Les 10 questions qui vont rythmer la saison cycliste 2018
La saison cycliste est déjà lancée aux quatre coins de la planète mais c’est le 16 janvier, en Australie, avec le lancement du Tour Down Under, première épreuve du WorldTour, qu’elle démarrera au plus haut niveau. Que nous réserve cette année qui débute alors que la précédente a couronné Greg Van Avermaet comme n°1 mondial, vainqueur du WorldTour, et que la Belgique occupe, elle aussi, la première place du classement des nations ?
- Publié le 03-01-2018 à 11h25
- Mis à jour le 03-01-2018 à 12h20
La saison cycliste est déjà lancée aux quatre coins de la planète mais c’est le 16 janvier, en Australie, avec le lancement du Tour Down Under, première épreuve du WorldTour, qu’elle démarrera au plus haut niveau. Que nous réserve cette année qui débute alors que la précédente a couronné Greg Van Avermaet comme n°1 mondial, vainqueur du WorldTour, et que la Belgique occupe, elle aussi, la première place du classement des nations ? La rubrique cyclisme de La Dernière Heure - Les Sports s’est posée les dix principales questions qui vont rythmer les mois à venir, et voici ses réponses.
Chris Froome sera-t-il sanctionné? Oui, mais quand ?
C’est le mauvais feuilleton qui va nous occuper durant la fin de cet hiver et certainement le début du printemps prochain. Il pourrait même pourrir toute la saison à venir si l’on se souvient que, dans des circonstances comparables, Alberto Contador, contrôlé positif lors du Tour de France 2011, n’avait été finalement suspendu qu’en février 2012 et privé alors rétroactivement de ses succès dans la Grande Boucle et au Tour d’Italie 2011, ainsi que de ses autres résultats. Car à une possible sanction pourrait toujours succéder un appel éventuel devant le Tribunal arbitral du sport, que ce soit de la part du coureur britannique ou de l’Union cycliste internationale. Christopher Froome sera-t-il sanctionné après son contrôle antidopage anormal au Tour d’Espagne où le double de la quantité de salbutamol autorisée par le règlement pour qu’il soigne son asthme a été découvert dans les urines du Britannique ? Pour les journalistes de la rubrique cyclisme de la DH, cela semble évident. Sur base de ce que l’on sait de ce dossier troublant et forcément complexe, on voit mal le quadruple vainqueur du Tour de France échapper pourtant à une sanction. Celle-ci sera-t-elle conséquente (une ou plusieurs saisons) ou réduite (quelques mois) et prendre des allures de jugement de Salomon ? Les avis sont partagés. Pour savoir quand elle interviendra, tout dépendra de la rapidité de la procédure mais le coureur de Sky, qui s’est entouré des meilleurs avocats et experts, compte tout mettre en œuvre pour prouver sa bonne foi et échapper à la sanction qui ternirait sa carrière désormais égratignée.
