Affaire Martens à l'Union belge: "La tempête est passée"
Bob Madou, le directeur stratégie et communication de l’Union belge, a survécu à l’ affaire Martens et a resigné pour quatre ans. Entretien.
- Publié le 01-06-2016 à 09h28
- Mis à jour le 01-06-2016 à 09h39
Bob Madou, le directeur stratégie et communication de l’Union belge, a survécu à l’ affaire Martens et a resigné pour quatre ans. "Le 17 juin 2002 - jour de Belgique - Brésil -, je devais passer l’un des derniers examens de ma vie d’étudiant. C’était la branche psychologie du sport; je ne l’oublierai jamais. J’avais regardé le première demi-heure du match dans mon kot, puis j’avais filé en cinq minutes à vélo vers l’examen. J’avais refusé de préparer l’examen par écrit. Je l’avais fait vite-vite oralement et j’étais retourné en courant vers mon kot. J’étais juste à temps pour la seconde mi-temps. Hélas! la Belgique s’est inclinée."
Bob Madou (34 ans) est le directeur stratégie et communication de l’Union belge. Madou a non seulement toujours été un grand fan des Diables, mais a également été le moteur de la modernisation de la Fédération. Récemment, son contrat a même été prolongé de quatre saisons.
Pourtant, en tant que bras droit de l’ancien CEO Steven Martens, il était considéré comme mort et enterré à l’Union belge. "Je suis content d’être resté. Je m’amuse et on progresse."
L’anecdote de 2002 le démontre : vous êtes un gars sympa, alors que vous étiez considéré comme arrogant.
"C’est vrai ? Vous n’êtes pas le premier à me le dire. La différence, c’est que maintenant, je sens la confiance. Au moment où nous étions dans l’œil du cyclone, je me méfiais d’une attaque à chaque coin de rue."
On reprochait à la direction Martens d’avoir jeté l’argent par les fenêtres.
"Ce qui m’a fait mal, c’est qu’on nous ait accusés de remplir nos poches. Là, la presse a sali mon image, avec des titres comme ‘Graaicultuur (Culture de l’enrichissement personnel)’ . Ma maman a souffert en lisant cela. Là, je me suis demandé si je ne devais pas arrêter. J’ai connu des moments très difficiles, à partir de la fin de la Coupe du Monde jusqu’au mois de février 2015. Je ne le cache pas. Mais j’ai persévéré et j’ai eu raison. "
Vous avez quand même fait des erreurs, non ?
"On a fait des dépenses dont on peut se demander si on aurait pu obtenir une solution moins chère, c’est vrai."
Les bonus pour dirigeants ont également choqué pas mal de gens. Ils ont été supprimés.
"J’ai déjà dit que moi, je n’ai jamais touché de bonus. Et dans mon nouveau contrat, il n’y a pas la moindre possibilité d’empocher des bonus."
Êtes-vous devenu beaucoup plus économe ?
"Depuis le départ de Martens, Gérard Linard est devenu notre nouveau CEO . Il conduit une politique d’austérité. Mais attention, nous ne sommes pas avares ! Nous faisons encore d’importantes dépenses. Nous venons d’approuver un nouveau budget pour la digitalisation de l’ordre de 700.000 euros. Ce n’est pas peu, mais Gérard et tout le conseil d’administration ont donné le feu vert. Or, on doit moins dépenser, parce qu’entre-temps, on dispose déjà du savoir-faire nécessaire à la Fédération, et nos partenaires commerciaux ont beaucoup d’expérience au niveau communication. On ne doit plus faire appel à des bureaux externes."
L’ Euro peut rapporter gros pour la Fédération. On parle de 31 millions.
"Bien sûr qu’on peut faire une bonne affaire, mais les joueurs reçoivent également une grande partie du gâteau et les frais d’organisation sont considérables. Gardons toutefois compte de la taille du marché belge : on ne pourra jamais conclure des accords commerciaux comme les Français, les Anglais, les Russes ou les Allemands."
“Il n’y a plus un seul ticket !”
La Belgique dispose de 56.527 tickets à l’ Euro (dont 26.500 tickets qu’ils n’auront que si la Belgique passe aux prochains tours), plus quelques milliers de tickets neutres. Comment encore en trouver ? Madou : “Hélas ! les ventes sont terminées : il n’y a plus de tickets. Et nous suivons le conseil de l’Uefa : n’achetez pas de tickets au marché soir. L’Uefa prétend qu’elle fera des contrôles d’identité . Vu que les tickets sont nominatifs, vous ne rentrerez pas s’il n’est pas à votre nom. Je ne sais pas si tout le monde sera contrôlé ou s’il y aura des échantillonnages.”
