Bram Nuytinck se confie: "L’Udinese jouerait pour le titre en Belgique"
En préparant le clash contre l’Inter avec l’Udinese, Bram Nuytinck a une pensée pour son ex-club avant Bruges : "Anderlecht me manque, mais je n’ai pas de regrets"
- Publié le 15-12-2017 à 10h15
- Mis à jour le 15-12-2017 à 10h24
En préparant le clash contre l’Inter avec l’Udinese, Bram Nuytinck a une pensée pour son ex-club avant Bruges : "Anderlecht me manque, mais je n’ai pas de regrets" Cette dernière décennie, peu d’Anderlechtois ont joué autant de fois contre Bruges que Bram Nuytinck (27 ans). En cinq saisons au Sporting, le Néerlandais a affronté le Club à onze reprises, dont six fois au stade Jan Breydel.
Depuis la fin juillet, Nuytinck porte les couleurs de l’Udinese. Voici sa première interview depuis son départ en Italie.
Bram Nuytinck, on a pensé à vous parce que Kara est incertain et Deschacht est suspendu pour ce match à Bruges. Anderlecht aurait pu vous utiliser.
"Honnêtement, je ne savais pas que ce match retour contre Bruges était déjà programmé ce weekend. Les deux viennent quand même de s’affronter, non ? Nous jouons aussi contre le leader, l’Inter Milan. Bien sûr que je suis encore Anderlecht, mais impossible de regarder leurs matchs en direct. Je vois des résumés de matchs via Internet. J’ai entendu que Vanhaezebrouck fait souvent tourner son équipe ? Gunter Vanhandenhoven, Frank Boeckx, Dendoncker et Kums me tiennent au courant."
Oui, mais les résultats sont en dents de scie. 0-1 au Celtic, 1-3 contre Charleroi. Si Bruges gagne, Anderlecht serait à 13 points.
"J’ai connu cinq très belles saisons à Anderlecht; je connais donc la maison. Même avec 13 points de retard, rien ne serait joué. Quand Anderlecht est au tapis, il reste dangereux. N’enterrez pas mon ex-équipe, surtout avec ce système de playoffs. Souvenez-vous de la saison où Hasi est devenu champion. Personne ne croyait plus en nous."
Vous n’avez gagné qu’une fois en six visites à Bruges, en 2014.
"Quand Meunier a marqué contre son camp. C’était le but du titre pour nous. Je le sais : la haine envers Anderlecht est toujours énorme à Bruges. Mais au Standard, c’est encore pire. Un Feyenoord - Ajax est plus comparable à Standard - Anderlecht qu’à Bruges - Anderlecht."
Vous êtes 13e en Serie A , Anderlecht a joué la Ligue des Champions et espère encore être champion. Pas de regrets de votre départ ?
"Pas du tout ! Je ne cache pas qu’Anderlecht me manque - je suis souvent seul à Udine - mais j’ai fait le bon choix. Après cinq saisons, c’était le moment de saisir une belle opportunité si elle se présentait. Nous ne sommes que 13e, mais j’ose dire que le niveau de la Serie A est supérieur à celui du championnat belge. Le Milan AC a acheté pour 200 millions mais n’a que trois points de plus que nous."
Où serait l’Udinese dans le championnat belge ?
"C’est rigolo, Dennis Praet et moi nous sommes posé la même question. La Sampdoria jouerait pour le titre et - honnêtement - je crois que ce serait aussi le cas de l’Udinese. On a vraiment une chouette équipe (NdlR: Le joueur le plus connu est Maxi Lopez - ex-Barcelone). Anderlecht, par contre, ne serait pas un candidat pour le titre en Serie A . Naples, la Roma, la Juve , l’Inter… Ce sont des autres calibres… Il suffit de comparer les budgets et les dépenses."
Vous faisiez rarement l’unanimité à Anderlecht. Avez-vous reçu assez de respect ?
"Oui. Quand on signe à Anderlecht, c’est comme à l’Ajax : on sait qu’on s’en prend plein la figure quand ça va mal. J’ai connu des moments difficiles à Anderlecht, mais encore plus de beaux moments. D’ailleurs, je regrette de ne pas avoir pu dire adieu aux supporters. Je l’ai fait dans une petite vidéo, mais j’aimerais un jour venir les saluer au stade."
Visiblement, vous n’étiez pas si mauvais que cela : l’Udinese a payé 3 millions pour vous.
"Ils m’ont suivi dans plusieurs matchs, y compris en Ligue Europa. Apparemment, j’étais le joueur qu’il leur fallait. Et d’ailleurs : 3 millions, c’est quand même deux fois rien quand on entend les sommes déboursées pour d’autres joueurs (rires)... ".
Il a écrasé Praet mais a perdu face aux grands
Nuytinck a rencontré plusieurs ex-Anderlechtois : "Naples est le plus fort"
En quatre mois, Nuytinck a déjà affronté les meilleures équipes et plus grands attaquants de la Serie A. Contre le Milan AC, l’Udinese s’est inclinée 2-1. "Après le match, j’ai un peu papoté avec Biglia", dit-il. "Pas longtemps, parce qu’il n’avait pas le temps. Mais c’était chouette de le revoir. On a joué un an ensemble à Anderlecht, en 2012-2013."
La Juventus a battu l’Udinese 2-6, avec trois buts de Khedira. Higuain, l’adversaire direct de Nuytinck, n’a pas marqué. "C’était un match fou. On a tenu le coup jusqu’à 2-2."