Froome gagnera-t-il le Giro et/ou Le Tour ? Le Giro oui mais plus le Tour
Le dossier disciplinaire concernant Christopher Froome risque de ne pas trouver rapidement un épilogue, malgré les appels des organisateurs des Tours d’Italie et de France. Froome pourrait donc bien être au départ du Giro, à Jérusalem. Il y a peu de chance pour que cet appel soit suivi d’effet. Avant d’être rattrapé par son affaire, ou plutôt avant que celle-ci ne soit divulguée, le Britannique s’était lancé de nouveaux défis. Froome veut doubler le Giro et le Tour cette année. Ce sont en fait de nombreux challenges qui l’attendent. Gagner le Giro et réussir ainsi une passe de trois exceptionnelle en remportant, sur deux saisons, les trois grands tours consécutivement. S’il ramène le maillot rose à Rome, il deviendra le septième champion, après Jacques Anquetil, Felice Gimondi, Eddy Merckx, Bernard Hinault, Alberto Contador et Vincenzo Nibali à avoir inscrit au moins une fois chacun des trois grands tours à son palmarès. Ensuite, Froome espère aussi remporter une cinquième fois le Tour de France et devenir ainsi à son tour quintuple lauréat de la Grande Boucle, comme Anquetil, Merckx, Hinault et Miguel Indurain. Forcément affaibli ou perturbé, ainsi que son entourage, par l’affaire du contrôle de la Vuelta, Chris Froome peut-il réussir ce doublé dont plus personne n’a été capable depuis vingt ans et Marco Pantani ? Même si cette année, comme cela avait d’ailleurs été le cas en 1998 (tiens, tiens), le départ du Tour de France est repoussé d’une semaine pour cause de Coupe du Monde de foot, avec autant de jours de repos supplémentaires entre les deux épreuves (quarante au total alors qu’il n’y en avait que 26 l’an dernier entre la fin du Tour et le départ de la Vuelta), le pari est risqué pour le coureur de Sky. Alberto Contador, par exemple, n’y est pas parvenu ces dernières années, en 2011 et 2015.
Qu'apportera la réduction du nombre de coureurs ? Plus de suspense
Dès l’ouverture de la saison avec le Tour Down Under, le peloton sera marqué par un nouveau point de règlement important. Désormais, dans les grands tours, il n’y aura plus que huit coureurs par équipe, contre neuf précédemment, et sept hommes par formation dans les autres épreuves, contre huit jusqu’à l’an passé. En clair, les pelotons du Tour, du Giro et de la Vuelta ne compteront plus que 176 concurrents, au lieu de 198, tandis que dans les autres épreuves, ce sont au maximum 175 coureurs, et non plus de 200, qui seront alignés. Cette diminution (de 11 et 12,5 %) va forcément engendrer moins de danger, de chutes et d’accidents, mais surtout elle devrait aussi débrider un petit peu le déroulement des courses et lui donner plus de suspense.
Qui va prendre le relais de Froome? Dumoulin et Porte, les dauphins
On sent bien que le cyclisme arrive à une charnière. Cette saison devrait permettre l’éclosion, le retour ou la confirmation de plusieurs spécialistes des grands tours. À leur tête, Tom Dumoulin qui, curieusement, a préféré tenter le doublé au Giro (photo avec Nibali) plutôt que de viser un premier succès au Tour. Le Néerlandais, il est vrai, y aurait été confronté à Richie Porte et à une très forte opposition puisque la possible absence de Froome ou sa participation au Giro donnent des ailes et des ambitions à ses rivaux. De toute façon, même s’il n’est pas suspendu, le Britannique pourrait bien trouver son ou ses maîtres sur les routes d’Italie puis de France. On suivra avec curiosité le degré d’efficacité du tandem de la Movistar constitué de Mikel Landa et Nairo Quintana. D’autant que les deux hommes pourront compter sur l’aide d’Alejandro Valverde. Pour Vincenzo Nibali et Romain Bardet, la saison 2018 sera aussi déterminante.
Philippe Gilbert réussira-t-il ses défis ? Encore une classique!
