Paul Armand Niankou est le globe-trotter du RFC Liège: "J’ai toujours tracé ma route"
À 28 ans, Paul Armand Niankou, médian ivoirien du RFC Liège, a passé la moitié de sa vie à voyager.
- Publié le 12-12-2018 à 15h32
- Mis à jour le 13-12-2018 à 16h18
À 28 ans, Paul Armand Niankou, médian ivoirien du RFC Liège, a passé la moitié de sa vie à voyager. "Il faisait froid. C’était en février. J’avais 14 ans et j’ai découvert l’Europe. Tout seul."
Ainsi s’exprime Paul Armand Niankou, le médian ivoirien du RFC Liège. Son histoire mérite d’être contée, car elle permet d’ouvrir les yeux sur le parcours semé d’embûches rencontré par de nombreux joueurs.
Paul Armand, expliquez-nous comment tout a commencé.
"Quand j’ai quitté mon pays à 14 ans, c’était au départ pour rallier Auxerre. Puis je me suis finalement retrouvé à Bruxelles. J’ai intégré l’école des jeunes d’Anderlecht avant de signer au Brussels. C’est là que j’ai connu ma première… faillite. Je suis alors resté un an sans jouer."
Puis vous avez repris votre bâton de pèlerin.
"J’ai passé un test avec Francfort lors d’un amical contre une équipe polonaise, qui m’a repéré. J’ai hésité puis j’ai accepté cette offre de Koszalin, qui évoluait en D1. J’avais 21 ans. Cela n’a pas été simple car j’ai été confronté au racisme là-bas, mais je m’y suis forgé une carapace."
Et la Belgique est revenue sonner à votre porte…
"À Boussu-Dour, alors en D2, j’ai réalisé une très bonne saison sous les ordres d’Arnauld Mercier. Mais le club est là encore tombé en faillite. Je vivais uniquement des primes de match quasiment, car je n’avais pas de contrat. Du coup, j’ai été mis sur le côté lors de la reprise du matricule par Seraing. Je suis à nouveau demeuré six mois sur la touche."
L’aventure au White Star a alors démarré !
"J’avais une offre de Saint-Trond mais je voulais me rapprocher de ma famille et de mon pote Moussa Traore, qui évoluait au White Star. Et le projet de John Bico m’a plu. Nous avons été champions en D2 et puis le club a sombré alors que je pensais que ma carrière allait prendre une autre tournure avec ce titre. C’est incroyable tout ce qui m’est arrivé, mais je suis très croyant et c’est la volonté de Dieu… Financièrement, cela a parfois été très compliqué. Je n’ai sans doute pas toujours rencontré les bonnes personnes."
Et votre galère n’était pas encore terminée…
"Seraing est arrivé avec là aussi un projet intéressant, mais les Métallos ont alors été privés de recrutement ! Je m’y suis entraîné sans pouvoir jouer. Je suis un compétiteur et j’avais besoin de disputer des rencontres. Visé m’a soumis une très belle proposition et je suis parti.
Le silence face à la honte
Comme Giargiana, Kabeya ou Bangoura, il a aussi dû faire face cette saison à des propos scandaleux, mais d’un joueur ! “C’était à Dender. Il m’a traité de macaque et de bamboula et m’a dit d’aller manger des bananes. Je me suis mis face à lui et je l’ai regardé dans les yeux. J’ai vu qu’il était aussi d’origine… africaine. Et je n’ai rien dit. On répond aux imbéciles par le silence. Après la rencontre, il est venu me trouver pour m’expliquer qu’il avait reçu comme consigne de m’énerver (sic), car il fallait tout faire pour me mettre hors du match. Je lui ai alors dit qu’il n’avait rien compris à la vie…” Avec son vécu et son talent, Paul Armand Niankou peut apporter énormément au RFC Liège, c’est une évidence.
“Je demande encore pardon à Visé”
Le médian s’en veut toujours d’avoir abandonné les Oies de la sorte. “Guy Thiry avait consenti un gros effort pour m’attirer, mais je ne pouvais pas refuser l’offre que j’ai reçue du Koweït. Ce fut humainement très difficile pour moi et je demande encore pardon à Visé. J’ai pu en parler avec le président et avec Stéphane Huet, qui m’a dit que la page était tournée, mais je peux assurer que je ne voulais pas faire de mal à Visé.” On sent beaucoup de sincérité dans les propos du joueur, qui n’aura joué que quatre rencontres pour les Oies, avant de rejoindre les Émirats durant sept mois et de rentrer dans son pays d’adoption, à Liège. “Je pouvais rester au Koweït, mais je suis revenu pour ma famille avant tout. J’ai une fille de 7 ans et ma compagne Anaïs compte énormément pour moi. Sans elle, je ne pense pas que j’aurais pu surmonter tout ce qui m’est arrivé. Elle m’a transmis sa foi. Je prie beaucoup pour remercier le Seigneur.” Car désormais, tout va bien pour lui. “Par la grâce de Dieu, j’ai enfin trouvé un club sain et bien structuré. Je pouvais signer à Tubize, mais je suis heureux d’avoir choisi Liège, avec les conseils de mon agent Noureddine Zaiour.”
Où les bons résultats s’enchaînent… depuis que le numéro 8 est de retour. “Je me suis blessé contre Audenaerde, mais c’est du passé. Nous formons un groupe très soudé et c’est la clé de nos bonnes performances actuelles. Sans oublier l’impact de ce fabuleux douzième homme. Quand tu ressens l’enthousiasme de nos supporters, tu ne peux que mouiller le maillot pour eux !”
À 28 ans, il a encore tout l’avenir devant lui. “Je peux encore évoluer plusieurs saisons à un bon niveau. Et j’espère aider Liège à atteindre le rang qu’il mérite.”