De Charleroi à Madagascar !
Jérémie Guilmin, après le foot en provinciales, vit une sacrée aventure, grâce à son métier d’ingénieur industriel.
- Publié le 14-11-2018 à 11h34
- Mis à jour le 14-11-2018 à 11h35
Jérémie Guilmin, après le foot en provinciales, vit une sacrée aventure, grâce à son métier d’ingénieur industriel. À 36 ans, Jérémie Guilmin a quitté les terrains boueux de football pour vivre à… Madagascar. Mais cette phrase est un raccourci plutôt grossier de l’histoire que vit l’ancien joueur de P1. L’espace d’un coup de téléphone, La DH a pu parcourir plus de 8 730 kilomètres pour une page d’Allô, tu fais quoi ? qui s’internationalise !
Jérémie, comment vous êtes-vous retrouvé à Madagascar ?
"Pour le travail. J’ai changé de métier. Dans mon nouveau défi, je devais partir vivre en Afrique de l’Est. Je suis responsable de production pour une usine qui transforme l’huile essentielle de girofle. Je suis ingénieur industriel en chimie. On m’a contacté via Linkedin. J’ai accepté de tenter l’aventure."
C’est une mission de plusieurs mois ?
"Cela peut continuer un comme dix ans. Il n’y a pas une durée définie. Je vis là-bas depuis six mois. Je m’y sens bien."
Vous n’avez pas le mal du pays ?
"Sincèrement ? Non. J’ai 36 ans, je n’ai pas d’attaches. C’était le moment pour moi de vivre cette aventure. Elle est intéressante sur le plan professionnel et culturel. J’en profite au maximum, même si les journées sont très longues."
Y-a-t-il de gros changements par rapport à l’Europe ?
"C’est un autre monde. Au niveau professionnel, si vous avez besoin de matériel, il faut compter avec de grands délais. Tout arrive par bateau, la plupart du temps."
Quel est votre cadre de vie ?
"J’habite à vingt mètres de la mer. C’est magnifique. Le climat est agréable. Il fait chaud et humide."
Et la pauvreté ?
"Elle fait partie du quotidien pour la majorité des habitants. On ne peut pas y être insensible. Cela est frappant. Mais il faut composer avec."
Où êtes-vous précisément ?
"Je suis à Tamatave, c’est au Nord-Est de Madagascar."
Vous êtes le seul expatrié ?
"Non. Il y a d’ailleurs de nombreux étrangers, ici. Certains viennent pour travailler, d’autres pour des missions. Et il y a également quelques personnes qui viennent y chercher autre chose."
Vous y parlez l’anglais ?
"Madagascar est une ancienne colonie française. Si le malgache est la langue principale, dans la société, les employés parlent en français. Il y a également parfois un peu d’anglais."
Vous n’êtes pas dépaysé…
"C’est une autre vie. Mais je me suis bien acclimaté. Il y a des compatriotes qui vivent ici et de nombreux Français. Je vous envoie quelques photos."
Un ultra-trail à la Réunion
Jérémie Guilmin a su garder la ligne après sa carrière de joueur de football. Pour ceux qui s’en souviennent, l’ancien zébrion a porté les couleurs de quelques clubs connus de la région. “À 17 ans, j’ai joué au Standard de Châtelet, en P2. Puis, j’ai terminé mes études. J’ai repris le football au Sporting de Châtelet. On a décroché le titre en P2. Ce qui m’a permis de jouer deux saisons en P1. J’ai continué avec trois années à Solre-sur-Sambre, avec Michel Errico et un nouveau titre de P2. J’ai rejoint Anderlues, avec lequel j’ai disputé un test-match incroyable pour une nouvelle montée en P1. C’était à Trazegnies, face à Farciennes, il y avait plus de 1 500 spectateurs. J’ai terminé ma carrière à Gosselies, avec Michel Errico. J’avais des soucis de dos, à l’âge de 31 ans.”
Malgré tout, l’homme n’est pas resté inactif. “J’ai repris la course à pied et le VTT. L’année dernière, j’ai même participé à mon premier marathon. C’était à New York, une expérience inoubliable.”
À Madagascar, l’ancien joueur ne tape plus la balle, mais il n’a pas fait une croix sur le sport. “Je m’entraîne trois à quatre fois par semaine. J’effectue des sorties. Le plus souvent, je vais courir le long de l’eau. C’est fantastique. J’ai également mon VTT avec moi.”
Ce qui lui a permis de faire d’un inconvénient, un avantage. “Ici, les accès sont difficiles. Pour faire 70 kilomètres en voiture, tu peux mettre quatre heures. Par contre, pour la pratique du VTT, c’est une aubaine. Tu peux profiter d’un beau dénivelé et d’un terrain de jeu verdoyant.”
Madagascar est à une heure d’avion de l’île de la Réunion. “Le trail y est très populaire. Je vais me lancer comme défi, pour l’année prochaine, la participation à un ultra-trail. Il ne me reste plus qu’à m’entraîner.”
Tamatave et son trésor
Dans un reportage de décembre 2016, Pierre Lepidi évoque la filière du clou de girofle dans les colonnes du journal Le Monde. Pour la composition d’arômes et de parfums, la fleur du giroflier est très prisée. Madagascar est parmi les principaux exportateurs et producteurs de cette denrée. Dans la province de Tamatave où vit Jérémie Guilmin se trouve Analanjirofo qui signifie – traduit du malgache – la région des clous de girofle.
“C’est un bien précieux ici, explique notre interlocuteur. Je travaille pour une entreprise qui isole l’eugénol de l’huile essentielle de ce bouton. C’est ce qui est utilisé pour la fabrication de différents produits de consommation notamment.”
Tamatave occupe une position intéressante. “Il y a un port. Cela favorise l’import et l’export. C’est une des plus grosses villes du pays.”