
"J’ai déjà connu pas mal de mercatos difficiles."
Le plus particulier alors.
"Oui, ça, on peut le dire ! J’ai reçu une mission : trouver des renforts mais sans une grosse enveloppe. J’essaie donc d’abord de libérer certains joueurs."
À commencer par Stanciu.
"C’est vrai qu’il y a plusieurs clubs sur lui. Le Sparta Prague mais d’autres aussi (NdlR : un autre en Europe et deux dans les pays arabes, selon nos sources) ."
On est loin d’un accord ?
"Si les types donnent le prix que je veux, le transfert peut être réglé en une heure. S’ils restent sur leurs positions, Stanciu ne partira pas."
Ça ne vous fait pas mal de déjà vendre le plus gros transfert de l’histoire du club ?
"Sur le marché des transferts, tu gagnes des fois et tu perds d’autres fois. Quand un joueur preste moins bien, il faut trouver une solution. Le but est de perdre le moins d’argent possible. Mais il est clair qu’on n’arrivera pas à faire une plus-value. La perte doit juste être la plus petite possible."
En arrivant sur le terrain d’entraînement ce matin, vous avez dit à Teodorczyk que vous deviez le voir. Sera-t-il aussi vendu ?
"Tous les joueurs sont sur la liste des transferts. Si demain quelqu’un m’offre 25 millions pour un joueur, je vais l’écouter. Mais on ne cherche pas non plus à se débarrasser de Teodorczyk. C’est notre seul attaquant pour le moment."
Y a-t-il déjà une offre pour lui ?
"Pour le moment, non. Pas concrètement. Ça ne sera pas facile de faire un transfert avec lui en tout cas. Il marque beaucoup moins que la saison passée et on ne peut pas faire mentir les chiffres. Si, j’arriverai à le vendre facilement en baissant le prix en dessous de sa valeur mais je ne le ferai pas."
Dendoncker, lui, est par contre fort courtisé, notamment par West Ham.
"Si tu laisses partir ta pièce maîtresse en défense, il faut que ce soit pour beaucoup d’argent et qu’on puisse aussi trouver quelqu’un pour le remplacer, même pour 6 mois via un prêt."
Ça pourrait se faire ?
"S’il y a 25 ou 30 millions sur la table, ça pourrait se faire, oui."
Il se dit que Dendoncker aimerait partir en janvier. Il a un bon de sortie pour cet été mais c’était une promesse de l’ancienne direction. Que deviendra cette promesse avec Marc Coucke ?
"Tout le monde au club est dans la même situation. Il faut juste se donner à fond jusqu’au dernier jour de boulot ici. On ne peut rien faire d’autre."
Dans la presse africaine, on évoque un intérêt pour Chancel Mbemba, si Dendoncker s’en allait.
"Il a toujours un contrat à Newcastle où il gagne beaucoup d’argent. Je sais qu’on cite beaucoup de noms mais on est dans une situation de due diligence (NdlR : l’ensemble des vérifications que l’acheteur réalise avant une transaction) . C’est la première fois de ma vie que ça m’arrive. Je vais essayer de gérer ça le mieux possible, comme je le fais toujours depuis 15 ans à Anderlecht."
Comment allez-vous faire pour renforcer l’équipe dans ces conditions ?
"Il y a des centaines de clubs qui ont plus de sous que nous. Qu’est-ce que vous voulez que j’y fasse ? Je vais juste essayer d’être plus malin que les autres. Dans ma tête, tout est clair. On pourra juger si j’ai fait du bon boulot à la fin du mercato et, encore plus, à la fin de la saison. On a déjà fait une première affaire avec Saief qui arrive avec une option d’achat et pas une obligation d’achat comme j’ai pu le lire."
Sauf si vous recevez une grosse somme pour un transfert, vous n’allez fonctionner qu’avec des prêts cet hiver ?
"Oui, c’est la réalité."
Quels postes cherchez-vous à renforcer en priorité ?
"On cherche un attaquant, un défenseur, quelqu’un capable de faire la différence…"
S’il doit choisir, Vanhaezebrouck a dit qu’il préférait voir arriver des attaquants.
"Je le comprends."
Quel style d’attaquant ?
"Un attaquant de pointe qui crée des ouvertures, qui marque des buts et qui fait la différence. C’est ce qu’on essaie de trouver mais c’est difficile (sourire) ."
On dirait le profil de Mbokani.
