Baptiste Ulens : "À six ans, je savais que je serais pompier"
Le joueur de Quévy-Mons a réussi sa reconversion professionnelle.
- Publié le 05-12-2018 à 11h00
- Mis à jour le 05-12-2018 à 11h02
Le joueur de Quévy-Mons a réussi sa reconversion professionnelle. S’il continue à parcourir les terrains de Wallonie et de Bruxelles, Baptiste Ulens n’est plus footballeur professionnel depuis un peu plus d’un an.
À 31 ans, il a la chance aujourd’hui d’assouvir sa seconde passion de jeunesse en ayant intégré le corps des sapeurs-pompiers de Mons. "Mon papa est pompier ici depuis 27 ans et c’était clair dans ma tête depuis que je suis tout petit. J’avais six ans et mon, but, c’était de devenir footballeur pro, en sachant que ça serait compliqué. Mais je me disais aussi que quand j’aurais passé les 30 ans, je deviendrais pompie r."
La passion pour le métier du feu et de l’assistance à autrui ne l’a jamais quitté, même lorsqu’il a pu réaliser son premier rêve. "J’ai signé mon contrat pro à 18 ans à Mons, avant de poursuivre ma carrière à Charleroi, au White Star, à Courtrai et à Tubize. On me définit souvent comme quelqu’un de réfléchi et je ne voulais pas me demander après ma carrière ce que j’allais bien pouvoir faire. Alors, à 22 ans, quand j’étais au White Star sous les ordres de Felice Mazzu, je passais les premiers tests pour devenir pompier. On me demandait pourquoi et je répondais que ça n’était pas pour tout de suite. J’ai passé ces tests, le permis camion, et j’étais prêt pour le jour où l’occasion se présenterait."
Et le Montois intégrait le centre de secours le… 11 septembre 2017. "J’avais reporté plusieurs fois mais là, on m’a dit que c’était maintenant ou jamais. J’étais le dernier de ma réserve à pouvoir rentrer. Comme c’était au moment du passage en zone, j’ai cherché avec mes collègues la bonne personne pour nous aiguiller. Jusqu’au jour où on m’a appelé et qu’on m’a dit : la semaine prochaine, tu rentres à Mons."
Et depuis, c’est le kiff total… "J’ai suivi les cours d’aide médicale urgente et d’ici la fin de l’année, j’en aurai terminé avec ma formation à l’école du feu. On a eu une initiation assez poussée pendant trois mois en caserne pour être prêt. Je suis épanoui aujourd’hui parce que j’ai suivi le chemin que je m’étais fixé. Même si j’avais évolué à Anderlecht et que je n’avais pas été dans le besoin de travailler aujourd’hui, j’aurais rejoint les pompiers. Pour reprendre une vie normale…"
Les liens du sang renforcés
Sur le plan humain, Baptiste Ulens a forcément ses craintes. “Tomber sur un proche en intervention, c’est bien évidemment une hantise, tout comme avoir à traiter des nouveau-nés ou des nourrissons. Tout le monde redoute ça. Tu dois agir de la même façon qu’avec une victime traditionnelle, rester dans ta bulle, mais c’est forcément compliqué.” Travailler à la caserne de Mons donne en tout cas l’occasion aux Ulens de se côtoyer davantage. “On n’est pas dans la même équipe et on se retrouve rarement en intervention ensemble, explique Damien, le papa. De toute façon, les responsables essaient de ne pas mettre les membres d’une même famille ensemble. Mais, quand on a l’occasion de faire un remplacement et qu’on est ensemble dans le camion, ça fait forcément très plaisir.”
Du plaisir, le paternel en prend donc. Et il est fier. “Pas plus du joueur de foot que du pompier. Je suis fier de ce qu’il est dans la vie, et donc notamment pour les deux aspects. Le fait d’avoir choisi le métier de pompier reflète sa mentalité : l’aide aux gens, l’écoute, l’esprit d’équipe.” Et le peu de temps qu’il lui reste, Baptiste le consacre à sa famille. À madame et au petit bout d’un an (et bientôt au deuxième, qui est en route). “Je n’ai pas envie de prendre le temps pour autre chose !”
Deux mondes assez proches
Même si on n’évolue plus au même rythme qu’en D1, combiner le foot et le métier de pompier, avec ses impératifs en termes de garde, n’est pas toujours aisé. “On se débrouille comme on peut mais comme les autres joueurs qui ont un boulot, je n’ai peut-être loupé que deux entraînements en six mois. J’ai la chance de pouvoir m’arranger avec des amis comme Sébastien Renuart, Jordan Mascolo ou Cédric Rossignol. Et puis, il y a mon père. Je le suis toujours dans les gardes et quand je vais à l’entraînement, il prolonge souvent sa garde pour me remplacer en attendant que j’arrive.”Les émotions sont aussi fortes d’un côté comme de l’autre. Peut-on vraiment ressentir la même chose que quand on sauve un ballon sur la ligne à la 90e ou qu’on marque un but ?
“Je vous assure que quand vous entendez l’alarme sonner à trois heures du matin et qu’on vous parle d’un incendie avec victimes à l’intérieur, vous sentez l’adrénaline monter. C’est clair que c’est complètement différent quand il y a des vies en jeu mais quand vous voyez les émotions que vous procurez aux supporters ou l’argent qu’on a investi sur vous, vous avez une autre forme de responsabilités.” À côté de cela, les deux mondes se rejoignent. “Surtout parce que d’un côté comme de l’autre, on forme une bonne bande de potes, de collègues.”
Et forcément que la déformation professionnelle est présente lorsque Baptiste arrive au foot.
“Les réflexes sont là et j’ai déjà été voir au stade où se trouvait le défibrillateur automatique. Je sais comment réagir en cas de problème, en mettant la victime en position latérale de sécurité ou en pratiquant un massage cardiaque. Dans ces cas-là, il y a toujours beaucoup de gens autour mais il faut savoir garder son calme. Mes coéquipiers m’interrogent parfois sur mes sorties et ça fait naître des vocations. À La Louvière, certains se sont déjà inscrits aux tests et à Mons, Alan Lericque semble assez intéressé.”