Les six raisons qui font que le Standard devra se méfier de Genk à la sauce Clément
- Publié le 16-03-2018 à 13h54
Philippe Clément a imprimé sa griffe sur Genk depuis son arrivée. Analyse des secrets de travail du coach qui ne cesse de réussir. Son brin de chance : les cadres de retour
"Je veux plus de joueurs avec une mentalité de gagnant."
Les premiers constats de Philippe Clément n’étaient pas lisses. Pour lui, certains cadres de l’équipe n’affichaient pas l’état d’esprit adéquat à leur statut dans un grand club.
Depuis lors, Malinovsky et Pozuelo ont retrouvé leur niveau et leur place centrale dans le jeu genkois. "C’est à la fois dû à cette remise en question de la part du coach mais aussi par une prise de conscience des joueurs car pour certains, c’est le jour et la nuit", dit Alex Teklak. "Il a eu un peu de chance d’avoir les cadres à leur niveau et de pouvoir compter sur Karelis, un attaquant sur lequel Stuivenberg n’a pas pu compter."
Ses transferts ont également été bien ciblés. Seck était une valeur sûre. "Et Ndongala a directement été très bien intégré dans un rôle qu’il ne connaissait pas spécialement. Il y a également été à tâtons avec sa défense pour finalement confirmer le duo Aidoo-Colley."
Son travail sur phases arrêtées : "La zone est bien appliquée"
Le chemin le plus rapide vers le but est peut-être les phases arrêtées. Pour Genk, il fallait surtout arrêter d’encaisser sur ces coups de pied arrêtés. "Sous Stuivenberg, c’était un peu ‘débrouillez-vous’ , il y avait du laisser-aller", sourit Alex Teklak.
Philippe Clément a travaillé là-dessus durant la trêve et en stage. Résultats à la clé. "L’organisation a totalement changé. La présence de Seck est un plus mais la zone est vraiment bien appliquée."
Un travail qui illustre son apport défensif depuis qu’il est en charge. "Rien que le travail en reconversion est totalement différent. La compensation se fait bien. Il place son bloc très haut pour pouvoir dominer et a appris à ses joueurs à couvrir leur dos. La présence d’Aidoo et de sa vitesse fait du bien."
Ses capacités de collaboration : il voit plus loin que son vestiaire
L’une de ses grandes tâches à son arrivée a été de gérer le mercato hivernal. Et peu de coachs fraîchement promus auraient réagi d’une telle manière. Il a travaillé en collaboration avec le reste de l’équipe dirigeante. Notamment avec Dimitri De Condé. "Ils se connaissent bien" , dit Teklak. "Et De Condé est du genre à être patient avec ses coaches, à les soutenir. Il y a une sorte d’osmose qui s’est rapidement créée."
Philippe Clément possède un profil unique qui lui permet de structurer les choses plus loin que dans son vestiaire. "À Beveren, il a fait installer des lits", donne en exemple Teklak. À Genk, il est arrivé dans un club nettement plus structuré mais il a déjà commencé à y imprimer sa griffe. "Je trouve qu’un équilibre structurel a été retrouvé dans le club en général. Après, quand les résultats suivent, ça aide."
Son football positif : "La philosophie du club"
Ses principes de jeu sont simples à résumer : du football positif et dominant. Alex Teklak définit son football comme "protagoniste". Même à Waasland-Beveren, il préférait avoir le ballon que de tenter d’attaquer sur contre.
"Il est l’homme idéal pour Genk. Il possède la bonne philosophie pour le club", disaient Aimé Anthuenis et Wilfried Van Moer lors de sa nomination. "Ce que j’apprécie est qu’il spécule sur les forces de son équipe", analyse Teklak. "Il a changé son approche entre Waasland-Beveren et Genk, notamment dans son triangle qui est très différent et beaucoup plus joueur dans le Limbourg. Son football est d’ailleurs un peu plus posé qu’à Beveren."
Il a travaillé sur la condition physique de ses joueurs pour qu’ils puissent répondre à ses attentes. Il réclame encore plus de travail de ses ailiers que son prédécesseur. "Et il travaille énormément avec des répétitions de course et des infiltrations", explique Teklak. "Ndongala, dans son rôle de deuxième attaquant, les multiplie."
Sa capacité d'organisation : "Il a prouvé qu'il sait s'adapter"
"Son grand mérite est d’avoir su prendre la température de son groupe à son arrivée", résume Alex Teklak. "Le talent était là. Un peu comme au Standard, il y a une richesse en termes d’équipe."
Sa première mission a été de remettre de l’ordre derrière. Un chantier que son prédécesseur avait, contrairement à ses dires, abandonné au profit d’un football uniquement offensif.
"Philippe Clément possède une force que beaucoup d’autres entraîneurs n’ont pas", souligne Teklak. "Il a tout fait : coach U21 , préparateur des U21 , scout, directeur technique des jeunes, entraîneur spécifique des défenseurs, entraîneur adjoint. Il a toujours appris sur le tas. Et ces expériences sont un enrichissement total pour lui. Et ça lui offre cette capacité d’adaptation qui lui est typique."
L’exemple le plus criant est ce nul conquis sur le terrain du Club Bruges il y a quelques semaines. Il avait repris le losange de l’entrejeu qu’avait tenté Stuivenberg pour contrer la défense à trois de Bruges. "Et il a eu l’honnêteté de dire qu’il s’en était inspiré. On s’est alors vraiment rendu compte de la différence dans l’organisation défensive de l’équipe. Il a prouvé que sa capacité d’adaptation tactique est vraiment impressionnante. Et il le fait sans pour autant changer sa stratégie. Il a des principes qu’il garde."
Sa gestion des joueurs
Débarqué en décembre dans un club en crise, Philippe Clément a attendu janvier pour vraiment poser les bases de son jeu. Il a toutefois rapidement parlé avec ses joueurs. Avant même de rencontrer la presse, il a décidé de discuter avec son groupe. Pour prendre la température;
"Un peu comme quand Yves Vanderhaeghe est arrivé après Hein Vanhaezebrouck, Philippe Clément a succédé à Albert Stuivenberg, un entraîneur qui étouffait un peu ses joueurs", explique Alex Teklak. "Il y a eu un phénomène commun à Genk et à Gand. On m’a glissé que Stuivenberg était très braqué sur ses séances vidéo et que les joueurs ne suivaient plus. Clément a compris que le groupe n’était pas au mieux et il a fait preuve de souplesse. Il a compris qu’il fallait s’intéresser à l’homme, pas au joueur."
En stage, il a discuté avec ses joueurs et a affirmé "avoir eu de bons rendez-vous avec certains". Directement, il a remis certaines personnalités du vestiaire en confiance et le reste a suivi. "Il a un côté sympa qu’il a gardé de ses années de joueurs", poursuit Teklak. "Il allait au duel mais restait classe. C’est le people manager par excellence. Et si certains sont un peu dans le fake, lui est authentique. Il parle aux joueurs car il les apprécie. J’ai été frappé de sa manière de se comporter sur les plateaux de télévision. Il est attentif, participe au débat et écoute les différents avis. Cela résume un peu sa manière de travailler avec ses gars."