Sven Mary dénonce l'organisation de l'opération Mains propres dans le foot belge
Le pénaliste estime que tous les suspects n'ont pas été traités de la même manière pour les mêmes faits reprochés. Dix d'entre eux ont passé la nuit ensemble dans la même cellule.
- Publié le 12-10-2018 à 10h12
- Mis à jour le 12-10-2018 à 11h37
Le pénaliste estime que tous les suspects n'ont pas été traités de la même manière pour les mêmes faits reprochés. Dix d'entre eux ont passé la nuit ensemble dans la même cellule.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, plusieurs personnes ont été placées sous mandat d'arrêt suite à l'opération Mains propres menée dans l'univers belge du ballon rond. Parmi eux, Mogi Bayat mais aussi l'agent Karim Mejjati, défendu par le ténor Sven Mary. Et l'avocat est en colère ce vendredi matin. Il ne mâche pas ses mots.
Il s'étonne tout d'abord de l 'organisation d'une opération d'une telle envergure.
"On a mené des dizaines de perquisition, des dizaines de personnes ont été déférées. On a sorti les gens de leur lit à 6 h du matin pour les laisser pendant 26 heures dans une cellule, sans aucun contact avec leurs avocats. On viole le principe de la loi sur la détention préventive. On les arrête mercredi matin et à 18 h le jour même, on stoppe les auditions. Pourquoi si tôt ?" s'interroge déjà l'avocat, avant de poursuivre : "Le jeudi, à 18 h, on réalise qu'il reste 12 h pour entendre 16 personnes. On rappelle alors un deuxième juge. A 21 h, on se rend compte qu'on est toujours face à un énorme problème d'organisation. On en rappelle un troisième. A 22 h seulement, on commence l'audition de mon client. Il est alors détenu depuis 38 h déjà. Il n'a pas encore dormi".
Le risque de collusion
Et le pénaliste de préciser que son client a passé la nuit avec dix autres suspects dans ce dossier, dans la même cellule. "Le juge qu'il l'a interrogé ne connaissant pas le dossier. Il l'a découvert une heure avant l'audition. Je ne lui en veux pas, il n'y est pour rien. Mais quand il place mon client sous mandat pour risque de collusion avec les autres suspects alors que Karim Mejjati a passé la nuit avec dix autres personnes impliquées dans ce dossier, dans la même cellule, je suis en droit de me poser des questions !".
Et pour Sven Mary, un autre souci se pose dans ce dossier. "On est là face à un système de deux poids deux mesures. Ivan Leko, qui est inculpé uniquement pour le volet blanchiment d'argent, on le remet en liberté. On reproche exactement la même chose à mon client mais on le place sous mandat. Pourquoi ? Peut-être parce que le juge qui a interrogé Ivan Leko connaissait le dossier. Pas l'autre, à qui, encore une fois, je ne peux en vouloir mais c'est regrettable de constater cette désorganisation dans ce dossier.
Sven Mary estime aussi que les avocats intervenus à Hasselt ont été parfois traités comme des animaux. "On a fait croire à certains que leur client passerait à 14 h pour les faire attendre jusqu'à minuit".
En ce qui concerne Karim Mejjati, son client, l'agent connu comme l'homme de confiance de Fellaini, doit s'expliquer sur une facture de 95.000 euros qui ressort de comptabilité. "Une facture pour laquelle mon client a payé la TVA et des impôts". Pas une seule montre n'a été saisie chez l'agent en question.