“Un entraînement ouvert : le 8 juin”
Les supporters belges ne pourront pas assister aux entraînements de leurs idoles pendant le tournoi. “Il n’y a qu’un entraînement ouvert prévu en France” , dit Madou . “Il aura lieu le 8 juin dans l’ancien stade des Girondins de Bordeaux. Tous nos autres entraînements auront lieu au Haillan – le centre d’entraînement des Girondins – ou dans le stade du match, la veille de la rencontre. Pour des raisons de sécurité, les fans se sont pas acceptés.” Les médias pourront, en revanche, assister à environ un entraînement sur deux.
“Pas correct de Test-Achats”
Ces derniers mois, Madou s’est fâché une fois : quand Test-Achats a dénoncé le fait que les plus ardents supporters n’ont pas été récompensés dans l’attribution des billets pour les matches des Diables Rouges. Et quand un lot de 10.000 billets supplémentaires a été offert à la Belgique, Test-Achats déclarait : “Pour ces places, les supporters doivent payer des prix beaucoup plus élevés. Ces pratiques déloyales sont inacceptables.” Bob Madou n’a pas encore digéré cela : “Le magazine aurait quand même pu nous demander des explications. Mais ici, ses informations étaient erronées et il a ajouté un formulaire de virement pour devenir membre de Test-Achats. C’est tout simplement de l’opportunisme…”
“Les Diables veulent des actions pour enfants”
Madou coordonne les actions sociales auxquelles les Diables participent. “Je constate que les joueurs préfèrent participer à des campagnes pour ou avec les enfants” , dit-il. “Quelques exemples : pendant la semaine à Knokke, ils ont contacté par Skype des classes qui avaient gagné un concours. Ils l’ont fait avec le sourire. Ce vendredi, ils vont rendre visite aux écoles. Avant le Mondial, on avait vu la même chose avec les Défis des Diables . Pour les enfants, ils faisaient tout. Et avez-vous vu comment De Bruyne s’est amusé avec les ramasseurs de ballons à Heist ? Ce n’était pas arrangé à l’avance. La même chose vaut pour les campagnes commerciales. On essaie de les faire participer à des actions qu’ils aiment faire. Au niveau des interviews, on sent qu’ils ont de l’expérience. Ce ne sont plus des bambins. Et concernant les réseaux sociaux, il ne faut pas leur apprendre ‘les dix règles à suivre pour Twitter ’ …”
“Moins d’erreurs de paiement en Belgique”
La Fédération est pointée du doigt par plusieurs supporters qui n’ont pas réussi à se procurer un ticket pour des raisons diverses. “Nous avons surtout été contactés par des gens qui ont commis une erreur de paiement au moment où ils avaient un ou des tickets” , dit Madou. “Là, on est vraiment impuissants. Quand vous avez un ticket pour un concert, mais que vous vous trompez de date d’expiration de votre carte bancaire, vous n’aurez pas vos tickets non plus. Par contre, de tous les pays participant à l’ Euro , la Belgique est celui où le moins d’erreurs de paiement ont été enregistrés.”
“Le car sera gardé 24h/24 et 7 jours/7”
En France, la sécurité sera maximale , aussi bien pour les supporters que pour les joueurs. “Un exemple : la flotte officielle de chaque pays – le car et quatre autres véhicules – sera fouillée le 7 juin et ensuite gardée 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. L’hôtel sera seulement occupé par la délégation belge. Et les terrains de golf de l’hôtel ? Les membres du club pourront y jouer, mais c’est tout. Tous les signaux en provenance de France nous rassurent au niveau de la sécurité. Les fan zones de l’Uefa, par exemple, seront soumises à des mesures de sécurité particulièrement sévères. C’est pour cela que nous comprenons que nous ne pouvons pas construire de Fan village belge.”
“Pas encore de procès pour notre logo”
Avant le Mondial, la Fédération avait attaqué en justice un éditeur flamand parce qu’il avait utilisé le logo de la Fédération alors qu’il n’est pas partenaire officiel. “Nous avons à nouveau les mêmes problèmes, mais nous n’avons pas encore déposé plainte au tribunal” , dit Madou. “D’un côté, notre devise est ‘Tous ensemble’ et nous voulons vraiment que tout le monde puisse nous encourager. D’un autre côté, nous devons respecter nos douze partenaires commerciaux, qui nous paient des sommes considérables. Nous avons donc un bureau qui veille à ce qu’il n’y ait pas d’infractions. Mais souvent, il s’agit d’infractions involontaires. Nous essayons de trouver des solutions à l’amiable.”