L'avis de Thomas Chatelle: les Diables ne sont plus une équipe sans notion tactique
- Publié le 07-07-2018 à 22h16
Une analyse proposée notre consultant, avec Romain Van der Pluym.
1. On attendait un match de référence et on l’a eu.
La boucle est presque bouclée. On s’est planté contre l’Espagne lors du premier match sous Martinez pour finalement en arriver là où on est. On peut voir le chemin parcouru en voyant ces deux matches. On est passé d’une équipe brouillonne sans notions tactiques à un groupe qui joue bien ensemble. Martinez a formé une équipe capable de s’adapter en très peu de temps. On était sceptique au sujet de la façon de jouer dans un autre système que le 3-4-3. Il a fait passer un cap à son équipe. Je doutais un peu de la flexibilité de l’équipe car il n’avait jamais fait de test avant cela. Je me demandais comment mettre en place ce plan B. Vu la minutie avec laquelle les joueurs ont appliqué le plan, on ne peut que conclure qu’ils respectent leur entraîneur. Ils ont foi en lui. Il a gagné le respect de ses joueurs. Ils exécutent ses préceptes de manière presque aveugle. C’était une énorme prise de risque de changer les habitudes et le système mais les gars ont suivi comme un seul homme. Nous avions l’image d’un Martinez très conservateur. Il a montré qu’il sait s’adapter. C’est juste très fort ce qu’il a réalisé. Il a réussi à convaincre ses joueurs. Il a mis en place un processus qui arrive à son pic.
2. Martinez est resté crédible auprès de ses joueurs car il n’a pas changé d’avis à la moindre critique.
En tant que joueur, tu doutes si ton coach change tout le temps. Il a toujours gardé le cap. La force d’un coach étranger est aussi qu’il est moins imprégné par l’ambiance nationale. Il est moins perméable aux critiques et peut prendre plus de recul qu’un coach belge.
3. Il a posé des choix bien spécifiques et discutés.
Je pense à Januzaj, Chadli, Tielemans. On remettait en question leur sélection mais lui savait bien quand il aurait pu les utiliser. Qui parle encore aujourd’hui de Nainggolan ? C’est une belle preuve de cohérence. Elle est sa force. Et quand on est cohérent, on peut emmener son équipe sur tous les tableaux et la faire jouer dans un système que les joueurs n’auraient pas cru gérer en si peu de temps.
4. On a vraiment tous les éléments en notre faveur.
Le match du Japon a aussi influencé les choix de l’entraîneur qui ont payé contre le Brésil. Sans les difficultés face au Japon, peut-être commence-t-il avec Mertens et Carrasco sur le terrain. Il a fait les bons choix au bon moment.
5. Ce match a prouvé que la Belgique peut faire le dos rond.
Ils ont réussi à s’arracher pour chaque ballon, à tenir le coup en étant dans les cordes, à ressortir à chaque fois et respirer. Peu d’équipes ont des boues d’air comme Hazard et Lukaku. Ils peuvent faire respirer un bloc. La Belgique possède la meilleure équipe de contre. On n’attendait par Martinez capable de laisser la possession à l’adversaire et d’utiliser un jeu beaucoup plus direct en sautant parfois une ligne.
6. Une image m’a sauté aux yeux.
Elle représente parfaitement Martinez. Alors que la Belgique menait au jeu, Vertonghen a voulu jouer une touche vers l’arrière. Le coach lui a dit de jouer vite et vers l’avant. C’est dans sa philosophie : ce n’est pas grave d’encaisser tant que tu marques un but de plus que l’autre. Ça ne fait pas partie de notre culture foot mais il l’a inculqué.