Transcendé par la dernière saison, sa première sous le maillot de la Quick Step, Philippe Gilbert entend poursuivre son incroyable moisson de grandes courses d’un jour. L’Ardennais qui a gagné pour la première fois le Tour des Flandres, dont il était privé chez BMC, et a remporté une nouvelle fois l’Amstel Gold Race, affiche l’ambition décomplexée de s’imposer dans les deux derniers monuments qui manquent à son incroyable palmarès : Milan-Sanremo et Paris-Roubaix. À 35 ans, l’ancien champion du monde pourra, dans la Primavera, compenser son explosivité un peu érodée par son expérience et un sens aigu de la course, tandis que dans la Reine des Classiques, qu’il n’a courue qu’une seule fois, il y a onze ans, Philippe Gilbert, arrivé au sommet de sa puissance, évoluera dans la meilleure formation possible, celle de Patrick Lefevere, le "sorcier" de Roubaix, pour rêver légitimement de pouvoir lever les bras sur le vélodrome. Néanmoins, plus encore que sur les pavés du Nord, où son passé de cyclo-crossman (il a fait partie de l’équipe nationale belge chez les juniors, à l’image de Peter Sagan) va l’aider, on le voit s’illustrer plutôt dans l’une des autres classiques du printemps et ajouter au moins une ligne de prestige à son remarquable palmarès. Du Circuit Het Nieuwsblad, qu’il a gagné deux fois et où l’on retrouvera, le 24 février, la finale de l’ancien Tour des Flandres avec le Mur de Grammont et le Bosberg, aux classiques ardennaises, les possibilités ne manqueront pas pour le Liégeois, nouvel homme fort de la Quick Step Floors après le départ à la retraite de Tom Boonen.
Greg Van Avermaet gagnera-t-il le Tour des Flandres? Oui, le Ronde, enfin!
"Un troisième succès consécutif au Nieuwsblad serait quelque chose de remarquable, je pense, mais je viserai surtout au printemps prochain à enlever les Strade Bianche, une course que j’apprécie vraiment, et, bien sûr, le Tour des Flandres. C’est la course de mes rêves qui plus est correspond totalement à mes caractéristiques." Greg Van Avermaet n’en démord pas, tant qu’il lui restera un souffle comme coureur, le Flandrien veut triompher dans "son" Ronde Van Vlaanderen. Pour la rubrique cyclisme, le succès du coureur de BMC à Audenarde est une totale certitude. Cela, dès ce printemps, même si lui-même se donne encore une chance lors des trois années à venir. Le n°1 mondial éprouvera sans doute des difficultés à conserver sa position en tête du classement mondial, à enlever une deuxième fois le WorldTour et à gagner quatre classiques pavées comme il le fit au printemps dernier. Mais, jusqu’ici, Greg Van Avermaet a passé un hiver nettement plus tranquille que le précédent (il souffrait d’une petite fracture au pied) et il a été rejoint par Jurgen Roelandts. Celui-ci, enfin libéré des responsabilités qui l’ont plutôt complexé qu’épanoui chez Lotto, devrait l’épauler très loin dans la finale des classiques flandriennes.
Peter Sagan gagnera-t-il un 4e titre mondial? En vert mais plus l’arc-en-ciel
La saison 2017 du Slovaque n’a pas été celle qu’il attendait, même si Sagan a réussi, fin septembre, l’exploit de remporter pour la troisième fois consécutive le maillot arc-en-ciel à Bergen, en Norvège. Exclu en juillet (à tort a finalement décidé l‘UCI) du Tour de France, le triple champion du monde fera tout, évidemment, pour conquérir un nouveau maillot vert sur la Grande Boucle. Un challenge où Michael Matthews semble le plus taillé pour lui mener la vie dure. Avant cela, Peter Sagan visera à remporter à nouveau une grande classique. Du Circuit Het Nieuwsblad à Paris-Roubaix, il peut toutes les gagner. Pas étonnant dès lors si l’unanimité se fait dans le vote de la DH : en 2018, le chef de file de Bora-Hansgrohe gagnera une ou plusieurs classiques et retrouvera le maillot vert sur les Champs-Élysées. Car, compte tenu de la difficulté du circuit d’Innsbruck sur lequel aura lieu le Mondial, il lui faudra sans doute un miracle pour redevenir à nouveau champion du monde. Mais avec ce diable de Sagan, tout semble toujours possible...
Quelles seront les révélations belges? Teuns, Naesen et Benoot...
