Kevin Oris: "Si le Japon ne récupère pas en 5 secondes, ils sont vulnérables"
Kevin Oris a joué un an au Japon. L’attaquant a eu le temps d’analyser le jeu et la culture des adversaires des Diables
- Publié le 01-07-2018 à 12h35
- Mis à jour le 01-07-2018 à 12h36
Kevin Oris a joué un an au Japon. L’attaquant a eu le temps d’analyser le jeu et la culture des adversaires des Diables "Désolé pour la réponse un peu tardive et la mauvaise connexion, mais je suis au Brésil. Je n’avais plus vu mes parents depuis longtemps."
Des parents au Brésil, une vie en Belgique et une carrière en Asie. Kevin Oris est devenu un citoyen du monde. Si sa fin de carrière l’a amené à Tessenderlo (D1 Amateurs) et non à Anderlecht, mais ça ne fait rien pour l’Anversois de 33 ans. Du pays, il en a assez vu comme ça.
Il a quitté la Belgique en 2012 après avoir planté des buts pour Mons, Roulers et l’Antwerp. Trois ans en Corée du Sud, un crochet par la Chine pour une apothéose au Japon.
Durant l’exercice 2017, le championnat étant étalé sur l’année civile, il a évolué sous le maillot de Kyoto Sanga, le club d’une ville plus célèbre pour son protocole climatique que pour sa réputation footballistique.
Oris y vit toutefois une "belle aventure" avec six buts et autant d‘assists à la clé et de nombreux souvenirs d’un "pays fantastique dans lequel j’ai vécu de beaux moments. Honnêtement, la culture japonaise est géniale."
Qu’avez-vous pensé à votre arrivée au Japon ?
"Avec la Corée du Sud et la Chine, j’avais déjà vu pas mal de choses de ce coin du monde. C’était toutefois très différent. Il y avait à la fois un côté très discipliné et un côté très sympa et ouvert. Ils vivent un peu en rythme. Je vivais à Kyoto qui est une région de tradition. Ce n’était pas Tokyo."
Le football est-il à l’image de la population ?
"Exactement. Le monde du football est très discipliné. Tous les gars étaient 30 minutes à l’avance à l’entraînement. C’était pareil en Corée. Ils sont tellement stricts envers eux-mêmes qu’il ne faut pas faire un pas de travers. Il faut aussi ça pour se faire remarquer du coach, prouver qu’ils sont motivés."
Vous êtes Belge et vous vous trouvez actuellement au Brésil, ça doit être un choc !
"Ici au Brésil c’est demain, demain. Et en Belgique c’est un peu comme ça aussi. Quand je suis revenu à Tessenderlo, j’ai dû me réadapter à la façon de penser des Belges."
On dit souvent que le Japon joue à 200 à l’heure…
"Oui, c’est vraiment un football très rapide et très technique. Ils ont très peu de consignes offensives. Ils se ruent donc vers l’attaque et jouent avec beaucoup de liberté."
Défensivement c’est moins bon ?
"En fait, ils sont surtout friables tactiquement. Ce n’est pas leur première préoccupation même si ça a bien évolué. Ils manquent d’organisation défensive. En gros, défensivement, ils se contentent de jouer l’homme et de le suivre à tout prix."
Vous sentez que ça ne suffit pas, notamment contre les bonnes équipes ?
"Leur force est qu’ils se donnent vraiment à 150 %, mais la collaboration est importante. Il n’y a pas vraiment de tactique fixe, mais ils compensent par leur motivation."
Connaissez-vous les joueurs de l’équipe nationale ?
"J’en ai affronté quelques-uns, mais j’ai du mal avec les noms. Désolé (rires). Cette équipe est bourrée de talent et possède beaucoup de qualités individuelles. Elle reste toutefois une véritable équipe de contre. Quand ils perdent la balle, ils mettent direct leurs adversaires sous pression. En cinq secondes, ils récupèrent et repartent. C’est une méthode typiquement japonaise. S’ils y parviennent, ils sont très dangereux. Si l’adversaire parvient à s’en sortir, ils sont totalement vulnérables, car plusieurs joueurs sont venus au pressing et se retrouvent hors position."
Les imaginez-vous poser des soucis aux Diables ?
"Qualitativement, il n’y a pas photo entre les deux équipes, mais ils devront faire attention aux contres."
"Ce n'est pas pour rien que Podolski est venu"
Kevin Oris a joué au Japon dans un championnat en plein essor. Il a connu le boom de la J-League. "Quand j’entends ceux qui sont passés avant moi au Japon dire qu’ils ne sont pas fans de foot, je ne comprends pas. Ça a bien évolué, je crois, car le football est désormais ancré dans la culture et même en D2, il y avait parfois 20.000 personnes."
Dans sa région paisible de Kyoto, le football avait sa place. "Même en rue, il y avait de la publicité avec des joueurs de football."
Une évolution des mentalités et des habitudes qui a mené à une croissance de la réputation du championnat.
"Ce n’est pas pour rien que Lukas Podolski est venu jouer au Japon (NdlR : au Vissel Kobe) . Je pense que l’évolution n’est pas terminée. Les Japonais ont encore une marge de progression. À ce compte-là, j’espère qu’ils apprendront de ce qui s’est passé en Chine : il faut construire, laisser le temps au football de s’installer en investissant bien. Ne pas mettre beaucoup d’argent d’un seul coup."