Chris Froome exclu du Tour de France: l’épilogue d’une affaire embarrassante ?
L’organisateur du Tour veut se passer de la présence encombrante du Britannique.
- Publié le 02-07-2018 à 08h34
- Mis à jour le 02-07-2018 à 11h33
L’organisateur du Tour veut se passer de la présence encombrante du Britannique. Selon des informations parues ce dimanche matin sur le site du quotidien Le Monde, Amaury Sport Organisation (ASO), propriétaire du Tour de France, a interdit, par courrier, à l’équipe Sky d’aligner Chris Froome sur la prochaine Grande Boucle. L’organisateur s’appuie en effet sur l’article 28 de son règlement qui, conformément au règlement de l’Union cycliste internationale, "se réserve expressément la faculté de refuser la participation à - ou d’exclure de - l’épreuve, une équipe ou l’un de ses membres, dont la présence serait de nature à porter atteinte à l’image ou à la réputation d’ASO ou de l’épreuve."
Car Chris Froome est en principe autorisé à courir tant que l’affaire de son contrôle anormal au salbutamol sur la Vuelta 2017 n’est pas tranchée. Le quadruple vainqueur du Tour a d’ailleurs continué à exercer sa profession depuis l’épreuve espagnole. Et Chris Froome a même étoffé son palmarès en s’imposant sur le dernier Giro.
Il y a trois jours, Christian Prudhomme avait fait part, au micro d’Europe 1, de son agacement face à la lenteur des institutions dans le traitement de cette affaire. Le directeur du Tour avait parlé d’une "situation consternante" tout en reconnaissant que Chris Froome avait "juridiquement" le droit de courir. Mais Christian Prudhomme a donc décidé d’abattre son dernier atout à une semaine du Grand Départ.
David Lappartient a reconnu que l’action d’ASO ne posait "pas de problème" à partir du moment où l’organisateur appliquait "des dispositions prévues au règlement de l’UCI." Le président de l’UCI a aussi promis de faire "connaître la position générale" de l’instance qu’il dirige "dans le courant de la semaine".
L’équipe Sky a logiquement décidé de faire appel de cette décision devant la chambre arbitrale du Comité national olympique du sport français. Elle défendra son cas ce mardi, à partir de 9 heures. La décision devrait être communiquée mercredi. Et si l’on se réfère aux affaires similaires jugées par le passé, il y a fort à parier que Chris Froome soit tout de même au départ de Noirmoutier-en-l’Île le 7 juillet.
ASO retente sa chance
Avant Chris Froome, l’organisateur du Tour a tenté trois fois d’exclure un ou plusieurs coureurs. Sans succès
En 1999, un an après le cataclysme de l’affaire Festina, le directeur du Tour Jean-Marie Leblanc tente, avant le départ de Vendée, de fermer la porte à Manolo Saiz, manager de l’équipe Once, à Richard Virenque et à l’équipe TVM. Manolo Saiz et Richard Virenque font appel devant la commission disciplinaire de l’UCI présidée par Hein Verbruggen et sont réintégrés au bénéfice d’un vice de forme.
En 2006, Manolo Saiz, alors directeur sportif de l’équipe Liberty Seguros-Würth, est interpellé par la police en pleine affaire Puerto. L’équipe Astana, construite sur les ruines de l’équipe dirigée par le sulfureux Espagnol, est interdite de départ par ASO.
Le 29 juin, à deux jours du prologue, le Tribunal arbitral du sport constate "qu’aucune information officielle concernant cette enquête n’a encore été révélée par les autorités espagnoles" et autorise Astana à prendre le départ. Le lendemain, après examen du dossier remis par les autorités espagnoles, l’équipe est contrainte de renoncer, après la mise à l’écart de cinq de ses neuf éléments concernés par l’affaire Puerto. Avec quatre coureurs rescapés, elle présente en effet un nombre insuffisant de partants par rapport au règlement pour s’aligner au départ.
Le 18 juin 2009 , ASO récuse Tom Boonen, qui a fait l’objet quelques semaines plus tôt d’un contrôle positif à la cocaïne, hors compétition. "L’image et le comportement de Tom Boonen sont incompatibles avec l’image du Tour de France et celle qu’un champion exceptionnel comme lui se doit de véhiculer", soutient alors la direction du Tour.
Les avocats de Quick-Step et du coureur saisissent le tribunal de grande instance de Nanterre qui se déclare incompétent le 30 juin et les renvoie devant la Chambre arbitrale du sport du CNOSF. L’affaire est examinée le 2 juillet et Tom Boonen obtient le feu vert le lendemain.