Tom Boonen retraité, Philippe Gilbert engagé dans les dernières années de sa carrière et Greg Van Avermaet parvenu au sommet de son art, les coureurs des générations suivantes se doivent également de franchir un palier pour maintenir au firmament le cyclisme belge, n° 1 en 2017. Bien sûr, certains de ces coureurs sont déjà parmi les 50 ou 100 meilleurs du monde, mais il leur reste parfois la dernière marche à franchir pour rejoindre le véritable top mondial. Parmi la douzaine de nos coureurs qui patientent dans l’antichambre, bien plus que les autres, plusieurs devraient sortir cette saison si l’on en croit nos spécialistes. À commencer par Dylan Teuns, révélé par sa troisième place à la Flèche wallonne et son exceptionnelle série de succès au mois d’août. Pour Oliver Naesen, qui a déjà flirté avec le succès dans les classiques flandriennes, seule manque encore une grande victoire internationale. Pour Tiesj Benoot, c’est un premier succès qui devrait constituer le déclic, tandis que, s’il poursuit sa progression linéaire, Yves Lampaert ne sera plus très loin de l’élite en 2018. Sans oublier Tim Wellens, Jasper Stuyven ou Jens Keukeleire… Nous sommes aussi curieux de vivre la campagne des classiques printanières de Wout Van Aert et les débuts chez les professionnels du très prometteur Bjorg Lambrecht, porte-drapeau d’une promotion 2017 talentueuse dont on veut croire qu’elle nous donnera dans un avenir plus ou moins proche le ou les coureurs qui nous font défaut dans les grands tours et courses à étapes montagneuses.
Qui seront les rois du sprint ? Kittel devance Gaviria
Plus d’une course sur deux se termine aujourd’hui par un sprint plus ou moins massif et, dès lors, il n’est pas étonnant de retrouver les meilleurs sprinters du peloton parmi ceux qui ont inscrit le plus de succès à leur palmarès. La saison 2018 ne fera pas exception et elle pourrait bien confirmer définitivement un changement de génération. C’est en tout cas l’avis de nos spécialistes qui annoncent l’émergence définitive de Marcel Kittel et l’éclosion de Fernando Gaviria, devenu désormais son ancien équipier. Mark Cavendish et André Greipel ne sont plus les buteurs qu’ils étaient. Au Tour, Marcel Kittel leur a donné la leçon en s’imposant cinq fois, mais l’Allemand, par ailleurs en grande difficulté quand la route s’élève, a quitté Quick Step pour Katusha. Ce transfert, généré par l’argent, l’empêchera-t-il de confirmer son nouveau statut de roi du sprint ? Et Elia Viviani, pour lequel un train travaillera maintenant qu’il a quitté Sky pour Quick Step, va-t-il aussi franchir un palier ? C’est très possible. Par ailleurs, la plus jeune vague entend elle aussi bousculer la hiérarchie, emmenée par Fernado Gaviria, déjà au sommet, mais qui recense aussi Caleb Ewan ou Dylan Groenenwegen.
Alejandro Valverde égalera-t-il Eddy Merckx ? Une 6e Flèche
Victime d’une fracture du genou lors de la 1re étape du Tour de France 2017, Alejandro Valverde part dans l’inconnu, à 37 ans. Le Murcian est persuadé d’avoir récupéré de sa lourde chute, mais il va devoir attendre ses débuts en compétition car la blessure dont il a souffert n’est jamais anodine pour un sportif, pour un cycliste en particulier. Parmi les challenges que le dernier monstre sacré du cyclisme espagnol se lance, il y a celui de remporter une cinquième fois Liège-Bastogne-Liège. Une nouvelle victoire dans la Cité ardente permettrait à l’ancien n°1 mondial d’égaler le record de succès dans la Doyenne détenu par un certain Eddy Merckx. Revenu à son meilleur niveau, Alejandro Valverde en sera tout à fait capable, comme de remporter une nouvelle fois la Flèche wallonne au sommet du Mur de Huy où il n’a eu aucun rival ces dernières années. C’est d’ailleurs cela que nos journalistes prédisent.