"Oui, c’est vrai qu’il savait tout faire. Il est sur le marché (sourire) ?"
Une difficulté supplémentaire s’ajoute : il faudrait des Belges dans ce noyau.
"Idéalement, on ne prendrait que des Belges pendant ce mercato. Mais le mois de janvier est très spécifique. Les joueurs disponibles ont des soucis dans leur club ou reviennent d’une longue blessure. L’autre fois à l’aéroport de Malaga, je regardais un match de Marseille. Qui jouait en défense ? Rolando. Ouille, il a été à Anderlecht lui, non ? Puis je regarde la Premier League et sur qui je tombe ? Milivojevic. Il n’a quasi pas joué chez nous mais il a été vendu pour 25 millions par la suite. Anderlecht n’est pas un club facile, c’est aussi simple que ça. J’ai naturellement fait de mauvais transferts mais quand tu regardes à plus long terme, il y a quand même pas mal de joueurs passés chez nous qui ont fait une belle carrière."
Est-ce votre dernier mercato en tant que manager d’Anderlecht ?
"Ça ne dépend pas de moi. Il faut que les choses soient claires. Est-ce qu’Herman Van Holsbeeck peut arrêter à la fin de la saison si on lui demande ? La réponse est oui. Est-ce qu’Herman Van Holsbeeck peut aider pendant encore quelques mois à certaines conditions ? La réponse est oui. J’aurai 64 ans et j’ai passé les 15 dernières années à Anderlecht. Si je dois mettre un point final à ma carrière au RSCA, je ne ferai aucun problème."
Une partie des supporters craint que vous ne sabotiez le club avant de partir.
"Alors, ils me connaissent bien mal. Ils vont voir que je vais essayer de donner à l’entraîneur ce qu’il désire. Vous savez, Hein Vanhaezebrouck est venu en grande partie pour Roger Vanden Stock, pour Herman Van Holsbeeck et pour l’institution Anderlecht. Cette histoire va peut-être s’arrêter mais je me sens responsable pour l’entraîneur. Je vais essayer de lui donner la meilleure équipe possible pour qu’il réalise ses objectifs. Pour le Président et moi, c’est différent. On est à une période de notre vie où on peut dire : ‘OK, c’était beau mais ça s’arrête’. Aucun problème."
Ces mêmes supporters vous reprochent votre proximité avec Mogi Bayat.
"J’ai quand même vu qu’il a fait tous les transferts en Belgique les cinq premiers jours du mercato. C’est mon ami, je n’ai aucun souci avec ça. Et c’est aussi l’ami de Vanhaezebrouck. On regarde ensemble ce qui est possible de faire sur le marché belge et à l’étranger. Mais Mogi Bayat ne fait pas les transferts uniquement à Anderlecht."
Vous n’êtes pas très populaire parmi les supporters.
"Je l’ai déjà dit : quand j’arrêterai, j’expliquerai un jour ma version de l’histoire. (Il s’adresse personnellement aux journalistes présents) Vous la connaissez tous mais je ne la lis jamais dans les journaux. Vous le savez, non ? Vous ne devez pas me répondre mais je pense bien que vous le savez…"
"Everton dit qu’Onyekuru sera là dans 3 semaines"
Anderlecht pourra-t-il encore compter sur Henry Onyekuru cette saison ? Même Herman Van Holsbeeck ne sait pas répondre à cette question. "Les médecins ne s’entendent pas sur la nécessité d’une opération. La médecine n’est pas une science exacte. Un médecin dit un truc et l’autre le contraire… Ce sera de toute manière Everton qui aura le décision finale. C’est normal, le club a payé 8 millions pour avoir Onyekuru."
Le manager du Sporting reconnaît tout de même qu’il a peu d’espoirs de revoir Onyekuru, comme le sélectionneur du Nigéria qui pense aussi que l’opération est inévitable. "C’est comme ça que je dois le gérer en tant que manager en tout cas. Maintenant, si Everton nous renvoie le joueur en nous disant qu’il est prêt à jouer, je dirai au coach qu’il peut l’aligner. Everton dit qu’il faut attendre trois semaines pour le voir revenir. On verra. Chez nous, le docteur Declercq a dit que ça se passerait mieux avec l’opération. Il m’avait aussi dit ça pour Najar mais on avait quand même décidé de tenter sans opération. Et que se passe-t-il aujourd’hui ? Opération…"