Semaine de lutte contre la violence dans le foot amateur (5/5) : pour Nicolas Frutos “on identifie et c’est suspension à vie”
L’ancien joueur d’Anderlecht, aujourd’hui directeur technique à la RAAL, prône la tolérance zéro.
- Publié le 06-04-2024 à 12h57
- Mis à jour le 06-04-2024 à 12h58
Ce week-end des 6 et 7 avril, joueurs, coachs, arbitres, dirigeants et supporters sont invités à placer un trait rouge sur la joue gauche afin de montrer leur participation à la campagne de l’ACFF destinée à mettre en avant la lutte contre les violences dans le football amateur. Tout au long de la semaine, plusieurs intervenants ont pris la parole dans nos colonnes pour mettre en avant cette lutte et tenter d’apporter quelques solutions pour combattre un fléau qui gâche le plaisir de nombreux sportifs. Pour terminer cette série, Nicolas Frutos, qui s’est mobilisé pour la campagne Trait rouge, a accepté de répondre à nos questions. L’ancien joueur d’Anderlecht, aujourd’hui directeur technique de la RAAL, nous parle de la violence à laquelle il a été confronté, que ce soit en Argentine ou en Belgique, et de sa solution radicale.
Nicolas Frutos, en quoi est-ce important pour vous de participer à cette campagne Trait rouge ?
”Le football est un spectacle et doit le rester. Ce qui m’a le plus attiré vers la Belgique en quittant l’Argentine, c’est qu’on pouvait aller au football en famille, qu’on pouvait se rendre au stade avec les enfants, quelque chose qui devient très difficile en Argentine.”
Il y a beaucoup plus de violence dans les stades en Argentine ?
”Il ne faut pas sous-estimer ce qui se passe en Belgique, mais ça n’a rien à voir avec ce qui se passe en Argentine ; ce sont deux mondes complètement différents. En Argentine, ça fait près de dix ans que les supporters adverses ne peuvent plus assister aux rencontres. Avant d’instaurer cette règle, il y avait des morts pratiquement chaque week-end.”
Ce sentiment de sécurité que vous aviez à votre arrivée en Belgique, vous l’avez toujours aujourd’hui ?
”Malheureusement, je me rends compte que ce sentiment de sécurité que j’avais en 2006 n’existe plus aujourd’hui. C’est devenu de la folie et il est temps de combattre ce fléau à partir de la racine.”
Avez-vous déjà été confronté directement à des faits de violence durant votre arrière ?
”Malheureusement oui. J’ai vécu des choses en tant que joueur ou entraîneur. J’ai reçu des coups de poing, que ce soit en Argentine ou en Belgique. En Belgique, c’était lors d’un match à Genk alors que je travaillais à Anderlecht. J’étais présent au stade pour faire du scouting, j’étais simplement en train de marcher dans le parking avec ma veste d’Anderlecht et une vingtaine de courageux Ultras s’en sont pris à moi. Heureusement, un steward m’a sauvé la peau.”
On a récemment vu dans plusieurs pays des faits de violence assez graves. Craignez-vous que ça arrive en Belgique ?
”La société évolue parfois dans le mauvais sens et, malheureusement, on voit parfois des choses qu’on n’a pas envie de voir, comme ce qu’on a vu récemment en Turquie. Il y a des actions de la Pro League, qui essaie de mettre des choses en place, les fédérations font également un gros travail de prévention, comme c’est le cas avec cette campagne Trait rouge lancée par l’ACFF. Il faut continuer dans cette voie pour donner toute l’attention que ces actions de sensibilisation méritent. Pour ne pas en arriver à ce degré de violence en Belgique.”
Heureusement, un steward m’a sauvé la peau.
Quelle solution préconisez-vous pour lutter contre cette violence qui augmente ?
”Pour moi, la solution est simple : on identifie et c’est suspension à vie. Il faut être très sévère, c’est la seule manière. Ce n’est pas possible qu’un match soit arrêté parce qu’un idiot l’a décidé. Un acte qui a de lourdes conséquences pour beaucoup de monde, que ce soit pour les finances des clubs, les blessures physiques qui peuvent découler de ces actes, et puis c’est le travail de plein de gens qui est mis en danger à cause de ça. Il ne faut pas oublier que ça reste un sport. On ne voit pas de telles choses aux Jeux olympiques et dans d’autres sports, alors pourquoi est-ce que ça devrait arriver dans le monde du football ?”
Comment la RAAL lutte-t-elle contre les violences au quotidien ?
”Le club est très fort en termes de communication et de réactivité par rapport au moindre dérapage. Nous avons une direction très réactive par rapport à tout ça. Il n’y a pas de meilleure action à faire qu’une bonne prévention, et c’est à ce niveau que nous travaillons à la RAAL.”