Roberto Martinez: "J’ai un plan pour faire mal au Brésil"
Roberto Martinez estime que le Brésil est favori, mais il est confiant : "On ne doit pas penser qu’à défendre. On doit jouer au foot"
- Publié le 03-07-2018 à 21h30
- Mis à jour le 04-07-2018 à 10h32
Roberto Martinez estime que le Brésil est favori, mais il est confiant : "On ne doit pas penser qu’à défendre. On doit jouer au foot" Roberto Martinez faisait déjà l’unanimité au sein de son groupe de joueurs. Depuis ses changements victorieux contre le Japon, il a aussi convaincu le peuple belge. Sympathique comme toujours, le Catalan a accepté d’ouvrir les portes du Moscow Country Club - l’hôtel des Diables - pour parler à une délégation restreinte de la presse belge.
Très relax, il a évoqué pendant 40 minutes sa soirée passée dans l’ascenseur émotionnel, mais s’est surtout déjà projeté sur ce Brésil - Belgique qui sera historique.
Roberto Martinez, ne serait-ce pas suicidaire d’affronter le Brésil avec votre système habituel ?
"Tout d’abord, je tiens à dire que le Brésil est favori. Mais nous ne pouvons pas changer notre ADN. Nous avons une équipe offensive. Nous ne savons pas nous transformer en une équipe défensive. On ne pourra pas battre le Brésil en ne pensant qu’à défendre. Il faudra faire quelque chose nous-mêmes. Quand on aura le ballon, il faudra leur faire mal."
Vous voulez donc le ballon ?
"L’important n’est pas le pourcentage de possession, mais ce qu’on fait avec le ballon. Il faudra défendre à onze, mais aussi attaquer à onze. On sait comment on doit être dangereux. Oui, j’ai un plan."
Et ce plan n’est donc pas de construire un double mur.
"Non. On doit faire la différence avec le ballon. On doit jouer au foot et ne pas regarder le Brésil jouer au foot. Le Brésil n’aime pas défendre dans son rectangle. Ils sont dangereux quand ils prennent des risques et quand ils ont tout à perdre."
Faut-il que Meunier recule pour ne pas donner un boulevard à Neymar ?
"Je ne vais pas lui demander de rester en défense. Lors du 4-0 du PSG contre Barcelone, Meunier avait carrément pris le dessus sur Neymar. C’était le meilleur match que j’ai vu de Meunier. Il avait défendu de façon parfaite face à Neymar (NdlR : au match retour, en 2016-17, Barcelone avait gagné 6-1 et Neymar était l’homme du match) . Thomas devra réaliser la prestation parfaite. Mais le danger ne vient pas que de Neymar. Il y a six joueurs offensifs : Neymar, Coutinho, Jesus, Willian et Paulinho. Sans citer Marcelo, Fagner et Danilo."
À quelle sorte de match vous attendez-vous ?
"Nous avons tous les deux une équipe qui veut marquer et gagner. C’est une affiche de rêve. Quand des jeunes jouent dans la rue - disons à Anvers - ce sont souvent des matches Belgique - Brésil. C’est le deuxième contre le troisième mondial. Ce sera le match du tournoi."
Est-ce que votre Coupe du Monde est d’ores et déjà réussie ?
"Non. On sait qu’en nous qualifiant pour une demi-finale, on égalerait la prestation de l’équipe de 1986. On sait ce que cela veut dire. Si on joue bien, on a une bonne chance de se qualifier."
"Paul Newman quand je gagne, Quasimodo quand je perds''
Roberto Martinez garde généralement ses émotions sous contrôle. Mais après le but de Nacer Chadli, il s’est complètement lâché. “En fait, je cherchais Youri Tielemans, que j’allais faire monter au jeu”, sourit Martinez. “Je l’avais perdu de vue. Il avait rejoint les autres pour fêter le but…”
Celui qui pense que ce 3-2 était le moment le plus émouvant de sa carrière se trompe. “En 2011, j’ai failli être relégué de Premier League avec Wigan. On était menés 0-2 contre West Ham, mais on a finalement gagné 3-2. Ce match me faisait penser à Belgique – Japon. Et après cette victoire contre West Ham, on devait gagner à Stoke City, qui n’avait plus perdu depuis dix mois à domicile. On l’a fait et on s’est sauvés. Mais j’avoue, ceci est une Coupe du Monde.”
La remontada des Diables est unique. Martinez : “À un Mondial , une équipe n’avait plus transformé un retard de deux buts en une victoire depuis le 3-2 de l’Allemagne contre l’Angleterre en 1970…”
D’où le grand sourire sur le visage de Martinez. “Un ami me dit toujours que je ressemble à Paul Newman après une victoire et à Quasimodo après une défaite… (rires)”
Fellaini pressenti au coup d'envoi
Martinez a fait la pub de son médian: "Il est sous-estimé et je ne comprends pas ça"
Roberto Martinez ne l’a pas dit textuellement, mais il a tellement fait la pub de Marouane Fellaini qu’il est pressenti au coup d’envoi pour renforcer l’entrejeu qui a beaucoup souffert contre le Japon. “Marouane est un vainqueur”, dit Martinez. “Il se donne toujours à fond. Et je ne comprends pas que les gens ne voient pas ses capacités techniques. Il est très sous-estimé à ce niveau-là. Il a toujours le ballon sous contrôle.”
La meilleure preuve de la valeur de Fellaini, selon Martinez, est la bagarre qu’il y a eue entre les clubs pour sa signature. “Quand vous voyez qu’un grand club comme Manchester United a tout fait pour le garder… Il est très respecté par ses coéquipiers. Il doit recevoir l’appréciation qu’il mérite.”
Après son but, Fellaini a fait un geste indiquant qu’il mérite d’être sur le terrain. Martinez : “Il a montré qu’il méritait d’être sur le terrain. D’autres joueurs disent qu’ils ne sont pas heureux sur le banc. Mais ils ne donnent pas tort à l’entraîneur en montant au jeu. Marouane n’a rien fait d’irrespectueux.”
Chadli a également saisi sa chance. Martinez : “Vous avez vu sa joie ? On aurait dit que ce but lui a fait oublier sa saison misérable. Il a été blessé, n’a plus été titularisé… Pendant six semaines, il a travaillé comme un fou pour retrouver son niveau. Et puis, il nous qualifie pour les quarts de finale… Le match contre l’Angleterre m’a aidé à voir qui était en forme.”
Carrasco n’était pas bon, mais Martinez n’a critiqué personne. “Il a travaillé dur. Il a parfois fait le mauvais choix dans des un contre un, mais je suis content de son apport.”
Kompany, lui, a partagé les avis. Martinez : “Pour moi, il était excellent. En toute fin de match, il a fait un tacle qui a sauvé un but tout fait. Pas beaucoup de joueurs savent anticiper ce danger. On savait que vu son manque de temps de jeu, il serait plus prudent. Mais sa contribution a été phénoménale.”
Y. T.