Anderlecht: La méthode Weiler en dix leçons
Après avoir passé trois jours dans son sillage entre Bruxelles et Rostov, on peut déjà affirmer que le nouvel entraîneur a imprimé sa griffe sur un Sporting auquel il veut changer la mentalité et les mauvaises habitudes.
- Publié le 28-07-2016 à 08h43
- Mis à jour le 28-07-2016 à 08h45
Après avoir passé trois jours dans son sillage entre Bruxelles et Rostov, on peut déjà affirmer que le nouvel entraîneur a imprimé sa griffe sur un Sporting auquel il veut changer la mentalité et les mauvaises habitudes René qui ? René wie ?
Des deux côtés de la frontière linguistique, les supporters anderlechtois se demandaient ce que la direction était allée chercher le 16 juin dernier quand l’arrivée du Suisse de 42 ans avait été officialisée. Un mois et demi plus tard et après une première rencontre imparfaite mais réussie à Rostov mardi, on comprend déjà mieux sa venue. René Weiler a une méthode claire qui ne peut faire que du bien à un Sporting qui s’était vu trop beau ces deux dernières saisons. On vous l’explique en dix règles auxquelles les joueurs n’ont pas intérêt à déroger…
1) Courir, courir et encore courir pour maigrir
Si vous avez pu voir le match à la télé mardi, vous l’aurez peut-être remarqué : Youri Tielemans a maigri. Il a précisément perdu cinq kilos. Énorme pour un joueur qui culmine à 176 centimètres. Le résultat s’est vu directement sur la pelouse : le petit prodige était beaucoup plus mobile et a été décisif (jolie feinte sur le premier but et il a inscrit le second). Tielemans n’est pas le seul dans ce cas : Weiler veut affûter son équipe. Comme il l’a appris dans le championnat allemand pendant deux ans, il faut courir, courir et encore courir dans le football moderne. Ça ne peut se faire qu’avec un poids de forme.
2) De la nourriture saine (sauf un jour par semaine)
Le poids de forme, ça s’obtient par le sport mais aussi par l’alimentation. René Weiler y veille personnellement. Il demande à ses joueurs de se nourrir sainement et, en collaboration avec le cuisinier du club, il propose des menus diététiques à ses joueurs. Il autorise cependant un écart par semaine car la notion de plaisir doit rester présente.
3) Les joueurs ne sont pas obligés de manger ensemble
Si René Weiler fait régner la discipline depuis son arrivée à Anderlecht, il ne veut pas donner l’impression à ses joueurs d’être au bagne. Contrairement aux saisons précédentes, les joueurs ne sont plus obligés de manger au club. Des repas (équilibrés) sont servis, mais ils sont libres d’y aller ou non. Et quand ils vont, ils ne sont pas tenus d’y aller au même moment et de commencer à manger quand le coach l’a décidé, comme c’était le cas auparavant.
4) Un système d’amendes revu largement à la baisse
Dans le même ordre d’idée, René Weiler ne veut pas diriger son vestiaire à coup d’amendes. Un retard ou un dérapage se paiera évidemment, mais il a supprimé toute une série de règles dans le fonctionnement interne. Une serviette oubliée dans le vestiaire n’obligera, par exemple, plus le coupable à aller chercher un billet de dix euros dans son portefeuille. Il veut traiter ses joueurs comme des adultes et les responsabiliser.
5) Pas de GSM à trois heures du coup d’envoi
Pour René Weiler, le plus important se passe sur le terrain. S’il veut laisser une certaine liberté à ses hommes en dehors des entraînements, il exige une concentration optimale au moment des entraînements et des matches. Avant une rencontre, il demande aux joueurs de ranger leur GSM à trois heures du coup d’envoi. Plus question de snapchater ou instagramer sa vie de footballeur jusqu’à quelques minutes avant la montée sur la pelouse. Et encore moins de chercher des Pokémon dans le stade…
6) Tenir à l’œil les jeunes talents dans leur vie privée
Le Sporting est réputé pour avoir l’une des meilleures cellules sociales du pays et René Weiler compte bien en profiter. Il a remarqué que le club comptait plusieurs jeunes promesses et il veut absolument les garder à l’œil. Le Suisse apprécie, par exemple, beaucoup les qualités d’Idrissa Doumbia et il a demandé à ce qu’on aide l’Ivoirien de dix-huit ans dans sa nouvelle vie en Europe. Il veut lui inculquer le professionnalisme à tous les étages pour éviter un éventuel gâchis.
7) Inculquer la mentalité allemande aux jeunes
René Weiler provient du côté germanophone de la Suisse et cela se voit. La Bundesliga est sa référence et il veut inculquer le modèle allemand au Sporting, particulièrement au centre de formation. Ces deux dernières saisons, les jeunes aux portes de l’équipe première n’ont plus ou pas assez progressé aux yeux de la direction. Une question de mentalité où se faire mal avait disparu du vocabulaire. L’ancien coach de Nuremberg veut changer cela rapidement et l’a bien fait comprendre à l’un des Espoirs du RSCA qui s’étonnait d’être convoqué à 14 h pour un entraînement. "Tu viens t’entraîner quand je te le dis. Si je te dis 14 h, tu viens à 14 h. Et je te dis 6 h du matin, tu viens à 6 h du matin", lui a rétorqué sèchement René Weiler. Selon lui, un jeune qui arrive en équipe pro doit se battre sur le terrain au point d’être freiné par le staff. Il ne doit pas être poussé au derrière pour transpirer un peu plus…
8) Courir deux fois de suite 60m avec le ballon = banc
L’un des mots clés dans le discours de René Weiler, c’est "collectif". Il revient dans toutes les interviews et conférence de presse. Pas un hasard : il veut mettre en place sur le terrain un bloc compact qui se reconvertit très vite, vers l’avant ou vers l’arrière selon la situation. Celui qui n’écoutera pas et tentera de réaliser un show individuel risque de l’apprendre rapidement à ses dépens. Durant l’Euro qu’il a suivi de près, il a expliqué à un dirigeant du Sporting qu’il aurait remplacé la star d’une des équipes après l’avoir vu faire consécutivement deux courses de 60 mètres avec le ballon alors qu’il avait d’autres solutions.
9) Répéter les phases arrêtées jusqu’à plus soif
"On avait travaillé cette phase à l’entraînement car le coach était convaincu que ça pouvait marcher contre Rostov." Youri Tielemans a bien résumé l’un des points importants du travail de René Weiler en évoquant le coup de coin victorieusement repris par Sofiane Hanni mardi en tout début de match. Pour le Suisse, la décision vient souvent des phases arrêtées dans le football d’aujourd’hui et il faut être prêt. Il n’hésite pas à accorder le temps nécessaire durant ses séances pour que cela rentre bien dans la tête des joueurs. Ce qui était le point faible du Sporting ces dernières années pourrait donc bien devenir l’une de ses forces.
10) Ouvert mais attentif avec les journalistes
René Weiler est un homme charmant, souriant et sympathique. Il sait que la communication fait partie de son métier et se montre ouvert, même s’il est souvent prudent dans ses déclarations. Il veut travailler dans une relation de confiance mutuelle avec les journalistes et se montrera le plus disponible possible pour rendre service. Sauf pour ceux qui auront déformé ses propos. Attentif, il veut que la presse fasse passer son message correctement. À Nuremberg, il avait blacklisté trois journalistes qui n’avaient, selon lui, pas bien répercuté ses dires. La conséquence était simple : il continuait à les saluer, mais il n’était plus question d’obtenir une seule interview en tête à tête avec lui…