Rencontre avec le T2 de Seraing: "Je n’ai jamais pu choisir entre foot et boxe"
Patrick Tamburrini,T2 à Seraing, est un sportif averti, multidisciplinaire et triple champion de Belgique
- Publié le 27-09-2018 à 15h22
- Mis à jour le 27-09-2018 à 15h28
Patrick Tamburrini,T2 à Seraing, est un sportif averti, multidisciplinaire et triple champion de Belgique
Adjoint de Christophe Grégoire, Patrick Tamburrini (47 ans) a, jadis, été champion de Belgique de boxe. Entre autres.
Patrick, si le foot occupe une place importante dans votre vie, les sports de combat, et surtout la boxe, ont vos faveurs.
"Au foot, j’ai fait mes classes à Liège jusqu’en U21. J’y ai notamment côtoyé Varga, Ikpeba, Oliseh, Foguenne et Munaron, qui était mon idole, moi le fan d’Anderlecht. Avec Robert Waseige comme entraîneur. Les sports de combat, je les ai découverts vers 6-7 ans avec le judo. Je suis ensuite passé à la boxe français puis à l’anglaise."
Vous enfilez pourtant les gants assez tard…
"Je n’ai commencé qu’à 17 ans. Je me suis lancé dans ce sport par déception, trouvant dans le foot une forme d’injustice. J’y ai trouvé du réconfort et un truc qui me parlait. J’ai débuté à Jemeppe au Boxing Club de Jacky Scaglione, jadis entraîneur de Jean-Marc Renard. J’ai mordu directement."
Qu’est-ce qui vous plaisait dans le noble art ?
"J’ai trouvé dans la boxe énormément d’éléments qui me correspondaient : s’entraîner pour soi-même, suer, se faire mal… Mon idole était Mohamed Ali. Une fois, dans un documentaire, je l’ai entendu citer une formule qui est devenue ma devise. Il venait de courir une heure avant de déclarer : je suis mort, l’entraînement peut commencer. Lorsque je boxais 7-8 rounds à la salle, le coach mettait des gars frais tous les deux rounds pour me faire souffrir. Ce type d’exercices, j’en étais demandeur."
Ultra-motivé, vous avez aussi très vite progressé ?
"J’ai la faculté d’apprendre rapidement. J’ai disputé mon premier combat en 1990 et conquis le premier de mes trois titres de champion de Belgique en mars 1991. Grâce à 54 victoires en 60 combats (avec 3 nuls et 3 défaites), j’ai aussi décroché un titre de meilleur boxeur toutes catégories. Et une victoire, à Monaco, lors d’un tournoi avec l’équipe nationale."
On sent, aujourd’hui encore à travers l’enthousiasme de vos propos, une passion de la boxe.
"J’aime plus la boxe que le foot. Monter ainsi sur un ring en un contre un est, pour moi, un acte de grand courage. Le problème était que j’étais plus doué pour la boxe que pour le foot. Et le drame de ma vie est que je n’ai jamais su opérer un choix car j’aimais ces deux sports. J’y pense le moins souvent possible pour ne pas faire naître des regrets dans mon esprit…"
Quelles belles rencontres avez-vous vécu durant votre carrière de boxeur amateur ?
"J’ai croisé les gants avec Michel Berzigotti et Georges Hardy et été le sparring-partner de Johnny Miceli. J’ai aussi battu un Hollandais à Beyne-Heusay. Et même un Anglais surnommé… Boum Boum Tyson. Quand j’ai été le saluer dans son vestiaire, son visage était si tuméfié que je ne l’ai pas reconnu."
Lorsque l’on vous observe, on ne voit pas de séquelles de coups sur votre visage. Une recette ?
"La boxe de guerrier ne me correspondait pas. J’ai trouvé mon identité en m’inspirant d’Ali et de Chris Eubank. J’étais rapide et efficace. Ma boxe était basée sur le contre, je faisais tout pour donner un maximum de coups, sans en prendre. Ce qui explique que je n’ai pas une tête de boxeur."
Vous n’êtes jamais passé pro ?
"J’ai signé un contrat pro. Mais quand je voyais l’investissement que cela demandait pour le peu de rendement financier, j’ai préféré continuer en amateur."
Nourrissez-vous des regrets par rapport à cette période ?
"Disons qu’à recommencer, je me serais exilé en France, en Italie, au Mexique ou aux États-Unis. J’ai battu des champions car j’étais un boxeur doué. Je suis peut-être passé à côté de la montre en or…"
Boxez-vous encore aujourd’hui ?
"Oui, je travaille au sac. J’en ai besoin pour évacuer le stress. Avec certains gars de la caserne à Rocourt, on fait de temps en temps l’un ou l’autre round. Je les envoie tous sur leur cul (rires)."
“Adjoint ? Contre ma nature”
Un tel tempérament ne correspond pas vraiment avec un poste de T2 ! “Être adjoint est contre ma nature. Dans mon métier de militaire aussi, j’ai toujours été adjoint de section, mais avec des responsabilités.” Cependant, pas question de mettre des bâtons dans les roues de Christophe Grégoire. “On travaille en harmonie, en tenant compte des avis de l’autre. Nous formons un excellent binôme et je le respecte à 200 %. Oui, il est possible que j’aie envie de voler de mes propres ailes un moment. Mais jamais je ne lui ferai un enfant dans le dos.”
Reculer, un mot banni
Son caractère bien trempé, on le retrouve à travers un terme qu’il s’interdit absolument. “Reculer est un mot banni de mon vocabulaire. Que ce soit en foot, en boxe, dans mon métier ou dans la vie de tous les jours. L’inconvénient est que je ne calcule peut-être pas toujours les risques.” Et le Sérésien de citer un exemple. “Lors d’une mission en Afghanistan, je me suis retrouvé face à un soldat tadjik braquant une kalachnikov sur moi. On a discuté, mais je n’ai jamais effectué un pas en retrait, c’était inconcevable pour moi. Il a fini par baisser son arme.”
“Contre les Diables de Van Himst”
En tant qu’international militaire, Tambu a croisé la route de Nilis, Degryse… Militaire de carrière, Patrick Tamburrini, passé par Waremme, Huy, Faymonville, Montegnée, Herstal, Ferrières et Hamoir, a aussi été international en foot. “J’ai joué en D1 et D2 en salle. Mais aussi été international militaire. Période durant laquelle nous avons notamment joué contre les Diables Rouges coachés par Paul Van Himst. Et où jouaient Nilis, Degryse, Preud’homme, Bodart, Verheyen…”
Et l’ancien défenseur central de résumer sa… vie. “J’ai toujours eu la chance d’avoir mon épouse comme première supportrice et mes supérieurs à l’armée m’ont toujours soutenu. De plus, j’ai eu la chance de m’épanouir dans tout ce que j’ai fait : j’ai voulu être boxeur, je l’ai été ; j’ai voulu faire du foot, j’en ai fait et j’ai toujours voulu être militaire, je le suis encore aujourd’hui.”
Cerise sur le gâteau, Tambu a même pu tout combiner.
“Lorsque je jouais au foot, je boxais parfois le vendredi et je jouais le dimanche avec Huy. Avec, parfois, un cocard, c’est vrai… Mais, là aussi, j’ai toujours eu la chance d’avoir les entraîneurs derrière moi.”