Nos consultants livrent leurs pronostics pour le Mondial: "Les Diables en demi-finale, ce serait un exploit"
Thomas Chatelle, Felice Mazzù et Alex Teklak, les trois consultants de La DH pour le Mondial 2018 préfacent la compétition des Diables.
- Publié le 14-06-2018 à 08h28
- Mis à jour le 14-06-2018 à 12h04
Thomas Chatelle, Felice Mazzù et Alex Teklak, les trois consultants de La DH pour le Mondial 2018 préfacent la compétition des Diables. Vous êtes sans doute nombreux à l’avoir fait entre amis ou entre collègues : le petit jeu des pronostics. Alors que le Mondial ouvre ce jeudi soir, deux questions sont sur toutes les lèvres. La première : qui va gagner la Coupe du monde ? La deuxième : jusqu’où iront les Diables Rouges ?
À quelques heures du tournoi, nous avons demandé à nos trois consultants, Thomas Chatelle, Felice Mazzù et Alexandre Teklak de se mouiller. Et ils ont joué le jeu.
"Moi, je vois le Brésil l’emporter", indique en premier Thomas Chatelle. "L’addition de talents dans cette équipe est énorme…" "Pour ma part, je vois une finale Allemagne - Brésil", estime Alex Teklak. "Quant à moi, je vois l’Allemagne ou l’Espagne l’emporter le 15 juillet prochain", note Felice Mazzù, qui pointe également la France parmi les grands favoris. Pour nos trois consultants, le quatuor Allemagne, Brésil, Espagne, France est indissociable. Et quid de la Belgique ?
"Elle est un cran en dessous, comme l’Argentine", sourit Thomas Chatelle. "Vu les quatre nations que nous venons de citer, la demi-finale passera forcément par un exploit face à un de ces pays." Qui ont un point commun… "Elles ont toutes des étoiles sur le maillot", note Felice Mazzù. "La Belgique pas, malgré un effectif de qualité extraordinaire. Mais les Diables peuvent être la bonne surprise de la Coupe du Monde."
Qui pourrait être le dernier grand tournoi de la génération actuelle. "Les Kompany, Fellaini, Defour… ne seront peut-être plus là dans deux ou quatre ans. Et le groupe qui part en Russie a désormais deux grandes compétitions dans les jambes", souligne Thomas Chatelle. "On peut difficilement être plus mûrs."
Le Mondial russe a donc tout pour devenir historique. Et avant celui-ci, nos consultants se sont réunis pour le préfacer.
"Le plan B, personne ne le connaît"
Face aux adversaires plus costauds, Roberto Martinez privilégiera-t-il un autre système ou une autre animation de son 3-4-2-1 ?
Depuis près de deux ans, le 3-4-2-1 est devenu le système préférentiel des Diables Rouges de Roberto Martinez.
"Là où on reprochait à Marc Wilmots de ne pas avoir de système clair, ici, c’est très clair, souligne Thomas Chatelle. Le plan A de Martinez, tout le monde le connaît. Il est rodé et on sait tous qui sont les titulaires."
Mais quel est le plan B ? "Personnellement, je ne sais pas s’il y en a un. En tout cas, on ne l’a pas vu en match… Mais peut-être a-t-il été préparé à l’entraînement", dit Mazzù. "C’est dommage de ne pas avoir fait ce genre de test durant les matches amicaux, estime quant à lui Chatelle. Le plan A a très bien fonctionné car on a joué contre des petits. Je pense que dans les matches compliqués, Martinez va passer dans un système à quatre avec Vertonghen côté gauche."
Felice Mazzù intervient. "À quatre ? Pour moi, le plan B, ce n’est pas spécialement changer de dispositif. Si Martinez a une philosophie à trois depuis deux ans, il ne va pas, une fois arrivé au jour J, commencer à préparer autre chose. Il doit garder le même dispositif, en l’appliquant de manière un peu différente. En se replaçant par exemple à quatre derrière avec Vertonghen sur la gauche, en coulissant. Ça, c’est de l’adaptation."
Et dans l’entrejeu ? Les matches face au Mexique et à la Colombie ont montré certaines failles au milieu du jeu. "Axel Witsel représentait le mieux le mal, indique Chatelle. Il y avait un pressing rapide sur lui et il semblait un peu perdu."
"De manière générale, les équipes contre qui nous avons du mal sont celles qui nous pressent et contre qui on n’arrive pas à sortir le ballon, analyse Alex Teklak. Je pense surtout aux équipes sud-américaines. Techniquement, elles sont pratiquement toutes plus fortes que nous. Et dans ces cas-là, on fait quoi ? Il faut savoir se mettre minable et défendre."
"Mais cela passe aussi par un changement d’animation, reprend Felice Mazzù. Je pense que si Kompany est à 100 %, il pourra venir créer le surnombre dans l’entrejeu pour compenser. Les adversaires techniques évoluent avec une pointe et beaucoup de joueurs au milieu. Il faut donc qu’un défenseur central vienne les chercher dans le milieu pour compenser. Cela évite de faire trop reculer les joueurs offensifs. Pour moi, c’est Kompany qui doit venir créer l’égalité au milieu."
S’il est fit, évidemment.
"On est trop dur avec Martinez"
Pour nos consultants, les résultats du sélectionneur depuis deux ans parlent pour lui et il doit être jugé après le Mondial
S’il y a bien une chose qu’on ne peut pas lui reprocher, c’est celle-là : Roberto Martinez ne laisse pas indifférent.