Et au Stadio Olimpico de l’AS Rome, il s’est incliné 3-1. Nuytinck a mis une tête sur la latte et a donné un bel assist de 70 mètres pour le seul but de l’Udinese, mais Dzeko a marqué le 1-0 et El Shaarawy les 2-0 et 3-0. "J’avais pourtant déjà joué contre lui avec Anderlecht en Ligue des Champions, quand il était à Milan."
Son plus beau résultat : 4-0 contre la Sampdoria. "Cela faisait plaisir de revoir Praet. C’est avec lui que je suis le plus en contact, via Whatsapp. Mais on n’a pas le temps de se donner rendez-vous."
Et puis, il y a eu un 8-3 - un résultat atypique pour l’Italie - en Coupe contre Perugia. "C’était le premier match d’Oddo comme coach. Je sais qu’on dit souvent que le football n’est pas sexy. En Belgique et aux Pays-Bas, on le suit moins que le foot anglais, espagnol ou allemand. Mais ne sous-estimez pas le niveau. Il suffit de voir les résultats de nos clubs en Ligue des Champions."
Un mauvais souvenir a été le 2-1 à la Fiorentina. Les deux buts ont été inscrits par... Cyril Théréau (ex-Charleroi et Anderlecht), qui était encore le buteur de l’Udinese jusqu’à la fin août...
Ce samedi, Bram Nuytinck sera opposé à Icardi (Inter, 16 buts). "L’Inter est leader, ce sera un défi de ramener un bon résultat du stade Giuseppe Meazza. L’équipe qui m’a le plus impressionné jusqu’à présent, c’est Naples. J’ai parlé avec Mertens après la rencontre. Il est vraiment épanoui. Et il dit que leur coach est top ."
Titulaire 11 fois sur 15, Nuytinck est fier de son début de saison en Serie A
Nuytinck n’a pas loupé ses débuts en Serie A. Des 15 matchs de championnat, il en a débuté 11 et il a marqué un but. "J’ai reçu beaucoup de compliments", dit-il. "Même au moment où l’équipe ne tournait pas."
Nuytinck a juste perdu sa place en novembre, mais il l’a récupérée. "C’est la période pendant laquelle notre entraîneur Delneri a été viré. Le nouvel entraîneur Oddo a changé la tactique : on ne joue plus à cinq mais à quatre derrière. J’étais habitué au premier système, mais je me suis adapté à la nouvelle façon de défendre."
Nuytinck l’a répété à plusieurs reprises : la grande différence avec l’Anderlecht de van den Brom, Hasi et Weiler, ce sont les séances tactiques. "Avec Delneri, c’était surtout la tactique défensive. Avec Oddo, on travaille aussi la possession du ballon. Parfois, les analyses vidéo durent des heures. On dit parfois qu’en Italie, défendre est un art. Eh bien, je peux confirmer que c’est le cas…"
Autre nouveauté : les mises au vert. Nuytinck : "Sven Kums m’avait averti. Quand les résultats sont mauvais, on part en mise au vert pendant toute une semaine, sans voir sa famille. On a eu la blague à quelques reprises. Ce n’est pas évident. Surtout pour moi, qui vois déjà si peu mes proches."
En effet, Nicoletta, sa compagne, habite Amsterdam. "Elle suit des cours de médecine; elle est dans sa dernière année. Elle a cours de 7 h à 19 h, c’est une formation très exigeante. Elle n’a pu me rendre visite que six fois. Et moi, quand j’ai congé, ce n’est qu’un jour et demi… Avant, à Anderlecht, je savais facilement faire un aller et retour aux Pays-Bas."
Cela dit, Nuytinck ne se plaint pas. "Je suis très fier de jouer à l’Udinese. La ville est magnifique, on l’appelle ‘Venise en petit’. C’est super que je puisse me promener en ville incognito. Plus on va dans le Sud du pays, plus les tifosi sont chauds."
Un autre argument pour venir en Italie est l’aspect financier. "Il ne faut pas être hypocrite : on gagne beaucoup mieux sa vie en Italie qu’en Belgique. Anderlecht m’a proposé un nouveau contrat, mais il n’y a pas photo avec ce que je gagne ici. Et les grands clubs paient encore beaucoup mieux. La Belgique et les Pays-Bas - les clubs néerlandais paient encore moins que les belges - ne peuvent jamais rivaliser avec l’Italie."
S’il a bien eu un handicap comparé à ses coéquipiers italiens, c’est de ne pas parler la langue.
"Au début, je ne comprenais rien du tout", dit Nuytinck. "Le coach Delneri ne parlait pas un mot d’anglais. Qui plus est, son italien était un dialecte. Je crois qu’il n’a pas parlé une seule fois avec moi." Nuytinck a d’emblée suivi des cours d’italien. "Mais ça n’avançait pas trop avec le professeur que le club mettait à notre disposition. Entre-temps, il a d’ailleurs été viré. Sven Kums m’avait dit que ça ne ressemblait pas à grand-chose. Maintenant, on suit deux cours par semaine dans une école. Mais pour que je progresse plus vite, je suis des cours privés avec un professeur néerlandais via Skype. Je comprends déjà beaucoup et je commence un peu à parler."
Nuytinck côtoie surtout les Scandinaves de l’Udinese. "Heureusement, eux, ils parlent l’anglais… (Rires)".