Tielemans défend sa sélection: "En Belgique, on néglige la Ligue 1 et ça me dérange"
Les oreilles de Youri Tielemans ont sifflé ces dernières semaines pendant la tempête Nainggolan mais le milieu de Monaco est resté serein. Et en profite maintenant pour mettre les points sur les i
- Publié le 10-06-2018 à 08h37
- Mis à jour le 10-06-2018 à 08h38
Les oreilles de Youri Tielemans ont sifflé ces dernières semaines pendant la tempête Nainggolan mais le milieu de Monaco est resté serein. Et en profite maintenant pour mettre les points sur les i Youri Tielemans est le plus jeune Diable du groupe des 23 mais, paradoxalement, il n’est pas le plus accroc aux réseaux sociaux. Et c’est tant mieux. Ces dernières semaines, beaucoup de critiques indirectes lui ont été adressées. Victime de la non-sélection de Radja Nainggolan, l’un de ses concurrents dans la ligne médiane. Pour beaucoup de supporters, sa présence dans le groupe n’est pas légitime après une première saison faite de hauts et de bas à Monaco.
L’ancien Anderlechtois savait qu’il serait confronté à ce débat en venant s’asseoir vingt minutes à notre table d’interview samedi après-midi dans le lobby de l’hôtel des Diables à Tubize. Mais pas de quoi lui enlever le sourire radieux qui illumine son visage depuis l’annonce de 23. À 21 ans, il va découvrir sa première Coupe du Monde et ça le met d’excellente humeur.
Avez-vous été surpris d’entendre votre nom dans les 23 cités par Roberto Martinez lundi passé ?
"Non, pas étonné. Je reconnais que le stress montait au fur et à mesure que la date butoir approchait mais ça restait du stress positif."
Avez-vous compris les doutes sur votre sélection en Belgique ?
"On parlait surtout beaucoup de Radja. Tout le monde le voulait dans les 23, c’est clair. Dans le groupe des Diables, tout le monde le voulait aussi car c’est un super joueur mais le coach a fait son choix et il faut l’accepter. On parlait beaucoup plus de Radja que de moi mais ça m’allait très bien. Je vais partir à la Coupe du Monde et c’est tout ce qui compte pour moi."
Vous pensez que c’était vous ou Radja ?
"Il joue à la même position que moi et on était donc concurrents. Mais je ne sais pas si j’étais directement en balance avec lui. Depuis le mois de novembre 2016, je suis dans la sélection sans discontinuer et cette Coupe du Monde est la récompense finale."
Ce qui a énervé une partie des pro-Radja, c’est aussi d’entendre que vous étiez l’avenir de l’équipe nationale pour Roberto Martinez. Ils estiment qu’on ne prépare pas le futur dans un tournoi aussi important qu’une Coupe du Monde.
"Entendre le sélectionneur dire que je fais partie du futur des Diables, c’est un honneur. Mais j’espère aussi être le présent de cette équipe (sourire)."
Après le Mondial, il n’y aura plus Nainggolan, plus Defour et peut-être plus Fellaini. Cela vous ouvrira des horizons dans votre secteur de jeu.
"Oui, c’est vrai que j’espère monter en grade à ce moment-là. Mais franchement, je ne vois pas encore si loin. Là, c’est la Coupe du Monde et j’y vais avec l’espoir de jouer."
Votre place de prédilection est occupée par Kevin De Bruyne. Et ce poste est carrément triplé avec Mousa Dembélé et vous.
"En fait, on est à cinq pour deux positions avec Marouane et Axel aussi. Je peux aussi entrer en ligne de compte un cran plus haut car j’ai parfois occupé ce poste à Monaco. La concurrence est très rude mais j’espère quand même (sourire)."
Complétez : si les Diables vont en demi-finale et que vous ne jouez pas une seule minute en Russie, vous serez…
"Très content ! Si les onze qui sont sur le terrain sont très forts, je n’ai aucune raison de jouer."
Jouerez-vous lundi contre le Costa Rica pour le dernier match de préparation ?
"Je ne sais pas. Le coach avait dit que tout le monde aurait du temps sur les trois matches de préparation. J’espère donc jouer lundi pour pouvoir me montrer."
Avez-vous progressé cette saison à Monaco ?
"Oui. Mentalement surtout. J’ai dû sortir de ma zone de confort. Même sans jouer tous les week-ends, je devais rester positif dans le groupe. Techniquement, j’ai aussi appris à jouer plus vite. Et tactiquement, j’ai assimilé un nouveau système."
Beaucoup de gens ont la perception que vous avez raté votre première saison à Monaco alors que vous avez quand même eu beaucoup de temps de jeu et que l’équipe a atteint son objectif en finissant deuxième. Ça vous embête ?
"Je vais être honnête : j’ai l’impression qu’on néglige le championnat de France en Belgique. On minimise ce que Monaco a fait et ce que j’y ai fait. Ça, ça me dérange. On se contentait de juger sur base d’articles de presse en France mais pour se faire un véritable avis, il faut regarder la Ligue 1. On a fini deuxième et c’était notre ambition. Monaco ne peut réaliser l’exploit de finir devant le PSG chaque année."
Cette perception vient aussi du fait que vous étiez le capitaine d’Anderlecht qui ne ratait quasiment pas une seule minute de jeu.
"Oui mais je devais sortir de cette zone de confort. Ce n’est pas toujours facile mais il n’y a que comme ça qu’on progresse."
Vous n’étiez pas toujours titulaire cette saison. Vous vous attendiez à ça ?
"Oui, on en avait parlé avec le coach dès le départ. J’entrais dans la rotation des médians. Les gens avaient peut-être des attentes différentes mais c’est déjà très bien pour une première saison à l’étranger."
Satisfait donc de votre première année loin d’Anderlecht ?
"Oui, d’autant que je suis vite et bien revenu de ma blessure qui m’a freiné pendant l’hiver."
Serez-vous plus frais que d’autres Diables pendant cette Coupe du Monde ?
"Je suis toujours frais. J’ai 21 ans et mes jambes sont solides. Je suis prêt pour la Coupe du Monde. Et je pense que c’est le cas pour tous les joueurs. On a hâte d’y être."
Physiquement, OK, mais tactiquement, les Diables sont-ils prêts pour ce tournoi ?
"Oui, on sent que ça va de mieux en mieux. Contre le Portugal, on a vu ce qu’on devait améliorer. C’était déjà meilleur contre l’Égypte et ça doit être encore mieux lundi contre le Costa Rica."
Certains observateurs redoutent un manque de flexibilité tactique.
"C’est typique…"
Que voulez-vous dire ?
"Dans le groupe, on sait ce qu’on doit faire. On sait jouer de manière différente et dans des systèmes différents. Vous voyez ça de l’extérieur mais c’est ça qu’on bosse bien à tous les entraînements."
On voudrait voir tous les entraînements.
"Mais c’est impossible (rires) ! On ne veut pas voir tout notre travail tactique dans les journaux."
Si au-dessus de votre interview, on mettait le titre : "Pas de stress, on est flexible tactiquement", ça refléterait bien la réalité alors ?
"Plutôt : pas de stress, on sera flexible (rires)."
Votre famille devra aussi être flexible pour se passer de vous pendant plusieurs semaines.
"Je suis très proche de ma femme et de ma fille. Dans un tel tournoi, savoir que ta famille est avec toi, c’est une motivation supplémentaire mais je ne sais pas encore si elles pourront venir en Russie. Cinq heures d’avion, c’est difficile pour ma fille de 15 mois."