"Mais je trouve que l’ambiance autour de lui est plus vers le négatif que vers le positif, soupire Felice Mazzù. Aucun sélectionneur n’a jamais fait autant de résultats que lui. Je trouve qu’on est très dur avec Roberto Martinez. On peut ne pas avoir le même avis que lui sur certains choix mais le vrai jugement doit se faire après la Coupe du Monde. Car pour le moment, les adversaires que la Belgique a joués étaient de niveau moyen ou faible. Mais ce n’est pas la faute de Martinez. Et il les a tous battus. Que peut-on dire de son bilan ? Rien… Et dans sa manière de communiquer, il est irréprochable. En toutes circonstances, il a une attitude de gentleman. Il ne s’est jamais énervé avec personne, il répond à toutes les questions, il ne s’en va jamais d’une conférence de presse… C’est pour cela que je pense qu’on est trop dur avec lui."
Alex Teklak embraye : "Moi, personnellement, je l’aime beaucoup. Je trouve que c’est un mec brillant. Je suis tout autant supporter de l’équipe nationale que de Roberto Martinez. OK, il est toujours dans le politiquement correct. Mais il a amené un vent nouveau."
Et il est le vrai patron des Diables. "La ligne de conduite est claire. En le faisant resigner pour deux ans, la Fédération a clairement fait comprendre que Martinez était le boss, estime Thomas Chatelle. C’était important pour le groupe d’avoir un message clair. Si Martinez n’avait pas été prolongé, il aurait déjà été dehors avant de commencer, suite à la non-sélection de Nainggolan. En agissant de la sorte, la Fédération a renforcé la position de son coach. Avec un objectif : que personne, durant le Mondial, ne spécule sur un éventuel départ du sélectionneur."
"Pas encore un vrai groupe"
La capacité de Martinez à fédérer le collectif sera un facteur clé en Russie
Comment gagne-t-on une Coupe du Monde ? La question est évidemment très vague. Mais une partie de la réponse se trouve dans la capacité du sélectionneur à créer un vrai collectif.
"Regardez comment le Portugal a gagné l’ Euro , souligne Alex Teklak. Grâce à son groupe. En créer un, c’est la chose la plus difficile dans une équipe nationale. Et c’est bien plus important que la tactique."
"Pour l’instant, je n’ai pas le sentiment que ce soit tout à fait le cas, estime Thomas Chatelle. Évidemment, Roberto Martinez n’a pas eu les joueurs avec lui durant toute la saison comme un entraîneur de club peut le faire, mais je n’ai pas l’impression qu’il ait réussi à fédérer un groupe capable de remporter le Mondial ."
"En fait, c’est très culturel, reprend Teklak. Des nations sont programmées culturellement pour gagner. Elles ont cela en elles. Certains pays ont des prédispositions car les mentalités sont différentes. Regardez l’Italie de Conte il y a deux ans. En Belgique, on n’a pas ça. Et je sens même une certaine lutte d’ego."
"Je suis d’accord à 100 %, acquiese Felice Mazzù. On peut prendre l’exemple de Hazard et De Bruyne. Ce sont les deux grosses vedettes belges. Ce sont eux qui vont faire la différence, marquer un but décisif, donner une passe tranchante... S’ils ne tirent pas dans la même direction, il n’y aura jamais de groupe. Mais il faut reconnaître que Martinez tente de les mettre dans les meilleures conditions."
"On pourrait caricaturer en disant qu’il les a mis le plus loin possible l’un de l’autre, sourit Chatelle. Il faut aussi souligner que Guardiola a fait gagner beaucoup de temps à Martinez avec De Bruyne, note Teklak. Son idée a été reprise par Martinez."
Dont la mission est de créer un véritable collectif autour de ses deux stars. Et le fait d’avoir écarté un joueur comme Nainggolan peut y contribuer. "Mertens l’a d’ailleurs dit ouvertement : ‘le sélectionneur a eu les couilles de se passer de Radja ’, indique Mazzù. Si un joueur le dit, c’est qu’ils en parlent entre eux. Cela veut dire que le groupe est placé devant ses responsabilités. Et cela va forcément avoir une influence en Russie."
"Si on ne passe pas le premier tour sans Kompany, il faut arrêter tout de suite"
Une des énigmes, c’est évidemment la forme physique de Vincent Kompany, sorti blessé lors du premier match amical face au Portugal, le 3 juin. "Si Kompany est fit et fait une bonne Coupe du Monde, c’est une garantie de stabilité et de sécurité. Il a de l’expérience et un impact psychologique sur le reste du groupe qui n’est pas à négliger", résume Thomas Chatelle. Mais il pourrait être absent lors du premier tour. "Si on n’arrive pas à passer le premier tour sans lui, il faut qu’on arrête tout de suite", estime Alex Teklak.
Mais pour un sélectionneur, ce n’est pas un cas évident à gérer. "Il faut une communication énorme entre lui, le staff médical et Roberto Martinez, indique Mazzù. S’il dit qu’il peut jouer, il faut le faire jouer, c’est tout… De toute façon, Kompany va continuer à se blesser. Le corps humain est fait comme ça. Il y a des gars qui ne s’échauffent pas, qui ne s’étirent pas et qui ne se blessent jamais. Et il y en a d’autres qui vont se blesser malgré tous les soins possibles et imaginables. C’est comme ça…"
Et Alex Teklak de conclure : "La chance qu’on a, c’est que Kompany est un joueur qui est toute de suite fit . Quand il revient de blessure, il est tout de suite très bon. Et il a directement un gros impact sur l’équipe."